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HALLOWEEN KILLS de David Gordon Green : la critique du film

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Spectateurs

Carte d’identité :

Nom : Halloween Kills
Père : David Gordon Green
Date de naissance : 2021
Majorité : 20 octobre 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h46 / Poids : NC
Genre : Horreur

Livret de Famille : Jamie Lee CurtisJudy GreerAndi Matichak

Signes particuliers : Autant le premier était fun et jouissif, autant ce second volet est un beau ratage.

 

 

HALLOWEEN KIFF ?

NOTRE AVIS SUR HALLOWEEN KILLS

Synopsis : Laurie Strode, sa fille Karen et sa petite fille Allyson viennent d’abandonner le monstre au célèbre masque, enfermé dans le sous-sol de la maison dévorée par les flammes. Grièvement blessée, Laurie est transportée en urgence à l’Hôpital, avec la certitude qu’elle vient enfin de se débarrasser de celui qui la harcèle depuis toujours. Mais Micheal Myers parvient à s’extirper du piège où Laurie l’avait enfermé et son bain de sang rituel recommence. Surmontant sa douleur pour se préparer à l’affronter encore une fois, elle va inspirer la ville entière qui décide de l’imiter et de se soulever pour exterminer ce fléau indestructible. Les trois générations de femmes vont s’associer à une poignée de survivants du premier massacre, et prennent les choses en main en formant une milice organisée autour de la chasse et la destruction du monstre une fois pour toutes. Le mal meurt cette nuit.

Depuis 1978 et le chef-d’œuvre de John Carpenter, la saga Halloween a connu de nombreux hauts et bas entre suites décentes ou piètres opus suceurs de moëlle. Puis il y a le renouveau Rob Zombie et ses deux films appréciés de beaucoup. Et enfin la résurrection hommage signée David Gordon Green. En 2018, le cinéaste pond le 11eme volet de la saga pour son 40eme anniversaire. John Carpenter revient à la production, Jamie Lee Curtis revient au casting. Pensé comme une suite directe au premier, le film (que l’on avait très fermement défendu chez Mondociné) avait fait le choix de revenir à l’essence de l’originel, quitte à le copier un peu par moments. Mais le résultat était foutrement emballant, brutal, sanglant, jouissif. Sous-traitée chez Jason Blum, l’affaire sera un succès mondial. De quoi vite enclencher une suite que Gordon Green dirige à nouveau, encore avec Big John à la production, encore avec Jamie Lee Curtis dans la distribution. On jubilait d’avance.
Sauf que ce deuxième épisode de ce qui sera une trilogie (Halloween Ends est prévu pour l’année prochaine) va vite révéler son visage de cruelle déception. Dès le générique et la musique emblématique de Carpenter, on avait envie d’aimer follement cet Halloween Kills. Dès sa scène d’introduction se reconnectant à l’inaugural La Nuit des Masques, on avait de gros espoirs. Mais au fil des minutes, l’envie d’aimer -comme dirait Daniel Levi- va s’estomper devant une bien triste réalité : Halloween Kills est raté. Et c’est d’autant plus regrettable qu’il regorge d’idées pourtant très intéressantes. Mais systématiquement, David Gordon Green va les traiter selon les lois d’un grotesque assassin. Il arrive de rire devant Halloween Kills, mais généralement à ses dépens tant le film sombre dans un comique involontaire qui finit d’ailleurs par agacer au plus haut point car le gâchis est immense. En cause, des personnages d’une débilité consternante à l’image de leurs actions qui n’ont aucun sens. La seule chose de bien les concernant, c’est qu’Halloween Kills empile les meurtres avec la frénésie d’une influenceuse beauté lors d’une vente privée chez Séphora. Et comme la grande majorité des personnages sont littéralement insupportables (y compris -et c’est peut-être le pire- Laurie Strode/Jamie Lee Curtis), le carnage n’en est que plus savoureux tant on meurt d’envie de les voir crever vite et si possible, dans d’atroces souffrances pour qu’ils la ferment une bonne fois pour toute.
Michael Myers version ninja martial, fallait oser…
Sauf que le carnage évoqué, aussi fun et jubilatoire soit-il, pose un autre problème. Alors que David Gordon Green clame sa volonté de se reconnecter aux sources d’Halloween, ce nouvel opus traduit pourtant un profond éloignement d’envers l’essence même du classique originel de John Carpenter où la tension avait bien plus d’importance (et d’impact) que la quantité de morts. Quand on y repense, il n’y avait pas une avalanche de trucidés dans le film de 1978. Version 2021, l’angoisse s’évapore sous une course tonitruante aux meurtres. Plus il y en a, plus il en faut. Halloween Kills n’arrête jamais et se prive ainsi de toute installation d’une vraie densité terrifiante, en plus de parfois sacrifier le côté froid et méthodique de Michael Myers pour en faire un excité du sanglant. Mais la vraie trahison viendra plus tard, quand le cinéaste franchit la ligne rouge en faisant tomber le masque. Michael Myers n’a pas de visage, c’est le Mal à l’état pur incarné dans un croquemitaine quasi fantomatique. Certes, la caméra évite le frontal mais on en voit trop, beaucoup trop. Et ça, c’est un gros non. Michael Myers devait rester dans l’imaginaire et non dévoiler sa coupe de cheveux. Anecdotique peut-être diront certains pas pour les puristes.
On ne décolère pas et c’est d’autant plus rageant que sur le principe, le scénario d’Halloween Kills partait en effet de bonnes idées/trouvailles pour injecter de la fraîcheur à la saga et lui donner une direction un peu nouvelle. Reprenant directement le fil du précédent et enchaînant exactement là où l’on en était resté, Gordon Green imagine une ville toute entière décider à changer les règles du jeu et à combattre le Mal en face une bonne fois pour toute. D’ordinaire traqueur, Michael Myers deviendrait le traqué. Le renversement était malin dans l’intention, renforcé par des accrochages scénaristiques au film de 1978 pour amener des personnages à la fois inconnus jusqu’ici mais non-étrangers à l’univers. Sauf que voilà, Gordon Green sabote tout cela par une constante exagération ridicule, filmant la « folie ambiante » avec la finesse d’un lamantin en surpoids. Tout part de travers, le film donne l’étourdissante sensation d’être un enchaînement de séquences déconnectées dans un magma bancal et furieusement brouillon, et le risible touche son point d’orgue quand le film tente de flirter avec une symbolique politique sur l’Amérique trumpiste dans un final servi à la louche. A l’arrivée, on se retrouve avec un film que l’on voudrait aimer. Mais l’envie se casse les dents sur une réalité tristement évidente : c’est pas bon, c’est bâclé, c’est grotesque (mention au couple homo à hurler de connerie). Et puis bordel, qu’est-ce que c’est mal joué !!
Même en photo les mecs jouent mal…
Opus le plus violent jamais réalisé dans l’histoire de la franchise (si l’on s’en tient au nombre de cadavres), Halloween Kills est un « film du milieu » dans une trilogie et ça se sent dans sa structure à l’équilibre désastreux alors qu’il partage son temps entre renvois au précédent et préparation de ce qui va arriver. Espérons que ce sera le moins inspiré et que le niveau remontera vite sur le prochain car la pilule a du mal à glisser tant le film est schizophrène : pour des meurtres fendards, un scénario complètement idiot et confus.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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