Nom : The Amateur Père : James Hawes Date de naissance : 09 avril 2025 Type : sortie en salles Nationalité : USA Taille : 2h02 / Poids : NC Genre : Thriller
Synopsis :Charlie Heller, un cryptographe de la CIA aussi brillant qu’introverti, voit son existence basculer lorsque sa femme décède durant une attaque terroriste perpétrée à Londres. Déplorant l’inaction de sa hiérarchie, il prend alors l’affaire en mains et se met à la recherche des assassins, embarquant pour un dangereux voyage partout à travers le monde pour assouvir sa vengeance.
RAMI MALEK EN QUÊTE DE VENGEANCE
NOTRE AVIS SUR THE AMATEUR
Réalisateur de séries télé pendant plus de vingt ans (ça a son importance), James Hawes avait connu sa première expérience de cinéma il y a deux ans avec Une Vie, le biopic avec Anthony Hopkins qui rejouait sur grand écran un célèbre épisode de la télé britannique où un vieil homme retrouvait sur le plateau d’un talk show des centaines d’enfants juifs qu’il a sauvés pendant la guerre. Du biopic over-lacrymal au thriller d’action, c’est un grand écart pour James Hawes aujourd’hui. Porté par Rami Malek, The Amateur suit le parcours vengeur d’un petit analyste de la CIA désireux de régler lui-même leur compte aux terroristes qui ont tué son épouse. Sauf que le tout timide Charlie Heller n’a pas l’âme d’un Liam Neeson dans Taken…
The Amateur est symptomatique d’un enjeu majeur pour le septième art. Pourquoi va t-on au cinéma aujourd’hui en 2025 ? Que va t-on y chercher à l’heure où l’on est abreuvé de contenu sur son canapé ? Pour voir ce que l’on ne peut pas voir chez soi dira t-on. Quel est donc l’intérêt si le cinéma en salles se met à nous proposer ce que les plateformes comme Netflix et consort nous proposent déjà ? C’est tout le défi du cinéma aujourd’hui, devoir se réinventer pour répondre à la concurrence domestique. Et c’est exactement sur ce point que des films comme The Amateur apparaissent comme des clous pouvant potentiellement visser le tombeau du cinéma. Non pas que le thriller d’action de James Hawes soit foncièrement mauvais ou honteux. Aussi convenu qu’il pourra paraître solide selon les avis, The Amateur est un divertissement à efficacité intermittente, proprement mis en scène, correctement interprété, classiquement ficelé. L’embêtant, c’est qu’il ressemble à mille et un autres films du même acabit. L’ennui, c’est qu’il ressemble surtout à une série télé ramassée sur deux heures pour tenir debout en tant que long métrage. Et c’est là que le bât blesse. The Amateur lorgne de beaucoup trop près vers ce que le spectateur est habitué à voir sur Tudum, Prime Video et compagnie. Il fut un temps où l’écriture des films inspirait l’écriture des séries à venir afin de les faire évoluer. Aujourd’hui, on assiste, bien embêtés, à l’effet inverse. Le cinéma donne parfois l’impression de régresser à force de se calquer sur de nouveaux schémas télévisuels. The Amateur ressemble à des Mister Robot, Jack Ryan et autre The Night Agent. En moins bien en plus. Et parce qu’on est désormais très habitués à la narration de ces séries mi-espionnage mi-action, difficile de n’y voir autre chose qu’un décalque dont on connaît que trop par cœur les contours et les méthodes. Partant de là, The Amateur ennuie poliment faute d’enthouasiasmer et d’avoir la moindre originalité capable de parler pour lui. Sa construction quasi chapitrable, son écriture très schématique, sa mise en scène très factuelle, tout participe à en faire un petit film qui se voudrait plus grand qu’il n’est.
À ce problème d’envergure qui dans l’absolu dépasse son cas personnel, The Amateur souffre aussi de lui-même et de ses propres tares. Son degré de paresse est-il seulement quantifiable ? D’une simplicité linéaire assez confondante, The Amateur ne trouve jamais le moyen (le cherchait-il au moins ?) de s’élever un peu plus haut que la petite série B de luxe dénuée d’ambitions. Les séquences s’emboîtent, le récit avance mollement, les longueurs se font de plus en plus pesantes. On se dit que l’intrigue va se complexifier. Non. On pense que les personnages secondaires vont bien finir par servir à quelque chose. Non. On croit que les enjeux vont s’élever, que le ton du film va s’énerver un peu, que quelque chose va enfin nous surprendre un tant soit peu. Non. On a la naïveté de songer que tout cela va déboucher sur une vague réflexion sur le but d’une quête de vengeance. Non plus. The Amateur est juste d’une grande pauvreté dans ce qu’il montre, dans ce qu’il raconte, dans comment il le raconte. Précédé du bip linéaire d’un encéphalogramme plat, The Amateur relève de ce genre de films dont on sort avec une moue qui veut dire « mouais…». On la connaît tellement cette moue perplexe du spectateur pas convaincu.