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Nom : Planète B
Mère : Aude Léa Rapin
Date de naissance : 25 décembre 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h58 / Poids : NC
Genre : Thriller, Anticipation, SF
Livret de Famille : Adèle Exarchopoulos, Souheila Yacoub, Eliane Umuhire, India Hair, Marc Barbé…
Signes particuliers : Une tentative courageuse et méritante.
Synopsis : France, 2039. Une nuit, des activistes traqués par l’État, disparaissent sans laisser aucune trace. Julia Bombarth se trouve parmi eux. A son réveil, elle se découvre enfermée dans un monde totalement inconnu : PLANÈTE B.
UN THRILLER D’ANTICIPATION MADE IN FRANCE
NOTRE AVIS SUR PLANÈTE B
Un thriller de science-fiction dystopique français. Pas banal dans le paysage cinématographique hexagonal actuel toujours réticent à tenter sa chance du côté du cinéma de genre ambitieux. Jeune réalisatrice qui a emmagasiné pas mal d’expérience sur des courts-métrages puis avec son premier long Les Héros ne Meurent Jamais, Aude Léa Rapin se lance vaillamment dans son entreprise, aidée par la présente de stars au casting, argument qui aide bien souvent à pouvoir concrétiser des projets périlleux comme son Planète B porté par Adèle Exarchopoulos, Souheila Yacoub et India Hair. Planète B nous propulse dans une France de 2039 où la société est à deux doigts d’imploser. Un groupe d’activistes luttent contre les politiques menées et sont traqués sans relâche par le Gouvernement considérant leur organisation comme terroriste. À la suite d’une mission de sabotage, Julie et quelques camarades sont capturés et disparaissent mystérieusement. Ils se réveillent dans un monde inconnu, la Planète B, une prison virtuelle d’un nouveau genre aux règles terrifiantes et inhumaines faisant fin du droit et des lois.
Planète B n’est pas un premier long-métrage mais il témoigne quand même des maladresses et des tâtonnements génralement typiques des premiers films. Tout n’y est pas abouti, on sent des ambitions contrariées par un budget restreint, des choses fonctionnent moins bien que d’autres, certains comédiens secondaires ne sont pas à la hauteur du talent des têtes d’affiche évoquées, des idées intéressantes s’évaporent en route et certains personnages manquent de consistance… Néanmoins et en dépit de ses faiblesses évidentes qui apparaissent souvent comme un contrecoup d’ambitions peut-être un peu trop grosses pour le costume pré-taillé, ce croisement hasardeux de plein d’idées de science-fiction connues ou entrevues peut se regarder dans un miroir sans avoir honte de ce qu’il propose. Et c’est déjà plus que bien.
Reprenant à son compte un néo-standard de la SF d’anticipation que n’aurait pas renié Phillip K. Dick, Planète B tisse un croisement filandreux avec des liens allant de Fortress à Matrix en passant par Blade Runner, Strange Days, l’Australien Otherlife, Demolition Man, Virtual Revolution ou plus généralement tous les films ayant trait au Metavers. La principale force du film est d’asseoir son histoire sur un univers qu’Aude Léa Rapin parvient à crédibiliser malgré ses modestes moyens. Parce qu’elle fait simple, réaliste et utilise à bon escient ce dont elle dispose plutôt que de s’aventurer sur des terrains impossibles pour faire de l’esbroufe spectaculaire contre-productive. C’est souvent le plus difficile à réussir dans ce type de science-fiction mais quand un univers est crédible, il est tout de suite beaucoup plus facile d’emporter l’adhésion du spectateur dans une aventure. Ce premier mur franchi et tenant une bonne histoire assez solide et caractérisée, Aude Léa Rapin assure derrière l’essentiel. Planète B est accrocheur, plus ou moins efficace et haletant, l’intrigue marche, le suspense aussi et on se laisse volontiers aspirer dans ce monde virtuel angoissant.
Bon thriller de série B conduit avec une énergie et une maîtrise globale à saluer, Planète B évite les gros coups de mou plombants et surtout les dangers du nanar hypertrophié. Si la conclusion -un peu facile et expédiée- n’est pas forcément à la hauteur du reste, l’ensemble tient la route et témoigne d’un amour du genre de la part de sa cinéaste passionnée. Avec davantage de moyens pour nourrir ses hautes ambitions, Planète B aurait pu donner plus d’ampleur à son univers, et ainsi mieux explorer ses thématiques politiques (l’autoritarisme, le militantisme écologique). Mais peut-être n’en avait-il pas les moyens justement. Il se contente alors d’esquisser tout ça pour donner du corps à un thriller soigné, mené simplement mais efficacement par une mise en scène avec quelques idées, une bonne musique (signée du réalisateur Bertrand Bonello) et un excellent duo Exarchopoulos-Yacoub. Suffisant pour donner envie de soutenir ce genre d’initiative dans un cinéma français souvent si frileux question prise de risque. Reste à trouver le public.
Par Nicolas Rieux