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LES INTRANQUILLES de Joachim Lafosse : la critique du film [Cannes 2021]

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Spectateurs

Carte d’identité :

Nom : Les Intranquilles
Père : Joachim Lafosse
Date de naissance : 2020
Majorité : 29 septembre 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h58 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Leïla Bekhti, Damien Bonnard, Gabriel Merz Chammah

Signes particuliers : Deux comédiens au sommet dominent un film remarquable.

 

 

LA VIE N’EST PAS UN LONG FLEUVE TRANQUILLE

NOTRE AVIS SUR LES INTRANQUILLES

Synopsis : Leila et Damien s’aiment profondément. Malgré sa fragilité, il tente de poursuivre sa vie avec elle sachant qu’il ne pourra peut-être jamais lui offrir ce qu’elle désire.

Depuis des années le cinéma de Joachim Lafosse ne manque pas d’intérêt. On attendait seulement de voir le cinéaste livrer un jour son plein potentiel dans un film vraiment abouti. C’est désormais chose faite avec Les Intranquilles, sélectionné en compétition officielle au dernier festival de Cannes. Le film n’y a rien remporté et c’est bien dommage tant ce drame emmené par Damien Bonnard (Les Misérables) et Leila Bekhti avait l’étoffe de la belle surprise qui aurait pu enflammer le palmarès. Joachim Lafosse y narre le quotidien d’un couple uni. Tout semble presque parfait en surface, mais l’on sent en sourdine que quelque chose ne va pas, comme un sentiment palpable caché derrière l’apparente normalité. A juste titre, car Damien est en réalité bipolaire.

Curieuse dynamique que celle des Intranquilles, film qui prend son temps pour tricoter son histoire. Un peu trop même, au point que l’on serait presque tenté à mi-parcours d’appeler un loueur d’enjeu pour en apporter un d’urgence à un récit qui semble aller nulle part. Puis le point de rupture arrive, enfin. Tout change, tout bascule. Cette heure qui semblait si vide et interminable se révèle en fait comme une toile d’araignée en cours de tissage. Piégé, le spectateur est alors ferré, soumis à une chronique dramatique qui brusquement se charge en tension insoutenable, assujetti à la peur de ce qu’il pourrait se passer, pétrifié par l’angoisse d’une possible tragédie comme finalité. Sans jamais verser dans un quelconque misérabilisme, pas plus qu’il n’appuie ou ne surligne à coup d’effets l’insoutenable quotidien qu’il dépeint, le film de Joachim Lafosse joue une partition quasi impeccable. Certes, les impatients pourront lui reprocher ses longueurs mais elles apparaissent finalement nécessaires pour bien imposer la complexité de la situation vécue à l’écran. Dans la maladie, on pense souvent au premier concerné, le malade qui souffre. On en oublie trop souvent les victimes collatérales, cet entourage souvent dévoué qui assume, encaisse, survit, flirtant avec la rupture, craquant parfois. Si le titre du film de Lafosse est au pluriel, ce n’est pas pour rien. C’est parce qu’il inclut dans ce regard sur la bipolarité, le malade et ceux qui endurent, femme, enfants, parents. On pense de très loin au modeste La Forêt de mon père de Vera Cratzborn avec Alban Lenoir. De loin seulement car Les Intranquilles est plus juste, plus fort, plus total. Au sommet de ce drame caillouteux, deux comédiens. Damien Bonnard qui donne dans la performance habitée et surtout Leïla Bekhti qui livre (encore) une composition XXL dans un rôle difficile. Dans le rôle (plus difficile) de la résiliente qui subit, du miroir face à la maladie, l’actrice est d’une subtilité et d’une puissance qui confirme ce que l’on sait déjà : elle est devenue aujourd’hui, l’une des plus grandes comédiennes du cinéma français.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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