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HALLOWEEN (2018) de David Gordon Green : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Halloween
Père : David Gordon Green
Date de naissance : 2018
Majorité : 24 octobre 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h49 / Poids : NC
Genre
: Slasher, Horreur

Livret de famille : Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Will Patton, James Jude Courtney, Virginia Gardner, Haluk Bilginier, Andi Matichak…

Signes particuliers : Le meilleur volet de la saga depuis le premier !

LE MAÎTRE DU CARNAGE EST DE RETOUR !

LA CRITIQUE DE HALLOWEEN

Synopsis : Laurie Strode est de retour pour un affrontement final avec Michael Myers, le personnage masqué qui la hante depuis qu’elle a échappé de justesse à sa folie meurtrière le soir d’Halloween 40ans plus tôt.

C’est un anniversaire qui n’échappera sans doute pas aux amateurs de cinéma de genre, voire de cinéma en général. En cette année 2018, Michael Myers fête ses 40 ans et le boogeyman culte jadis créé par John Carpenter et Debra Hill organise une gigantesque teuf sanglante du côté d’Haddonfield en s’offrant un nouveau retour à l’écran, onze ans après que Rob Zombie l’ait ressuscité pour les besoins de ses deux reboot semi-réussis. Cela faisait un bout de temps que les productions horrifiques qui sortaient au cinéma pour les fêtes d’halloween n’étaient franchement pas bandantes mais cette année, on oublie tout, le maître du carnage refait surface couteau à la main, avec sa sœur Laurie Strode dans le viseur. Et parce qu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, l’iconique Jamie Lee Curtis l’accompagne dans son comeback pour un nouvel affrontement familial qui s’annonçait dantesque. Produit par Jason Blum et réalisé par un David Gordon Green dont la carrière est de plus en plus imprévisible (Joe, Manglehorn, Stronger), Halloween version 2018 est une tuerie dans tous les sens du terme. C’est la troisième bonne nouvelle de l’histoire, et c’est cadeau !

Trois options s’offraient à David Gordon Green en s’attaquant au revival d’Halloween. Première option, se ranger derrière les codes de la néo-horreur adolescente sans trop se casser les reins pour pondre un film hors des standards modernes et attendre le succès tranquille que rencontrent les productions Blumhouse formatées. Deuxième option, essayer de réinventer le slasher, chose très périlleuse car beaucoup ont essayé et peu nombreux y sont parvenus. Dernière option, revenir à la base, au film de papa Carpenter, et lui offrir la digne suite qu’il n’a jamais eu, quoique Halloween II était loin d’être l’opus le plus honteux de la franchise. C’est le dernier choix qu’a fait Gordon Green, celui de se reconnecter au film originel et matriciel, et marcher à ses côtés quitte à le copier un peu en essayant de gentiment en moderniser la facture, voire l’essence. Certains seront peut-être un peu déçus de la direction choisie en arguant un exercice qui ne se foule pas (un peu comme de ce qu’on a pu lire au sujet de Star Wars 7 à sa sortie) mais force est de constater qu’en limitant les prises de risques et en s’appliquant à travailler sur des valeurs sûres, Gordon Green a fait un choix censé pour un résultat qui fonctionne.

Brutal, sanglant, tendu et jubilatoire, cet Halloween 2018 réunit tous les ingrédients que l’on espérait retrouver pour accompagner le comeback de Michael Myers, lequel balaie au passage toutes les suites navrantes commises depuis puisqu’il s’impose comme une suite directe au film de 1978, faisant fi des inepties qui l’ont suivi. La présence de Big John Carpenter à la production a sans doute aidé à remettre un peu d’aplomb dans ce sacré bordel narratif parti sacrément en quenouille au fil des années. Chose intéressante, ce retour de Michael Myers s’affirme dans un intelligent entre-deux entre le respect extrême de l’original et la volonté de renouveler certains de ses codes et son approche. Par exemple, adieu l’idée du symbolisme phallique du couteau pénétrant (à ce titre, la seule scène de nudité à attendre est un extrait du premier Halloween !) et bienvenue à une réalité plus moderne où le tueur ne s’en prend plus à des proies isolées mais opère à la vue de tous, dans la masse. Une nouvelle représentation qui, en un sens, symbolise l’Amérique d’aujourd’hui et ses démons qui opèrent au grand jour mais que l’on ne repère que trop tard, quand le drame a eu lieu. Et puisque l’on en est à parler de modernité, on s’amusera aussi du petit commentaire glissé en fond sur le nouvel Hollywood féminisé (sans qu’il n’écrase toutefois le film de son idéologie), lequel ancre ce comeback dans son temps avec des femmes héroïnes revanchardes qui remplacent des hommes effacés.

Thématiquement, Halloween a un peu changé mais côté plaisir slasheresque, on s’y retrouve très vite. Dès les premières secondes, c’est une excitation nostalgique qui jaillit à l’écran avec ce générique old school, cette citrouille accompagnée de la flippante mélodie horrifique créée par Carpenter lui-même il y a 40 ans, et qui marche toujours aussi bien. Derrière, Gordon Green s’applique à construire une intrigue simple, crédible et efficace, limitant les clins d’œil geek faciles à quelques références intelligemment placées, imaginant un Michael Myers enfermé dans un asile depuis 40 piges et une Laurie Strode traumatisée et névrosée qui n’a jamais cessé de se préparer à son éventuel retour. Et l’attente valait la chandelle tant l’affrontement entre la machine à tuer jusqu’ici endormie et la femme badass sur-préparée va prendre un accent épique dans ce nouveau périple meurtrier dont le carnage ne va pas être filmé à grands renforts d’un montage excité, mais plutôt à travers de longues séquences brutes de décoffrage, laissant parler la violence implacable du roi des boogeyman.

Mieux, derrière la simple euphorie de retrouver un slasher de qualité et des personnages que l’on adore, Gordon Green ne se contente pas d’une simple balade sanglante sans apport. Outre ses idées thématiques évoquées plus haut, le cinéaste essaie également de creuser un peu le mythe Michael Myers en soulevant quelques interrogations psychologiques intéressantes. Croque-mitaine et pure incarnation du Mal ou sociopathe complexe, Michael Myers est-il intérieurement motivé par des pulsions/émotions ou frappe t-il au hasard sans conscience ? La question est intéressante car elle n’a quasiment jamais été soulevée dans la saga et ce regard va quelque part humaniser le monstre au masque, un peu comme Tobe Hooper avait tenté furtivement d’humaniser son Leatherface dans Massacre à la Tronçonneuse au détour de quelques plans géniaux. En bref, cet Halloween 2018 est une belle réussite, peut-être le meilleur opus depuis le chef-d’œuvre originel de Carpenter. Un opus à l’intrigue qui se tient, un opus qui n’oublie pas d’être angoissant, un opus qui n’esquive pas le gore barbare (mon dieu la scène de la station service !!). Confirmation : 40 ans après, Michael Myers est toujours le maître.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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