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SHANG-CHI ET LA LÉGENDE DES DIX ANNEAUX de Destin Daniel Cretton : la critique du film

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Carte d’identité :

Nom : Shang-Chi and the Legend of the Ten Rings
Père : Destin Daniel Cretton
Date de naissance : 2020
Majorité : 1er septembre 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h12 / Poids : NC
Genre : Super-héros, Action, Fantastique

Livret de Famille : Simu Liu, Awkwafina, Tony Leung Chiu Wai, Michelle Yeoh, Meng’er Zhang, Florian Munteanu, Benedict Wong, Ben Kingsley…

Signes particuliers : Un bon Marvel, pas parfait mais frais et divertissant.

 

 

UN MARVEL ASIATIQUE

NOTRE AVIS SUR SHANG-CHI ET LA LÉGENDE DES DIX ANNEAUX

Synopsis : Shang-Chi va devoir affronter un passé qu’il pensait avoir laissé derrière lui lorsqu’il est pris dans la toile de la mystérieuse organisation des dix anneaux.

 

Ce n’était certainement pas le Marvel le plus attendu de l’histoire, du moins pas de notre côté du globe. En Chine, fort à parier que le discours n’est pas le même. Car comme Black Panther avant lui, Shang-Shi met en avant une autre communauté que la blanche Amérique. Les asiatiques ont toujours connu une terrible sous-représentativité à Hollywood allant du whitewashing d’un temps à une certaine discrétion qui perdure encore aujourd’hui. Avec Shang-Shi, la communauté asiatique se retrouve au cœur d’un gigantesque blockbuster plein de muscles, d’effets spéciaux et de visibilité marvellienne. En réalité, on peut même souhaiter la bienvenue au premier super-héros asiatique star de l’univers Marvel.

Deuxième film de la Phase IV et 25ème long-métrage du studio super-héroïque, Shang-Shi et la Légende des Dix Anneaux est l’œuvre de Destin Daniel Cretton, jusqu’ici connu pour ses drames avec Brie Larson (States of Grace et Le Château de Verre) ou le biopic judiciaire La Voie de la Justice avec Michael B. Jordan. Si l’entame prend racine sur le bon vieux sol américain, le film transporte très rapidement son action dans la Chine aux multiples légendes. Celle de Shang-Shi s’y insère parfaitement tant elle épouse les codes des histoires ancestrales locales qui ont pu faire le bonheur du cinéma chinois de la grande époque des Tsui Hark et autres Ching Siu-tung.

Dire que Shang-Shi et la Légende des Dix Anneaux est d’une incroyable originalité serait un bien grand mot tant on reconnaît très vite en filigrane, les codes classiques de tout Marvel qui se respecte (ou non), de la mise en place de l’histoire au côté « buddy movie » permettant l’assemblage classique spectacle-initiation-action-humour. Néanmoins, à défaut d’une folle originalité dans l’écriture, somme toute très proche de la recette narrative, Shang-Shi souffle quand même une certaine fraîcheur. Parce qu’il s’éloigne de la traditionnelle Amérique ? Parce qu’il reprend à son compte une autre culture ? Parce qu’il introduit de nouveaux personnages dans la galaxie Marvel ? Probablement un bon gros mélange de tout cela. Un mélange qui finalement fonctionne plutôt bien malgré des défauts évidents.

Première bonne chose de faite, Shang-Shi construit et filme bien son histoire. Et l’on aurait presque envie de dire que c’est la base d’une réussite. Derrière l’aspect super-héroïque, les fondations du film vont puiser leurs sources dans une histoire terriblement tragique, celle d’une famille qui se déchire faute d’avoir su gérer un deuil éprouvant où tout le monde a sombré entre fuite, remords, colère et folie. En tant que drame familial nourri par des personnages intéressants, Shang-Shi se tient et pose des bases intéressantes pour ensuite déployer sa quête de spectacle massif qu’il va orchestrer selon cette recette précédemment évoquée mélangeant tous les ingrédients d’un pur Marvel. Capable d’émotions, de rires, d’intensité ou d’émerveillement, le film de Destin Daniel Cretton trouve sa voie même si une analyse filmique approfondie trahira très vite une formule aseptisée faussement intelligente, d’autant plus dès que le film sort son attirail de CGI pour balancer des scènes de blockbuster bodybuildé. Mais reste que le scénario a ses qualités et que la mise en scène est soignée, pleine de fougue et parfois même d’un peu de créativité.

L’autre vrai bon point à mettre à l’actif du film de Destin Daniel Cretton est cette volonté d’avoir vraiment repris les codes du cinéma « fantastique » chinois. Par moments, on se prêterait même à croire que l’on est devant du Tsui Hark à la sauce Marvel (traduction avec des moyens démesurés). Car Shang-Shi, via son auteur, ne se contente pas de planter un regard d’américain sur la culture asiatique, il fait l’effort de l’embrasser, de la respecter, de se connecter à elle plutôt que de se l’approprier pour la retravailler à sa sauce. Dans la manière de raconter les légendes, dans l’élaboration des décors qui en appellent à Zhang Yimou ou Ang Lee (les références citées par la chef déco Sue Chan) et dans les chorégraphies martiales plutôt bien imaginées, découpées et filmées, tout participe à faire de Shang-Chi un vrai spectacle à la chinoise sans pour autant se couper du très autocentré public américain. L’équilibre est bon et il mène le film à bon port dans son grand écart entre du Donnie Yen et de l’Avengers.

Pour finir, on reconnaitra enfin à ce Shang-Shi un vrai supplément d’âme, exactement ce qui faisait cruellement défaut au récent (et trop fonctionnel) Black Widow. Il s’incarne surtout dans des interstices, dans ces moments où le film trouve un fragile équilibre entre le drame, le film martial, le conte fantastique et le pur spectacle dantesque.

Clairement, Shang-Shi et la Légende des Dix Anneaux ne s’impose pas comme un immense film. Il ne renouvelle pas Marvel, il n’invente rien, il demeure assez inoffensif et il n’échappe pas à quelques boitements, comme des longueurs dans un léger ventre mou central, certains personnages secondaires au traitement fadasse ou un final qui déborde d’effets spéciaux à outrance au point de larguer toute personnalité dans le déluge de SFX. Mais sur le spectromètre Marvel, cette virée asiatique ne manque pas de cœur, d’entrain et de belles scènes (les combats musclés de Simu Liu ou ceux plus gracieux de l’éternelle Michelle Yeoh, l’imaginaire du village de Ta Lo, la détresse aveuglante de Tony Leung). Et l’on passe un bon moment en voyant s’emboîter ce nouvel arc dans la machine générale du MCU. Car oui, il y a des renvois, des ponts qui se dessinent et des scènes post-générique pour les planter. De quoi donner un avenir à Shang-Shi en espérant qu’il ne s’y perde pas. Et d’ailleurs, et si l’on en confiait la vision à un Tsui Hark justement, histoire d’avoir un vrai regard et un truc franchement nouveau ?

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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