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LE TEMPS DES SECRETS de Christophe Barratier : la critique du film

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Nom : Le Temps des Secrets
Père : Christophe Barratier
Date de naissance : 2021
Majorité : 23 mars 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Familial

Livret de Famille : Léo CampionGuillaume De TonquédecMélanie Doutey, François-Xavier Demaison

Signes particuliers : Rien de neuf sous le soleil de Pagnol. 

Synopsis : Adaptation du Temps des secrets (troisième tome des Souvenirs d’enfance) de Marcel Pagnol. Marseille, juillet 1905. Le jeune Marcel Pagnol vient d’achever ses études primaires. Dans trois mois, il entrera au « lycée ». Trois mois… une éternité quand on a cet âge. Car voici le temps des vacances, les vraies, les grandes ! Enfant de la ville, ce retour tant attendu à ses chères collines d’Aubagne et d’Allauch, celles de « La Gloire de mon père » et « Le Château de ma mère » le transporte de bonheur. Il y retrouve la nature, les grands espaces et surtout son ami Lili toujours prêt à partager de nouvelles aventures, à l’âge où le temps de l’insouciance laisse place à celui des secrets.

RETOUR DANS LES COLLINES DE PROVENCE

NOTRE AVIS SUR LE TEMPS DES SECRETS

On connaît bien le cinéma de Christophe Barratier depuis le temps des Choristes et autre Guerre des Boutons. Sa mélodie pleine d’emphase, son regard idéalisant un autre temps, sa confection gentiment naphtalinée, son caractère réconfortant… Un style joliment ampoulé qu’il calque aujourd’hui à l’œuvre de Marcel Pagnol en se replongeant dans son anthologie Souvenirs d’enfance (composée notamment de La Gloire de Mon Père et du Château de la Mère). Plus précisément, c’est sur Le Temps des Secrets que s’est penché le metteur en scène, le troisième tome de la saga nostalgique de Pagnol. Un tome qu’Yves Robert avait déjà repris pour Le Château de Ma Mère, film qui mélangeait à la fois le tome éponyme et Le Temps des Secrets justement. Et c’est bien là tout le problème.

 

Pour être honnête, on n’a pas vraiment compris le projet artistique de Christophe Barratier sur ce coup. Certes, le cinéaste signe un film tendre et joliment fait mais qui, cinématographiquement parlant, n’apporte strictement rien de plus aux deux chefs-d’œuvre d’Yves Robert. Au contraire. La quasi même histoire est re-contée, les mêmes images des collines provençales défilent sous nos yeux, le même parfum de thym et de romarin embaume les esprits, les mêmes scènes se répètent… mais en moins bien. La comparaison est facile et surtout handicapante pour Christophe Barratier, on en convient. Mais comment se détacher des classiques d’Yves Robert que l’on a vu et revu, que l’on a tant aimé et avec lesquels on a (presque) tous grandi ? Cette référence surimposante est aussi écrasante qu’assassine pour la tentative du réalisateur. La joliesse est moindre, la douceur est moindre, l’émotion est moindre, le regard tendre et naïf est moins fort, la musique est moins enivrante, les acteurs sont moins bons (tout volontaire qu’il soit, FX Demaison ne peut par exemple pas tenir la comparaison avec Didier Pain dans le rôle de l’Oncle Jules). Est-ce parce que l’on n’est pas parvenu à se détacher du souvenir des films de notre enfance ? Peut-être. Ou peut-être qu’objectivement, Barratier n’a pas le talent d’Yves Robert. La compréhension de l’œuvre de Pagnol, oui éventuellement, le talent de conteur d’Yves Robert, probablement pas.

 

C’est en tout cas tout le souci avec cette entreprise dont on ne questionnera pas la sincérité de fond mais qui échappe à la critique rationnelle. Cette histoire, ces images, ces personnages, on ne les connaît trop bien. Et on sait tous pertinemment, que reproduire une Madeleine de Proust est quasi impossible. Alors oui, Barratier adapte le troisième tome de la saga de Pagnol, qui en soi n’a jamais été adapté seul, Yves Robert en son temps ayant incorporé la majeure partie de son intrigue dans Le Château de ma Mère (toute l’histoire du premier amour avec la jolie Isabelle de Montmajour). Reste donc une autre petite partie du film qui pourra paraître « nouvelle » mais elle semble faire avec les restes. Enfin, on entend d’ici l’argument lointain clamant « Mais c’est pour les nouvelles générations ». Traduction… qui ne connaîtraient pas les films de 1990 ? Sauf qu’ici, Barratier fait référence à des éléments provenant de La Gloire de Mon Père et du Château de ma Mère… en supposant visiblement que le public les connaissent et qu’il n’y ait pas besoin de les répéter. Sauf que si le public les connaît, c’est très certainement via les films précédents et s’il connaît les films précédents, alors il connaîtra la majeure partie du contenu de celui-ci. Définitivement, l’entreprise est bancale en plus de ne pas parvenir à ressusciter la magie de jadis.

Par Nicolas Rieux

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