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LES AILES de William Wellman
Critique – Ressortie Ciné

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note 9 -10
Carte d’identité :
Nom : Wings
Père : William Wellman
Date de naissance : 1927
Majorité : 05 novembre 2014
Type : Ressortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h20 / Poids : 2 M$
Genre : Romance, Guerre

Livret de famille : Clara Bow (Mary), Charles Buddy Rogers (Jack), Richard Arlen (Dave), Jobyna Ralston (Sylvia), El Brendel (Schwimpf), Richard Tucker (Commandant), Gary Cooper (White)…

Signes particuliers : L’un des premiers blockbusters de l’histoire du cinéma, le premier film à avoir reçu l’Oscar du meilleur Film, l’un des premiers rôles de Gary Cooper, le premier gros films de William Wellman, le premier film à avoir mis autant de moyens sur un tournage… Les Ailes est un film qui cumule les faits historiques. Mais c’est surtout un chef d’oeuvre cinématographique toujours aussi sensationnel plus de 85 ans après sa confection.

LES AILES DU DÉSIR

LA CRITIQUE

Résumé : Jack Powell est un jeune Américain qui ne rêve que d’une chose : s’envoler dans les airs. Sa voisine Mary est follement amoureuse de lui, mais lui préfère la jolie Sylvia… laquelle n’a d’yeux que pour le séduisant David Armstrong. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, les deux garçons décident de s’enrôler dans l’Air Force. De son côté, Mary rejoint la Women’s Motor Corps, espérant retrouver son grand amour parti combattre sur le sol français. D’abord méfiants l’un envers l’autre, Jack et David deviennent bientôt inséparables, unis pour le meilleur comme pour le pire face aux atrocités de la guerre…wings main  L’INTRO :

Classique du cinéma muet réalisé par l’illustre William Wellman, alors au début d’une riche et prolifique carrière (on entend par « début » qu’il s’agit là de l’un de ses premiers gros longs-métrages après une dizaine de moyens-métrages muets), Les Ailes est entré dans l’histoire du septième art pour de multiples raisons, parmi lesquelles le fait d’avoir été la toute première œuvre cinématographique à recevoir l’Oscar du Meilleur Film à la création de la Cérémonie en 1929. Tourné en 1927, Les Ailes s’imposait à l’époque comme une superproduction audacieuse, fresque mélodramatique de 2h20 sur fond de Première Guerre Mondiale, soutenue par l’Armée américaine, et dont le projet avait initié par un ancien pilote de guerre. Le sujet était alors en vogue alors que le monde commençait à « digérer » cette sombre période passée. Deux ans auparavant, la MGM avait triomphé avec La Grande Parade de King Vidor et l’année précédente, la Fox avait suivi avec Au Service de la Gloire de Raoul Walsh. A la recherche d’une réponse, la Paramount voyait dans l’idée d’être les premiers à tourner un film sur l’aviation américaine, la possibilité d’un spectacle inédit. D’où le choix de Wellman, qui malgré sa faible notoriété au sein du studio (2 films tournés pour la Paramount), aura su convaincre de par son expérience de pilote militaire et cascadeur aérien. Devant la caméra, le studio mît en avant la star Clara Bow, figure sexy du cinéma muet, entouré de deux acteurs novices, Buddy Rogers (comédien qui fera partie de la vague qui aura eu du mal à survivre à la fin du muet) et Richard Arlen. Notons la présence, dans un rôle secondaire, d’un jeune gars aux yeux bleus perçants : Gary Cooper, dont la brève prestation sera marquante.57278L’AVIS :

Si l’on pourrait évoquer certains Griffith (Naissance d’une Nation ou Intolérance), le Cabiria de Pastrone et quelques autres films de cet acabit pour débattre et nuancer l’affirmation, reste que Les Ailes est aujourd’hui considéré par beaucoup, comme le tout premier blockbuster de l’histoire du cinéma. Un budget alors record de deux millions de dollars, des centaines de figurants, des moyens militaires colossaux, un tournage étalé sur neuf mois, une équipe très nombreuse (on parle de 23 cadreurs !), un arsenal technique monumental… Les Ailes n’avait rien à envier aux productions actuelles d’un Michael Bay, bien au contraire. D’autant que l’on était en 1927, avec les techniques de l’époque et sans trucages. William Wellman aura été un brillant chef d’orchestre dirigeant de main de maître un film épique, devant comme derrière la caméra.

85 ans après sa sortie, Les Ailes ressort en version restaurée et haute définition, porté par une bande sonore mêlant musique et sons d’ambiance. Le chef d’œuvre de Wellman méritait bien cela. Incontestablement l’un des plus grands films de guerre de l’époque du cinéma muet, Les Ailes impressionne encore aujourd’hui par le spectacle incroyable qu’il propose. Comment ne pas se pâmer d’admiration devant l’audace surprenante de cette fresque passionnante, capable d’une grande naïveté typique des mélos fleuves hollywoodiens d’antan, d’un patriotisme exacerbé mais aussi d’une violence étonnamment crue pour son époque (le Code Hays mettra fin à ces envolées libertaires quelques années plus tard). Comment ne pas tomber à genoux devant sa créativité visuelle, Wellman signant un monument technique et artistique aux fulgurances furieuses comme autant de prouesses avant-gardistes, entre scènes de reconstitutions aussi spectaculaires qu’épiques et plans incroyablement imaginatifs, originaux et astucieux.CRI_113158

Fresque fleuve dont le récit traverse le film de guerre, le cinéma d’action et d’aventure, la romance mélodramatique, l’aventure humaine initiatique, le tout sur fond d’amour et d’exaltation des valeurs de courage, de solidarité et d’amitié (parfois si sur-démonstratives que l’on flirte avec un étrange parfum « gay », semblable à celui de Top Gun des années plus tard. La marque des films sur l’aviation ?), Les Ailes est un classique intemporel, une leçon de cinéma lyrique et foisonnante, une œuvre majeure témoignant de la perception américaine de la Première Guerre Mondiale dans les années 20, et un blockbuster immense et précurseur des plus grands films à venir sur le sujet (on pense à l’épatant Air Force de Hawks) offrant un spectacle unique (les scènes de bataille aériennes ou de bombardements tournées sans trucages laissent bouche bée) pétri dans l’émotion, dans un suspens étreignant, dans une poésie lyrique délicieuse et dans des valeurs humanistes et pacifistes.film-wings-1927-granger-1

Un mot de cette version restaurée proposée par le distributeur cinéphile Carlotta. De l’image au son, Les Ailes est littéralement transformé par ce lifting qui lui redonne une nouvelle jeunesse éclatante. Visuellement impressionnante dans son rendu, cette réédition est l’une des plus belles réussites opérées sur un film muet restauré, faisant honneur au pouvoir d’immersion voulu et saisi par Wellman en son temps.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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