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VENDEUR de Sylvain Desclous : la critique du film

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vendeur_filmnote 1.5 -5
Nom : Vendeur
Père : Sylvain Desclous
Date de naissance : 2015
Majorité : 04 mai 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h29 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique

Livret de famille : Gilbert Melki, Pio Marmai, Pascal Elso, Clementine Poidatz, Sara Giraudeau, Christian Hecq, Serge Livrozet, Romain Bouteille…

Signes particuliers : Un premier film plein de bonnes intentions. Si seulement cela suffisait…

A BOUT DE SOUFFLE

LA CRITIQUE

Résumé : Serge est l’un des meilleurs vendeurs de France. Depuis 30 ans, il écume les zones commerciales et les grands magasins, garantissant à ses employeurs un retour sur investissement immédiat et spectaculaire. Il a tout sacrifié à sa carrière. Ses amis, ses femmes et son fils, Gérald, qu’il ne voit jamais. Et sa santé. Quand Gérald vient lui demander un travail pour financer les travaux de son futur restaurant, Serge hésite puis accepte finalement de le faire embaucher comme vendeur. Contre toute attente, Gérald se découvre un don.vendeur_film_3L’INTRO :

Pour son premier film au cinéma après un passage par l’exercice très formateur du court-métrage, le réalisateur Sylvain Desclous a choisi de s’intéresser au monde des vendeurs. Pas tant ceux qui exercent cette profession dans une optique alimentaire, mais plutôt les « vrais » vendeurs, ceux qui ont une haute opinion de leur métier, ceux qui le considèrent comme un véritable don cultivable, ceux qui en connaissent les moindres ficelles, ces gens ambitieux prêt à tout pour vendre, quoiqu’ils vendent, véritables renards rusés et fins psychologues, armés de mille et une tactiques pour parvenir à leurs fins. Et pour mieux explorer cet univers si singulier, Sylvain Desclous a choisi de se focaliser plus précisément sur ces vendeurs que l’on qualifie « d’extras », sorte de sur-vendeurs rouleurs de mécanique non-salariés d’un magasin spécifique mais plutôt employés itinérants sillonnant les points d’une enseigne pour aller prodiguer leurs talents aux quatre coins de la France, en quête de challenges, de chiffres et de performances. Mais au-delà du simple portrait d’une profession, le réalisateur d’avoir voulu surtout, aborder la solitude profonde de ces hommes aussi à l’aise dans le contact avec leurs clients que terriblement désabusés et en échec dans leur vie personnelle, ce que le film illustrera en basculant du côté de la comédie dramatique filiale avec un rejeton qui ne veut pas devenir comme son paternel mais qui met un doigt dans l’engrenage… Alors que Gérard Lanvin avait été un temps sur le projet, c’est finalement à un Gilbert Melki à contre-emploi que Desclous à confier le premier rôle de ce drame psychologique, associé à Pio Marmai.vendeur_film_5L’AVIS :

L’enfer est (souvent) pavé de bonnes intentions a t-on coutume de dire. Et Vendeur en est la plus parfaite démonstration à l’écran. De bonnes intentions de départ, mais conduisant bien regrettablement le spectateur vers un calvaire cinématographique. Le problème du film de Sylvain Desclous, c’est que le chemin suivi par son modeste effort est truffé de mines antipersonnel qui font inlassablement exploser l’effort entrepris jusqu’au bout de ses pourtant courtes 90 minutes. Il n’y a pas un cliché dans lequel Vendeur ne met pas les pieds tout au long de sa progression, avec cette désagréable sensation de le voir faire sauter une à une avec perte et fracas, toutes ses bonnes idées initiales. Reprenant à son compte l’éternelle structure à trois temps de l’ascension, chute et rédemption, pour l’importer dans le monde qu’il contemple avec curiosité, intérêt et pertinence, le cinéaste creuse sa tombe à sans cesse plomber son geste par de l’attendu, que de l’attendu, et encore de l’attendu. On voit tout venir, tous les passages obligés sont empruntés et Vendeur finit par ennuyer terriblement avec son drame filial ampoulé, aussi en retard sur son temps que sur son propos.vendeur_film_6L’échec de Vendeur est d’autant plus dommage que Sylvain Desclous avait su associer à son portrait, des thématiques intéressantes incarnées par un Gilbert Melki méconnaissable en « tueur de la vente » aussi séduisant par devant qu’il ne peut se révéler fantomatique par derrière. Deux personnes cohabitent dans ce cinquantenaire qui a conquis les cimes de son milieu. Le vendeur brillant au talent reconnu, capable de charmer, de retourner n’importe quelle situation à son avantage, véritable requin aux stratégies presque drolatiques de cynisme. Dans l’ombre, l’homme seul, sillonnant la France dans sa BMW sans radio, trompant son misérabilisme affectif dans l’alcool, la drogue et les prostitués. Mais l’acteur en démonstration se voit contraint de surnager dans un long-métrage lardé de faiblesses criantes.vendeur_film_4De son écriture affirmant un point de vue mais sans se dénicher un réel écho social à un scénario incapable de dépasser son idée première pour embrasser une véritable épaisseur, en passant par un regard cyclothymique à la peine dans le mariage des tons recherché, Vendeur cumule les faux pas, tant dans son écriture que dans sa mise en scène erratique à l’image d’un style lourd et démonstratif, d’un montage en souffrance, d’une absence de caractère fort ou d’une bande originale agaçante reprenant bien mal la déconstruction musicale violente du A Bout de Souffle de Godard (sans le vouloir, dixit son auteur). Intermittent du rythme, à l’image de ses comédiens étonnamment bons ou cabotins selon les scènes, Vendeur est un film que l’on sentait inspiré sur le papier, mais qui ne parvient pas à se mettre adroitement en scène au moment de l’acte. On voudrait aimer le film de Sylvain Desclous car il semble sincère, mais son sujet pâtît bien souvent de son approche entre intelligence des intentions et facilité simpliste. Ce n’est qu’en pointillé que sa valeur se dessine, mais le résultat demeure trop insuffisant et agace plus qu’il ne séduit. On en retiendra au moins la courte scène avec Romain Bouteille, une parenthèse hors du film, mais tellement hilarante. Pour le reste, Vendeur est fade, brouillon, et manque de talent.

LA BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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