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LA FORÊT DE MON PÈRE de Vero Cratzborn : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : La Forêt de mon Père
Mère : Vero Cratzborn
Date de naissance : 2020
Majorité : 08 juillet 2020
Type : sortie en salles
Nationalité : Belgique
Taille : 1h31 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Léonie Souchaud, Ludivine Sagnier, Alban Lenoir…

Signes particuliers : Un drame familial juste et poignant.

UN PÈRE AU BORD DU PRÉCIPICE

NOTRE AVIS SUR LA FORÊT DE MON PÈRE

Synopsis : Gina, 15 ans, grandit dans une famille aimante en lisière de forêt. Elle admire son père Jimmy, imprévisible et fantasque, dont elle est prête à pardonner tous les excès. Jusqu’au jour où la situation devient intenable : Jimmy bascule et le fragile équilibre familial est rompu. Dans l’incompréhension et la révolte, Gina s’allie avec un adolescent de son quartier pour sauver son père.

 

Pour son premier long-métrage de fiction après cinq courts et deux documentaires, la réalisatrice belge Vero Cratzborn s’entoure de Ludivine Sagnier et Alban Lenoir pour La Forêt de mon Père, un drame émouvant s’immisçant dans l’intimité d’une famille en apparence heureuse et unie, mais lentement minée de l’intérieur par l’instabilité psychologique d’un père qui petit à petit, bascule. Un glissement observé à travers le regard de Gina, une jeune adolescente de 15 ans qui essaie de tenir les choses. Ce sujet douloureux, la metteur en scène le connaît bien, elle qui explique avoir « grandi dans ce qu’on appelle la folie, ce mal étrange dont a toujours souffert mon père. La folie, c’était ma normalité.« 

Présenté dans plusieurs festivals en Belgique, La Forêt de mon Père a souvent fait mouche. Quoi de plus normal pour cette petite pépite dont l’humilité n’a d’égale que la justesse et la pudeur avec laquelle sa réalisatrice approche son histoire. Porté par des comédiens exceptionnels qui y sont pour beaucoup dans la réussite du projet (formidable Léonie Souchaud et très bons Alban Lenoir et Ludivine Sagnier), La Forêt de mon Père traite de l’irruption de la folie dans une cellule familiale et surtout de l’amour qui va tenter de lui répondre et de la combattre. Cet amour est difficile dans ces cas-là, il est malmené, pointé du doigt, il est exigeant, tantôt douloureux tantôt magnifique. Mais il est là. Pour l’adolescente qu’est Gina, son père est tout, un homme fantasque, imprévisible, un peu borderline certes, mais il n’est pas fou. Il est juste différent. C’est tout le problème avec la folie, c’est une maladie que l’on ne voit pas, spectre invisible qui ne montre pas quand il commence ni quand il finit. L’équilibre familial que scrute le film est sans cesse soumis à un mot : fragile. Tout est fragile, ce père incertain, la cohésion de ce microcosme, l’amour inconditionnel des uns et des autres… Tout est à la fois solide et prêt à s’effondrer.

C’est avec une grande sensibilité que Vera Cratzborn brosse ce portrait profondément attachant et surtout émouvant. Le fait d’avoir choisi l’angle d’une adolescente comme vecteur du regard du spectateur, lui apporte un ton inattendu. Un regard d’adulte aurait tout de suite tiré le film sur le terrain de la dureté sombrement réaliste. Un regard d’enfant lui aurait peut-être trop ôté de sa gravité. L’entredeux de l’adolescence est parfait, offrant au film exactement ce dont il avait besoin vis-à-vis de ce qu’il racontait à savoir un mélange de tendresse, de compréhension et de refus d’une réalité. Le basculement du père accompagne le changement d’âge d’une jeune fille pas tout à fait sortie de la naïveté de l’enfance mais commençant à appréhender le sérieux du regard adulte. Un entredeux qui colle bien à ce père tour à tour raisonné ou perdu.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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