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PEARL de Ti West : la critique du film

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Spectateurs


Nom : Pearl
Père : Ti West
Date de naissance : 2022
Majorité : Prochainement
Type : Indéterminé
Nationalité : USA
Taille : 1h42 / Poids : 1 M$
Genre : Thriller, Drame, Horreur

Livret de Famille : Mia GothDavid CorenswetTandi Wright

Signes particuliers : La suite de X.

Synopsis : Piégée dans la ferme isolée de sa famille, Pearl doit s’occuper de son père malade sous le regard autoritaire de sa mère dévote. Désireuse de mener une vie glamour comme elle l’a vu dans les films, Pearl voit ses ambitions limitées… ce qu’elle n’apprécie pas du tout !

BIZARRERIE HORRIFIQUE

NOTRE AVIS SUR PEARL

Quand il a pondu X, on ne pensait pas qu’il allait imaginer tout un univers autour. Et pourtant. Ti West a frappé un joli coup l’an passé avec son slasher jubilatoire décimant une équipe de tournage d’un film porno dans la ferme où ils avaient posé leurs bagages et caméras sans préciser la nature de leur… tournage. X s’était imposé comme l’un des meilleurs films de genre de l’année 2022. Mais Ti West avait décidé qu’il n’y avait aucun mal à se faire du bien plusieurs fois. Quasi dans la foulée, le cinéaste balance Pearl, un prequel à X. Façon origin story, l’occasion de découvrir l’histoire de Pearl, la fermière frappadingue qui avait éparpillé l’équipe de X façon puzzle rouge sang. Et parce que le dicton clame « jamais 2 sans 3 », Pearl sera suivi de MaXXXine, une suite à X et la conclusion de ce qui sera finalement devenu une trilogie.
Pearl, c’est Mia Goth. Toute la saga de Ti West se résume à Mia Goth de toute manière. Pour essayer d’être clair, la jeune comédienne campait déjà le personnage de Pearl âgée dans X, en plus de jouer celui de la jeune actrice Maxine qui dévoilait ses charmes dans un film porno… actrice qui sera donc ensuite à l’honneur du troisième volet à venir. Logiquement, c’est elle qui campe Pearl jeune dans Pearl. Et si le film était du genre à être remarqué par les plus prestigieuses cérémonies (coucou les Oscars), Mia Goth pourrait prétendre à une place de choix dans la course au prix de la Meilleure Actrice. Parce que Mia Goth est immense dans Pearl. Immense de conviction, de douleur, de séduction, de folie, de terreur. Mais qu’importe, Pearl n’est clairement pas le genre de films que l’Académie des Oscars remarque ou aime à récompenser. Fort dommage car la performance de Mia Goth trône tout au-dessus du film lui-même. Quoiqu’on pense du prequel de Ti West, la composition XXL de son actrice est indiscutable. Émouvante en rêveuse écrasée par une mère intraitable, malaisante en gamine aux vices un peu tordus, amusante avec sa douce folie et son sourire enjôleur, attirante avec son charme singulier, flippante avec son déraillement psychologique, bouleversante avec son drame de vie terrible, terrifiante quand sa folie latente explose. Mia Goth fascine d’un bout à l’autre du film, avec une mention pour un incroyable monologue long de plusieurs minutes (8 environ) à la fois poignantes et anxiogènes.
Au-delà d’une comédienne impressionnante qui méritait largement qu’on s’attarde sur sa prestation, laquelle porte d’ailleurs très largement le film, Pearl est une étonnante réussite. Étonnante car le film ne fait rien pour séduire le badaud en quête d’une petite péloche horrifique efficace. Dans sa première moitié, Pearl est assez lent, bizarre, avare en frissons, davantage porté vers le drame historique que vers le film de genre. Mais c’est aussi dans cette partie qu’il plante les premières graines d’un déraillement psychologique. Par petites touches espacées, Ti West piège le spectateur dans la fascination qu’il construit autour de son étrange Pearl. On ne s’ennuie pas mais presque, mais l’on est tenu par ce bout de jeune fille dont on pressent que les fissures sont à deux doigts de craquer. Et quand elles craquent, on se prend en pleine face un torrent de folie furieuse, la violence graphique remplaçant le malaise dérangeant tout en gardant une forme d’émotion compatissante entre le spectateur et cette angoissante Pearl, comme fil rouge connecté.
Contrairement à bien des slashers qui se contentent du strict minimum syndical pour laisser le champ libre au seul fun régressif, Pearl brille par la force de sa narration, par la place prépondérante qu’il accorde au drame psychologique au sein d’un film de genre, par sa gestion très patiente de la terreur instillée lentement, progressivement, sûrement, passionnément. Il brille pour sa comédienne star (on l’a dit) et enfin par sa mise en scène hautement originale et séduisante. On sait Ti West bourré de talent, il le prouve encore une fois avec une réalisation riche en choix forts et en paris esthétiques et artistiques. Comme celui de placer tout le film sous le ciel d’un conte vintage. A l’exemple d’un générique qui visuellement ou musicalement, rappelle Autant en emporte le vent ou Le Magicien d’Oz. Pour le reste et en restant dans une idéologie  « vintage », on peut dire que Pearl s’inscrit quelque part entre Carrie, Mais qu’est-il arrivé à Baby Jane ? et le cinéma d’exploitation bisseux d’Hershell Gordon Lewis. Vivement la suite !

Par Nicolas Rieux

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