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POLICE d’Anne Fontaine : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Police
Mère : Anne Fontaine
Date de naissance : 2020
Majorité : 02 septembre 2020
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h38 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Omar Sy, Virginie Efira, Grégory Gadebois, Payman Mooadi…

Signes particuliers : Du grand Anne Fontaine (encore).

3 FLICS EN COLÈRE

NOTRE AVIS SUR POLICE

Synopsis : Virginie, Erik et Aristide, trois flics parisiens, se voient obligés d’accepter une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Sur le chemin de l’aéroport, Virginie comprend que leur prisonnier risque la mort s’il rentre dans son pays. Face à cet insoutenable cas de conscience, elle cherche à convaincre ses collègues de le laisser s’échapper.

C’est un nouveau grand film que nous pond Anne Fontaine, un de plus dans sa belle filmographie trop souvent mésestimée. La cinéaste n’a pas son pareille pour sortir des personnages à l’authenticité éprouvée et pour formuler leurs émotions, ressentis et conflits intérieurs en images brillamment évocatrices. Articulé autour de trois protagonistes, Police est une puissante immersion au cœur de la police parisienne… sans être un film sur la police parisienne. Car d’un cas particulier, Anne Fontaine réussit à parler de tout. L’usure morale et physique d’un métier difficile, les visages malmenés qui le composent, les émotions qui collent à la peau, les cas de conscience et le rapport entre l’intime et la fonction, le personnel et le général. Plus qu’un film sur la police en elle-même et ce malgré son titre, c’est d’ailleurs ça la vraie thématique de Police, comment composer entre l’ordre établi et l’ordre moral, entre les directives données et l’impression (interprétation ?) personnelle du terrain. Pour ces trois flics sommés de reconduire un immigré à la frontière, il y a ce dilemme entre les ordres et la sensation d’obéir aveuglément à quelque chose de moralement pas juste. C’est toute la particularité du métier de policier (ou de militaire), obéir à la hiérarchie sans poser de questions ou faire confiance à sa propre appréhension des choses quand la situation l’exige ? Plus clairement, faire entrer son jugement personnel ou le laisser au vestiaire ? Et le film de questionner là où se situe la morale de chacun face aux exigences de la vie.

Porté par trois comédiens exceptionnellement dirigés et livrant le meilleur d’eux-mêmes, Police est un abandon, on y perd pied et l’on se noie dans un océan de douleurs, de mélancolie, d’amertume, de fêlures et d’harassement. D’entrée de jeu, la même scène est revisitée de trois points de vue différents. Le procédé pourrait paraître discutable dans l’intérêt réel qu’il semble apporter, d’autant que les trois prismes ne semblent pas s’apporter vraiment quelque chose les uns aux autres. Mais il va se révéler bien plus intelligent qu’on ne pourrait le croire de but en blanc. Il a le mérite de planter des personnages en jouant d’abord avec des stéréotypes puis en les creusant pour montrer que tout est toujours question de point de vue, et qu’une autre manière de montrer (filmer) dira des choses différentes. Ici, le regard tripartite va révéler des personnages qui ne sont pas forcément ce qu’ils ont l’air d’être de prime abord. Tout est toujours plus complexe que de prime abord d’ailleurs. Exactement ce que s’apprête à raconter le film. Et l’effet d’être finalement une introduction à l’une des vraies thématiques de Police, où trois policiers exécutent une mission avant de réaliser que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles en ont l’air en surface. Que ce simple immigré n’est peut-être pas juste un visage banal comme un autre. C’est la femme de l’équipe (Virginie Efira) qui le remarque. Un moyen de glisser un propos féministe opportuniste ? Pas vraiment. L’idée est juste un ressort pour montrer qu’un jour de sensibilité un peu exacerbée qu’un autre pour certaines raisons, on peut être amené à gratter le vernis de l’illusion de façade. Commence alors un jeu façon 12 Hommes en Colère, où le but sera d’instiller le doute chez ses partenaires, et peut-être de les faire changer d’avis un à un. En espérant avoir raison car tout le point fort du film est de parler du doute, et ainsi de l’entretenir.

Il se dégage une puissance aussi sombre que les ténèbres de cette chronique dramatique remarquablement maîtrisée tant dans l’écriture que dans la mise en scène. Si Anne Fontaine en fait parfois un tout petit peu trop, les micro-facilités qu’elle emploie deviennent vite anecdotiques, balayées par la force motrice d’un récit capté avec une intelligence rare et ciselé au cordeau. Avec intelligence et avec subtilité surtout. Car au détour de quelques plans, au détour de regards ou de silences, le cinéaste arrive souvent à dire tellement de choses sur ces gueules brisées et ce qu’elles endurent. C’est la grande qualité d’Anne Fontaine sur Police, avoir besoin de peu d’images pour dire beaucoup de choses.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

One thought on “POLICE d’Anne Fontaine : la critique du film

  1. je suis cinéphile mais j’ai rarement vu un film d’atmosphère aussi nul ! Tout est prévisible sur un fait divers courant ! Quel ennui ! ! ! !

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