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VIRTUAL REVOLUTION de Guy-Roger Duvert : la critique du film

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virtual_revolution_afficheMondo-mètre
note 3 -5
Carte d’identité :
Nom : Virtual Revolution
Père : Guy-Rogert Duvert
Date de naissance : 2015
Majorité : 12 octobre 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA, France
Taille : 1h32 / Poids : NC
Genre : SF, Fantasy, Policier

Livret de famille : Mike Dopud, Jane Badler, Elie Haddad, Maximilien Poullein…

Signes particuliers : De la SF pondue avec le cœur et les tripes par des passionnés. Et le résultat a fière allure !

UN « PETIT FILM » QUI VOIT GRAND

LA CRITIQUE DE VIRTUAL REVOLUTION

Résumé : A Paris, en 2047, alors que la population vit connectée en permanence à des mondes virtuels, un agent employé par une multinationale est chargé de traquer des terroristes qui menacent le système.virtual_revolution_filmComment compenser un manque de moyens quand on veut faire un film ambitieux ? La ruse et le talent. Inutile de tergiverser pendant 107 ans, ce sont les seules et uniques parades qui s’offrent à vous pour mener un projet fragile à bon port. Malheureusement, bon nombre de réalisateurs (et de producteurs) ont tendance à l’oublier, et de leur opiniâtre obstination naissent des films calamiteux, sous-produits, venant dangereusement flirter avec la ligne tueuse du « nanar » au point de s’y abîmer à vouloir faire « plus gros » qu’ils ne le pouvaient. Plutôt que de se la jouer inconscient et entêté qui ferait fi des contraintes évidentes pour foncer tête baissée dans un mur aussi haut que l’Everest, Guy-Roger Duvert a réfléchi, longuement mais sûrement, il a étudié ce qui était réalisable et ce qui ne l’était pas, quitte à faire des sacrifices pour le bien de son bébé cinématographique, Virtual Revolution, un film de science-fiction produit dans la sueur et le sang (ou presque) à cheval entre la France et l’Amérique, avec le concours de toutes les bonnes âmes qui ont bien voulu prêter un peu de leurs aptitudes à cette entreprise casse-gueule mais qui au final, ne manque pas d’assurance. Le résultat ? Épatant. Virtual Revolution n’a pas les moyens d’un blockbuster hollywoodien à 200 millions de dollars et Guy-Roger Duvert a dû composer avec cet état de fait, que ce soit dans l’écriture, dans le production design ou dans la mise en scène. Mais c’est justement la force de son long-métrage qui respire cette philosophie de ne jamais avoir les yeux plus gros que le ventre. Virtual Revolution préfère faire les choses bien, quitte à rester parfois modeste, plutôt qu’imaginer du gigantisme sans avoir les moyens de le matérialiser. Un bon point qui assoie adroitement les bases du film tout entier.VIRTUAL_REVOLUTION_SCREENSHOT_1Bienvenue dans un univers d’anticipation à mi-chemin quelque part entre Strange Days, Ghost in the Shell, Avalon ou Blade Runner. Virtual Revolution nous plonge dans un monde futuriste où une grande majorité de la population vit désormais connectée en permanence dans des réalités virtuelles alternatives. Certains restent encore attachés à la véritable réalité, d’autres naviguent entre les deux « mondes ». Nash, le héros du film, est une sorte d’enquêteur à la solde de multinationales, dont le travail est de traquer et éliminer les terroristes qui tentent de s’attaquer au système pour le mettre en échec. L’occasion au passage pour le film, de s’offrir une petite portée sociologique légèrement politisée, sur notre dépendance aux nouvelles technologies et sur la lutte contre le système uniformisant. De quoi un peu plus anoblir la démarche de ce valeureux Virtual Revolution, qui non seulement aura de quoi divertir les uns, mais qui pourra également rassasier ceux qui aiment aller voir plus loin que la seule expérience distrayante.Virtual-Revolution-003-e1462723932651Virtual Revolution est le genre de film que l’on a envie de soutenir, car il vient témoigner d’une certaine conception du cinéma que les amoureux du septième art sauront apprécier. A l’heure où l’on a l’impression qu’il faut être armé du poids d’un studio et de centaines de millions de dollars pour aller se frotter à des registres suicidaires comme la Fantasy ou la SF, Guy-Roger Duvert vient prouver le contraire. Alors oui, Virtual Revolution n’a pas le gabarit d’un Avengers, oui il fait avec les moyens du bord, mais cinématographiquement, ce premier long-métrage téméraire a de l’allure. Il repose sur une histoire simple mais efficace, parfois limitée dans son ampleur en raison de son budget, mais globalement prenante et plaisante à suivre. Il repose sur des qualités esthétiques qui témoignent du talent des personnes impliquées, de son cinéaste malin et doué en passant par son chef op livrant une photographie admirable. Il repose aussi sur une créativité pleine d’idées et enfin, sur des comédiens talentueux, Mike Dopud en tête (un habitué des seconds rôles qui promène ici sa dégaine d’investigateur taciturne rappelant lointainement le Mickey Rourke de L’année du Dragon, dans un Paris futuriste interlope fascinant), entouré de Jane Balder (la légendaire Diana de V) ou encore de Maximilien Poullein, lequel fait des prouesses pour donner de la consistance au personnage pas évident de l’éternel sidekick du héros. Ce dernier, vraiment formidable et volant presque la vedette à son partenaire dans leurs scènes en commun, s’impose comme un modèle d’implication sur le film, dépassant sa fonction pour vraiment amener quelque-chose de plus à l’entreprise.mike-dopud-and-maximilien-poullein-in-virtual-revolution-(2016)Virtual Revolution a ses limites, ce serait mentir que de ne pas l’avouer. Mais il ne faudra jamais perdre de vue ce qu’il se traîne derrière lui, à savoir son audace de s’être lancé courageusement dans un genre quasi-incompatible avec le système de production actuel, hexagonal ou autre. Guy-Roger Duvert aura tout fait sur le film, scénariste, réalisateur, producteur, compositeur de la bande originale. Il se sera battu pour faire naître un objet filmique aux allures d’ovni dans le cinéma hexagonal (même s’il a été produit outre-Atlantique), à ranger aux côtés des Le Grand Tout de Nicolas Bazz et autre House of Time de Jonathan Helpert, toutes des productions qui ont fait de la malice, un argument pour combattre l’hégémonie de l’argent et atteindre des objectifs louables. Dans Virtual Revolution, les effets spéciaux déployés se mettent ainsi au diapason des moyens en présence et le film ne cherche pas à en mettre plein la vue dans une bête et gratuite logique de démonstration de force. Quand ils pointent le bout de leur nez, c’est parce qu’ils sont utiles à l’histoire, parce qu’ils permettent de dessiner un univers, de soutenir un imaginaire. Ayant préféré la qualité à la quantité, Guy-Roger Duvert les a utilisé avec parcimonie et le soin apporté est là. Formellement, Virtual Revolution est beau dans sa modestie, noble dans ce qu’il entreprend. Techniquement, il est solide. Cinématographiquement, il est plaisant. Et spirituellement, il renvoie à une conception presque oubliée du cinéma, celui de la débrouillardise pour projeter le spectateur avant tout, dans une histoire qui le distraira. Et plus s’il veut bien regarder aux entournures. Bravo et on souhaite bonne chance à ce film prêt pour s’autodistribuer. Si des programmateurs de cinéma nous lisent, Virtual Revolution vous tend généreusement les bras.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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