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SWALLOW de Carlo Mirabella-Davis : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Swallow
Père : Carlo Mirabella-Davis
Date de naissance : 2018
Majorité : 15 janvier 2020
Type : Sortie en salles
Nationalité : France, USA
Taille : 1h34 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Haley Bennett, Austin Stowell, Denis O’Hare…

Signes particuliers : Entre le drame et le thriller psychologique, un film fascinant.

PICA ! PICA !

NOTRE AVIS SUR SWALLOW

Synopsis : Hunter semble mener une vie parfaite aux côtés de Richie, son mari qui vient de reprendre la direction de l’entreprise familiale. Mais dès lors qu’elle tombe enceinte, elle développe un trouble compulsif du comportement alimentaire, le Pica, caractérisé par l’ingestion d’objets divers. Son époux et sa belle-famille décident alors de contrôler ses moindres faits et gestes pour éviter le pire : qu’elle ne porte atteinte à la lignée des Conrad… Mais cette étrange et incontrôlable obsession ne cacherait-elle pas un secret plus terrible encore ? 

Non le Pica n’est pas qu’une expression bien connue des amateurs de Pokémon, c’est aussi (et surtout) le nom d’un véritable trouble compulsif rarissime qui touche plus prioritairement les personnes anémiques et les femmes enceintes. Il se manifeste par l’envie irrépressible d’ingérer des substances non comestibles et objets en tout genre, de la terre, un clou… Le réalisateur Carlo Mirabella-Davis en a fait indirectement le sujet de son premier long-métrage, Swallow, en s’inspirant de ses souvenirs de sa grand-mère qui était atteinte de divers TOC. Produit par Joe Wright et son épouse à la ville Haley Bennett (également la star du film), Swallow dresse le portrait de Hunter, une jeune femme au foyer piégée dans une routine étouffante qui l’écrase. Quand elle tombe enceinte, elle développe la maladie de Pica. Simple hasard ou conséquence d’un mal plus profond ?

Pour un premier long-métrage, le jeune cinéaste Carlo Mirabella-Davis frappe fort, enfermant le spectateur dans un cauchemar lancinant rythmé à la mesure de celui de son héroïne en peine. Swallow n’impose pas une ambiance, il la diffuse afin qu’elle gangrène en profondeur les pores d’un film à cheval entre le thriller de genre (sa première partie) et le drame psychologique (sa seconde moitié). Ou l’inverse. Car au fond, Swallow est un ofni insaisissable qui exploite des motifs autant qu’il échappe à toute définition et ancrage précis. C’est bien là la force d’un film qui a cette qualité de ne ressembler à rien de vraiment connu même si certains pourront y voir une lointaine résonnante avec le travail d’antan de Cronenberg et son fétichisme pour les corps abîmés. Mais même là, Swallow ne fait pas dans la facilité et le spectacle. Il préfère à tout sensationnalisme, se focaliser sur l’instabilité psychologique de son héroïne étouffée mentalement par sa vie… et qui s’étouffe physiquement avec ce qu’elle avale. Une métaphore facile sur le papier mais finement traitée et exploitée à travers un effort qui s’adosse sur une sensation d’inconfort malaisant plongeant le spectateur dans un constant sentiment d’angoisse latent. Seul regret, la durée un peu trop courte sur pattes. Non pas qu’un film court soit un problème en soi mais pour le coup, on aurait aimé voir plusieurs angles mieux polis, plusieurs ficelles mieux développées, comme la fin, un peu abrupte. Parmi les choses qui auraient surtout mérité plus de temps pour être peaufinées, il y a les tenants et aboutissants psychologiques de cette maladie méconnue qu’est le Pica. Quel en est plus précisément le mécanisme émotionnel ? L’idée est que les objets avalés évoquent quelque chose pour celui qui les avale, provoquant des ressentis renvoyant à des souvenirs et/ou traumas. Swallow reste parfois un peu trop lointain par souci de traduire avant tout à sa métaphore générale. Mais on lui pardonne aisément car au final, il unit beaucoup de choses en l’espace de sa petite heure et demi. A commencer par un regard féministe sur la condition des femmes dans une certaine société bourgeoise. Hunter (Haley Bennett) est dépeinte comme une femme au foyer discrète et un peu naïve, écrasée par une domination patriarcale rabaissante, presque parfois reléguée au rang de joli trophée posé sur une étagère d’une belle et luxueuse maison par un mari anxiogène sous ses airs de playboy souriant. Sa dépression, qui va s’exprimer à travers le Pica, ne sera finalement que le symbole d’un mal-être et le début d’une rébellion contre un système coercitif. A l’écran, Haley Bennett est formidable et vampirise l’écran par la subtilité de sa prestation. Il fallait bien ça pour accompagner (et sublimer) un film aussi audacieux.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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