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MAIGRET de Patrice Leconte : la critique du film

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Nom : Maigret
Père : Patrice Leconte
Date de naissance : 2021
Majorité : 23 février 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h28 / Poids : NC
Genre : Policier

Livret de Famille : Gérard DepardieuJade LabesteMélanie Bernier, Aurore Clément…

Signes particuliers : Depardieu est Maigret, Maigret est Depardieu.

Synopsis : Maigret enquête sur la mort d’une jeune fille. Rien ne permet de l’identifier, personne ne semble l’avoir connue, ni se souvenir d’elle. Il rencontre une délinquante, qui ressemble étrangement à la victime, et réveille en lui le souvenir d’une autre disparition, plus ancienne et plus intime…

LE COMMISSAIRE REPREND DU SERVICE

NOTRE AVIS SUR MAIGRET

Ils ont été nombreux à avoir incarné le légendaire Commissaire Maigret, Pierre Renoir ou Jean Gabin au cinéma, Jean Richard ou Bruno Crémer à la télévision. Gérard Depardieu vient ajouter son nom à une très longue liste. Sous la direction de Patrice Leconte, l’acteur déploie son imposante stature pour se glisser dans le costume XXL du fin limier. Bonne chair, vin blanc et pipe, Leconte convoque tous les éléments associés au policier du 36 Quai des Orfèvres pour une vision plus crépusculaire autour d’un Maigret vieillissant. Un crime, une énigme à résoudre et le flegme du personnage de Georges Simenon entre en piste.
Le Commissaire Maigret n’était plus apparu dans le cinéma français depuis Maigret Voit Rouge de Gilles Grangier en 1963. Fallait-il le ressortir de son placard ? Oui. Doublement. D’abord, parce qu’il y avait encore beaucoup de choses à faire avec le personnage malgré les innombrables adaptations en France comme à l’étranger. Ensuite parce que Patrice Leconte a su s’en emparer pour livrer une vraie proposition. De l’époque de Gabin, le cinéaste garde ce rythme lent, cette mélodie minutieuse et observatrice qui écoute plus qu’elle ne se rythme. Loin des thrillers à la mode dictés par ce besoin continuel d’être dynamique, Maigret est lent, calme, précis, passionnant. De son temps, Leconte apporte autre chose, un regard mélancolique sur un personnage « d’ancien », comme un choc des cultures où un homme d’hier observe le monde d’aujourd’hui et ses mutations.

Mais si l’on voulait vraiment parler de ce qui fait la réelle spécificité du film, les regards et arguments doivent se tourner vers son interprète. Gérard Depardieu. Immense, charismatique, puissant. L’acteur dévore l’écran et offre à voir un autre Maigret, son Maigret. Frappé d’une incroyable intensité et densité, Depardieu injecte une profonde émotion intérieure au personnage et livre l’une de ses belles compositions depuis longtemps. Tout en nuance, il est un homme marqué par un deuil, marqué par la vie, marqué par ses expériences, marqué par l’âge.

Le récit est très classique, peut-être même un peu trop balisé dira t-on, l’enquête demeurant somme toute assez prévisible. Le spectateur a souvent un temps d’avance sur le commissaire (ou plutôt sur le film) et l’on n’aurait sans doute pas boudé notre plaisir devant un suspens un peu plus aiguisé et entretenu. Mais il n’est pas le seul centre de gravité du film fort heureusement. Et de se dire que finalement le meilleur visage de ce Maigret 2022 n’est pas tant son investigation peu haletante mais plutôt le portrait d’un policier fatigué, usé par des années de crimes et de métier. Un portrait pétri d’humanité et de sensibilité. Un portrait qui, en filigrane, n’est pas sans rappeler celui de Depardieu lui-même, qui par moments se fond étrangement dans son personnage. C’est d’ailleurs l’autre regret qu’inspire le film. A l’heure où l’on pointe souvent du doigt les « longueurs » qui affaiblissent les récits contés, Maigret souffre du problème inverse, un manque d’étoffe. Il aurait gagné à être plus corpulent, plus long, plus développé, plus fouillé.

Par Nicolas Rieux

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