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LA TERRE DES HOMMES de Naël Marandin : la critique du film

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Carte d’identité :

Nom : La Terre des Hommes
Père : Naël Marandin
Date de naissance : 2020
Majorité : 25 août 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h36 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Diane Rouxel, Finnegan Oldfield, Jalil Lespert, Olivier Gourmet…

Signes particuliers : Riche, subtil et parfaitement interprété.

 

 

L’EMPRISE DES HOMMES

NOTRE AVIS SUR LA TERRE DES HOMMES

Synopsis : Constance est fille d’agriculteur. Avec son fiancé, elle veut reprendre l’exploitation de son père et la sauver de la faillite. Pour cela, il faut s’agrandir, investir et s’imposer face aux grands exploitants qui se partagent la terre et le pouvoir. Battante, Constance obtient le soutien de l’un d’eux. Influent et charismatique, il tient leur avenir entre ses mains. Mais quand il impose son désir au milieu des négociations, Constance doit faire face à cette nouvelle violence.

Encore un film sur le monde agricole en crise (après Petit Paysan, Normandie Nue, Au Nom de la Terre, Revenir, La Nuée et quantité de documentaires). Certes. Sauf que La Terre des Hommes est différent en cela qu’il ne se résume pas à ce seul sujet. Dans un langage d’informaticien, on dirait que le film de Naël Marandin est comme certains processeurs d’ordi, bicoeur. Il peint le portrait de jeunes agriculteurs en difficulté dans un monde rural en souffrance où paradoxalement l’entraide n’est pas forcément de mise entre anciennes et jeunes générations. Mais ce sujet opère finalement comme une toile de fond, très présente certes, mais devant laquelle Marandin s’attarde surtout sur un autre thème (très à la mode lui-aussi), celui de l’emprise masculine et du harcèlement sexuel par abus de pouvoir. A l’heure des conséquences du mouvement #MeToo, La Terre des Hommes résonne.

Deux sujets forts coexistent et parfois, on ne comprend pas très bien lequel des deux est le dominant. Aucun diront certains, ils sont aussi importants l’un que l’autre. Soit. L’ennui, c’est que La Terre des Hommes ne creuse pas toujours bien en profondeur les sillons labourés par ses deux thématiques qui réclament chacune beaucoup de place. Mais au jeu du décryptage approfondi, c’est clairement du côté du récent Slalom avec Noé Abitta et Jérémie Renier que tend le film, le monde du ski étant ici remplacé par le milieu agricole. Comme dans le drame de Charlène Favier, Naël Marandin décrypte un mécanisme d’emprise effrayant qui s’insère subtilement dans une réalité sociale perméable et sujette à l’écrasement. Parce qu’elle est fragilisée par une détresse professionnelle, parce qu’elle a besoin d’une main tendue, Constance (formidable Diane Rouxel) fait confiance à un ami, un potentiel « sauveur », lequel va en profiter. Sans forcément réaliser la portée de ses actes ? Le doute est permis devant les agissements de Sylvain (Jalil Lespert) et c’est ce qui rend La Terre des Hommes intéressant, comme Slalom avant lui. Il n’impose pas le viol, il sous-entend l’exploitation d’une faiblesse. Le viol y est presque indirect, quasi « improuvable » car la frontière entre le consentement et la soumission par peur est si infime… C’eût été trop évident et il ne s’agit pas ici de dénoncer le viol manifeste mais l’abus de position dominante, plus trouble insidieux où les deux.

Dire que La Terre des Hommes est un film important dans le contexte actuel serait un bien grand mot. Son sujet l’est, sans aucun doute. Le traitement de Naël Marandin un peu moins car il n’injecte que rarement à son effort une puissance qui transcenderait sa question pour en faire un film majeur.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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