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NOËL À MILLER’S POINT de Tyler Taormina : la critique du film

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Nom : Christmas Eve In Miller’s Point
Père : Tyler Taormina
Date de naissance : 11 décembre 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h46 / Poids : NC
Genre : Drame, Comédie dramatique

Livret de Famille : Matilda Fleming, Michael Cera, Francesca Scorsese

Signes particuliers : Une chronique pénible.

Synopsis : Une boule de Noël irisée, à la fois réconfortante et crépusculaire : Tyler Taormina filme un réveillon qui réunit les membres d’une famille italo-américaine de classe moyenne. Alors que la nuit avance et que des tensions éclatent, l’une des adolescentes s’éclipse avec son amie pour conquérir la banlieue hivernale.

 

NOËL EN FAMILLE

NOTRE AVIS SUR NOËL À MILLER’S POINT

Tous les signaux convergeaient pour que Noël à Miller’s Point soit précédé de cette hype qui entoure parfois ces petits films indé américains que l’on sent bien sans trop savoir pourquoi et qui vous cueillent à l’arrivée sans crier gare. Ici, un peu de festivals (une première à Cannes notamment), une hype effervescente, Michael Cera en tête connue que l’on prend toujours plaisir à croiser, la promesse d’une comédie dramatique universelle autour d’une soirée de Noël en famille, la curiosité de voir les enfants Scorsese et Spielberg se donner la réplique à l’écran… Voilà quelques éléments qui peuvent expliquer pourquoi Noël a Miller’s Point attisait une douce curiosité contenue. Tyler Taormina signe une chronique suivant la traditonnelle réunion d’une famille italo-américaine moyenne, pour Noël. Les grands parlent, les petits cousins jouent ensemble, les ados s’échappent, mamie pique du nez…

Tyler Taormina est un cinéaste clivant. On l’avait déjà noté avec son Ham on Rye en 2019, honoré d’une invitation au festival de Deauville et reçu comme un nanar insupportable par une bonne majorité des festivaliers. Noël à Miller’s Point ne devrait pas aider à revoir à la hausse la côte du jeune cinéaste américain. Ça promet « d’être une sacrée nuit » annonce un personnage avant que ne débute cette veille de Noël dans une très grande famille de l’Amérique banale. Quelques instants plus tard, Taormina nous plonge dans l’effervescence de cette soirée bruyante où quatre générations de Balsano se retrouvent pour manger, boire, rire, parler, communier.

S’il y a bien une chose que Tyler Thomas Taormina parvient à restituer, c’est la cacophonie de ces grandes réunions familiales où ça court et ça cause dans tous les sens, où les femmes parlent entre elles, où les hommes parlent entre eux, où les enfants de différents âges se retrouvent à jouer ensemble, où l’on se marre en se racontant des anecdotes, où l’on sort fumer une clope pour prendre l’air, où la remise des cadeaux vire au souk infernal, où l’on parlera forcément à un moment d’un truc de famille très sérieux, où le repas dure 250 ans, où mamie est un peu gâteuse et tonton un peu lourd. Quel joyeux enfer. Enfin, joyeux peut-être dans la réalité, mais à l’écran il ne reste que l’enfer.

Façon chronique d’une soirée qui papillonne de personnage en personnage pour dresser un semblant de portrait de famille, Tyler Taormina redéfinit la notion de calvaire cinématographique avec son interminable Noël à Miller’s Point (1h46 selon l’affichage, 4 heures selon la police du ressenti) qui ne brille que par une chose, son impressionnante capacité à brasser du vide. Objet prétentieux plus creux qu’une tasse de café terminée, ce pseudo OFNI indépendant est un assommoir qui jacte beaucoup pour rien, qui empile des dizaines et des dizaines de personnages pour rien, qui tente de convoquer la comédie décalée à consonance lunaire pour rien… C’est bien tout le problème, tout ce que le film entreprend ne mène à rien si ce n’est la sensation d’un objet arty qui se croit intelligent mais qui n’a en réalité pas grand-chose de bien passionnant à défendre.

Que cherche à nous raconter Taormina avec ce puzzle familial qui ne suit pas une intrigue définie mais qui donne plutôt dans la série de vignettes enchaînées ? Il veut nous parler avec émotion de l’importance de la famille et ces traditions familiales qui se perdent, de l’ivresse de ces grandes réunions dans la maison de toujours. Il nous parle de ces nuits magiques avec les cousins ou les copains à faire les quatre cents coups dans le trou du cul du monde ou des désaccords entre frères et sœurs. En somme, Taormina nous parle de lieux communs, comme s’il y avait rien à raconter d’autre sur cette Amérique en voie de disparition. Et le cinéaste nous l’assène sur un style postmoderne des plus insupportables. Rien ne fonctionne vraiment dans ce mélange plus que maladroit de farce, de comédie, de chronique et de drame. Ni le portrait familial dans lequel on se perd, ni la virée du côté des ados et jeunes adultes qui fait fausse, ni les notes de comédie décalée avec ces saynètes autour de deux flics bossant la nuit de Noël (dont Michael Cera), lesquelles semblent totalement déconnectées du reste du récit. Noël à Miller’s Point est vraiment le pire du cinéma indé américain moderne. Un film autocentré sur son délire qui ne dit et ne fait pas grand-chose de significatif, mais qui croit dur comme fer qu’il fait bien.

 

Par Nicolas Rieux

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