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INTRUDER (critique)

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Carte d’identité :
Nom : aka Night of the Intruder
Père : Scott Spiegel
Livret de famille : Elizabeth Cox (Jennifer), Renée Estevez (Linda), Dan Hicks (Bill), David Byrnes (Craig), Sam Raimi (Randy), Ted Raimi (Joe), Tom Lester (Matthews), Eugene Glazer (Danny), Billy Marti (Dave) et Bruce Campbell, Lawrence Bender (officiers Howard et Adams)…
Date de naissance : 1989
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h23 ou 1h28 – 130.000 $

Signes particuliers (+) : Un slasher fait par des geeks attachant, un peu fou dans sa réal et respectueux du genre.

Signes particuliers (-) : Spiegel arrive trop tard et l’amateurisme nuit à la qualité du projet.

 

MA NUIT AU SPUPERMARCHÉ

Résumé : Jennifer Ross, caissière de supermarché, est harcelée un soir par un ex-petit-ami qui pénètre à la fermeture dans les lieux. la nuit va être longue et parsemée de cadavres…

Non, Scott Spiegel n’est pas seulement connu pour être le responsable des affreux Une Nuit en Enfer II et Hostel part. III, il est aussi le signataire d’un petit slasher de derrière les fagots daté de la fin des glorieuses eighties, Intruder ou la nuit cauchemardesque de quelques employés d’un petit supermarché, harcelés par un maniaque les dézinguant un à un. Ce grand ami de Sam Raimi et Quentin Tarantino dans la vie, signait alors son premier long-métrage, monté de bric et de broc à trois balles en poche, quelques pauvres acteurs à moitié professionnel et un décor, un supermarché dans lequel allait se dérouler la totalité de l’intrigue. Sauf que Spiegel avait des amis. Et des bons. Et par sympathie pour leur pote, ils ont rappliqué pour venir lui filer un petit coup de main. C’est ainsi que l’on retrouve dans cette série Z qui se veut une série B, et dans de seconds rôles plus ou moins importants, les frangins Raimi, les nommés Sam et Ted et même Bruce Campbell, venu faire un coucou en figurant puisqu’on ne le voit pour ainsi dire qu’à peine et en forçant l’œil. Une vraie participation amicale sachant que ces derniers sont déjà cultes après leurs exploits sur Evil Dead 1 et 2 ou Mort sur le Grill alors que Darkman est en préparation. Et pour couronner le tout question gens connus impliqués, la présence au scénario d’un jeunot qui n’a encore rien fait à ce jour mais promis à une sacrée carrière : Lawrence Bender. Le futur producteur réputé (collaborateur fidèle de Tarantino pour lequel il a produit tous les films exception faite du dernier Django Unchained) trouve là son premier job référencé dans le cinéma, se payant au passage lui aussi un petit caméo en officier de police aux côtés de Bruce Campbell.

Intruder n’est pas un modèle du genre ni même un grand slasher mais il mérite quand même le détour pour plusieurs raisons. La première est son générique assez intrigant et la seconde est que, tout autour de ses maladresses criardes, le film est parsemé de fulgurances qui en deviennent presque finalement frustrantes tant il aurait pu être un film culte s’il n’était pas aussi timide par moments, mauvais à d’autres. On sent clairement l’absence de budget, l’absence de sérieux et d’une production construite et professionnelle. Intruder passe allégrement pour un film de récents diplômés en école de cinoche et qui essaient, dans la douleur, d’autoproduire un premier film comme ils peuvent et avec les moyens du bord. Et si l’on est tenté à plusieurs reprises de crier au nanar tout pourri, on est dans le même temps amené à tempérer nos enflammades lorsque Spiegel montre qu’il est capable quand il le veut. La question qui se pose alors est la suivante : est-ce lui quand le film devient bon ou est-ce cousin Raimi qui vient filer plus qu’un coup de main de présence et prodiguant quelques conseils malins ? Car, quand le film cesse d’être pleutre, d’esquiver les envolées gores lors des meurtres qu’il met en scène, il devient alors jubilatoire, parfois inspiré du giallo italien, parfois du bon cinéma de genre ricain qui avait le vent en poupe dans les années 80. C’est la dichotomie de Intruder, qui se laisse aller à être graphique un coup sur deux, y compris dans sa version non censurée présentant cinq minutes de plus que dans sa version allégée en exploits gores.

La surexploitation du filon « slasher » au cours de la décennie, a conduit le genre dans son creux de la vague sur sa fin. C’est à ce moment là que sort Intruder, soit au plus mauvais des moments, quand le public commençait à être lassé de voir et revoir les mêmes films. Mais pour autant aujourd’hui, les amateurs auraient torts de bouder leur plaisir d’autant que le film a connu une ressortie dans un format blu-ray remarquablement restauré et c’était pas facile au vu de l’amateurisme de la chose. Il est désormais plus facile de profiter de ce spectacle attachant qui nous gratifie d’une réalisation originale même si parfois, son originalité devient un peu trop excessive, sentant la tentative « d’inspiration » forcée mais incontrôlée au risque de tomber dans le risible. Plans subjectifs depuis un cadran téléphonique, une poubelle, le dessous d’un bureau, le trou de la serrure, à travers une bouteille et scènes bien sanguinolentes, profitant du matériel et du cadre mis à disposition par les lieux de tournages (machine de découpe et crochet de boucher, allées et réserve de supermarché etc…), Intruder fait certes maladroitement le spectacle mais est au final, un sympathique petit slasher rigolo.

Bande-annonce :

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