Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : The Angel’s Share
Père : Ken Loach
Livret de famille : Paul Brannigan (Robbie), John Henshaw (Harry), Gary Maitland (Albert), William Ruane (Rhino), Jasmin Riggins (Mo), Roger Allam (Thadeus), Siobhan Reilly (Leonie), Charles McClean (Rory)…
Date de naissance : 2012
Nationalité : Angleterre, France, Belgique, Italie
Taille/Poids : 1h41 – Budget NC
Signes particuliers (+) : Toujours la patte Ken Loach, entre humour, tendresse et réflexion sur la société. Des personnages attachants.
Signes particuliers (-) : Plus inoffensif et gentillet et moins rageur. Un Loach mineur.
L’ABUS DE KEN LOACH EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ…
Résumé : Robbie, jeune irlandais au passé de petit délinquant, écope de travaux d’intérêts généraux. Henri, l’éducateur en charge de sa peine va devenir pour lui un mentor et l’initier à l’art du whisky…
Le problème du cinéma de Ken Loach, c’est qu’il a souvent tendance à être une question d’affaire personnelle. Car finalement, tous les films récents du cinéaste britannique se ressemblent plus ou moins dans l’esprit et le style, seule l’histoire et le cadre changent. Et du coup, certaines nous toucheront plus que d’autres, de même que l’on en appréciera certaines et moins ou pas du tout d’autres qui nous laisseront froid. Non pas qu’ils soient mauvais ou ratés mais plutôt parce que tel ou tel sujet nous trouvera et pas celui-ci ou celui-là. Il y a ceux qui seront attendris par la bande cocasse de footeux amateurs de Cantona dans Looking for Eric, ceux qui seront plutôt touchés par le destin de cette jeune femme luttant pour créer sa propre entreprise en sacrifiant ses principes moraux dans It’s a Free World, ceux qui préfèreront les difficultés de la relation amoureuse d’un pakistanais et d’une anglaise confrontée aux traditions dans Just a Kiss ou encore ceux qui seront plutôt bouleversés par les problèmes familiaux de l’adolescent de Sweet Sixteen ou le combat des ouvriers de The Navigators contre la privatisation de leur entreprise. Certains n’aimeront rien, d’autres fondront pour tout… Depuis toujours, Ken Loach fait un cinéma d’artisan sincère, toujours dans la même veine, tout en parvenant à créer de nouveaux cadres ou épanouir ses histoires même si une base stable reste récurrente. Et rares sont les échecs comme Irish Road, surtout si le cinéaste se contente d’œuvrer dans ce qu’il sait si bien faire, la comédie dramatique sociale.
Fidèle à son rythme d’un film tous les ans ou deux ans maximum, l’anglais est de retour avec La Part des Anges, sélectionné en compétition officielle au dernier Festival de Cannes. Comme à son habitude, Ken Loach prend ses quartiers auprès des classes populaires et moyennes de la Grande-Bretagne en s’attachant à un groupe de marginaux, en rupture ou en difficulté avec le système. C’est au travers cette fois d’un petit groupe de condamnés à des travaux d’intérêts généraux que le cinéaste va parler de rédemption, d’espoir, de débrouillardise pour essayer de survivre dans une Écosse qui semble avoir abandonnée sa nouvelle génération livrée à elle-même dans une société de plus en plus dure s’écroulant de toutes parts alors que la croissance du chômage y devient inquiétante. Avec les aventures de sa bande de pieds nickelés projetant un casse au royaume du whisky, Ken Loach n’est clairement plus dans le cinéma passionné et rugueux de ses illustres années, celui de Kes, de Raining Stones, celui de Land and Freedom ou de Carla’s Song. Il est en plein dans la trajectoire qu’il a commencé à emprunter fatalement avec l’âge il y a quelques temps, celui d’un cinéma plus traditionnel et inoffensif, moins mordant et accrocheur, à la fois à la hauteur d’un grand public recherchant le divertissement et caressant dans le même temps ses fans irréductibles dans le sens du poil en leur offrant à voir des restes de son style mais en plus emprunté. Inoffensif, c’est la meilleure façon de résumer ce La Part des Anges qui sans être mauvais, est juste gentillet. On ne passe pas forcément un moment désagréable devant cette petite comédie bien interprétée par une bande de comédiens non professionnels admirables (entourés de quelques habitués du cinéma loachien) mais difficile aussi de dire que l’on a ressenti une seule seconde toute la rage qui animait le cinéma du plus grand défenseur de la cause sociale anglaise dans le septième art, pendant des années. Aujourd’hui, Ken Loach, ce serait un cinéma mignon, comico-tragique commun et académique ? On espère que la recréation est bientôt terminée car même si l’on s’y amuse un peu, on a vraiment envie de repasser aux choses sérieuses. La Part des Anges n’a rien de honteux et se vit comme une petite balade optimiste et sympathique mais est-ce vraiment le Ken Loach que l’on veut ? Une fois de plus, cette jolie histoire en touchera certains, pas d’autres. Le film en soi n’est pas mauvais, il provoque juste détachement ou attachement. A la sensibilité de chacun de parler.
Bande-annonce :
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