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BUZZ L’ECLAIR de Angus MacLane : la critique du film

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Spectateurs


Nom : Buzz Lightyear
Père : Angus MacLane
Date de naissance : 2021
Majorité : 22 juin 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h49 / Poids : 200 M$
Genre : Animation, SF

Livret de Famille : Avec les voix de François CivilChris EvansLyna Khoudri

Signes particuliers : Echec de la mission. 

Synopsis : La véritable histoire du légendaire Ranger de l’espace qui, depuis, a inspiré le jouet que nous connaissons tous. Après s’être échoué avec sa commandante et son équipage sur une planète hostile située à 4,2 millions d’années-lumière de la Terre, Buzz l’Eclair tente de ramener tout ce petit monde sain et sauf à la maison. Pour cela, il peut compter sur le soutien d’un groupe de jeunes recrues ambitieuses et sur son adorable chat robot, Sox. Mais l’arrivée du terrible Zurg et de son armée de robots impitoyables ne va pas leur faciliter la tâche, d’autant que ce dernier a un plan bien précis en tête…

 

AUX ORIGINES DU BUZZ

NOTRE AVIS SUR BUZZ L’ECLAIR

Après trois films directement sortis sur la plateforme Disney+, quoi de plus logique pour le studio à la lampe, de revenir aux sources pour sa première aventure au cinéma depuis En Avant ? Et c’est le célèbre Buzz l’Éclair qui inaugure ce retour. Mais attention, pas le célèbre jouet découvert il y a plus de 25 ans dans Toy Story et qui nous a émus à travers quatre films. Cette fois-ci, il s’agit de voir le vrai-faux film à l’origine du mythe, celui qui a émerveillé le personnage d’Andy lorsqu’il était enfant. Après s’être échoué sur une planète hostile avec son équipage, Buzz tente par tous les moyens de ramener ses amis « à la maison ». Mais au fur et à mesure de ses tentatives, la menace de Zurg se fait grandissante.

Cela fait quelques années que Pixar a dû mal à marquer les esprits. Depuis Vice-Versa en 2015, seules quelques productions ont réussi à sortir du lot (Coco, Soul, Luca) et ce Buzz l’Éclair vient malheureusement enrichir cette liste de déceptions. Il est le constat que, parasité par Disney, le studio à l’origine de Nemo, Wall-E ou Toy Story 3 n’arrive pas à renouveler son cheptel de talents et s’enfonce tête baissée dans la production de masse interchangeable.

Le cas de Buzz l’Éclair a pourtant sa spécificité. Dans sa volonté de démystifier une icône du cinéma d’animation américain, Angus MacLane, déjà coréalisateur du (pas fou) Monde de Dory, avait choisi un point de vue intéressant. Plutôt qu’un banal spin-off sur un personnage connu de tous, il s’intéresse à l’origine du mythe, en redéfinissant ses manières et sa personnalité. Dès lors, le concept intrigue autant qu’il inquiète : comment dissocier le personnage d’origine de sa fausse inspiration ? Jusqu’où peut-on aller dans sa déconstruction, tout en respectant le cahier des charges de Disney ? Autant de questions que les scénaristes et animateurs ont, sans nul doute, retourné dans tous les sens. Mais les réponses apportées ne sont toutefois pas à la hauteur.

La première dissonance vient de la structure du film. Bien que rythmé au cordeau grâce à de nombreuses scènes d’action, l’œuvre souffre d’un manque d’équilibre entre adrénaline pure et séquences de développement. Outre les personnages plutôt bien caractérisés, c’est du côté de l’histoire que le problème se fait ressentir. Tant est si bien que Pixar réussit l’exploit de réaliser un film sur un aventurier spatial…sans aucune aventure spatiale. Les scénaristes ayant fait l’étrange choix de faire stagner l’intrigue sur une unique planète, avec seulement quelques lieux à se mettre sous la dent. Pire encore, les rebondissements semblent expédiés, puisqu’entre un twist et sa résolution, il ne se produit qu’une quinzaine de minutes. Cette impression de récit programmatique est également renforcée par le manque criant de développement de thèmes pourtant majeurs : la transmission, le dépassement de soi et être une meilleure version de soi-même.

L’ensemble n’est d’ailleurs pas rattrapé par sa mise en scène. Écrasé sous ses évidentes références (de 2001 : l’Odyssée de l’espace à Interstellar, les animateurs ont bien révisé leurs classiques), Buzz l’Éclair ne réussit jamais à inspirer le moindre frisson d’aventure. Le cadre spatial, pourtant propice aux bouleversements des sens et aux questionnements métaphysiques, n’est ici qu’un décorum artificiel. Hormis une poignée de sous-séquences d’action qui utilisent à raison ses spécificités (avec quelques jolis jeux de lumière et de design sonore), rien n’a moins d’attrait que l’immensité d’étoiles lointaines qui nous est dévoilée. Seul le montage énergétique, qui paraîtra toutefois épuisant pour certains, permet de s’impliquer dans des scènes d’action ordinaires et sans panache.

Tout cela tend à symboliser la transformation de Pixar et, a fortiori, de la méthode Disney de ces dix dernières années. Désormais pensées comme des contenus susceptibles d’alimenter les plateformes de S-VOD, les productions s’enchaînent et se ressemblent pour, à terme, ne plus vraiment marquer les esprits. S’il subsiste toujours chez Pixar sa verve psychédélique et fantasmagorique, notamment grâce à ses figures de proue (Soul de Pete Docter, également président de Pixar), il faut désormais compter sur d’autres studios que celui aux grandes oreilles pour que les adeptes d’animation y trouvent leur compte à Hollywood. On pense à des œuvres comme Spider-Man : New Generation ou Les Michell contre les machines, qui, si elles ne sont forcément pour tout le monde, proposent suffisamment d’idées pour satisfaire pleinement enfants comme adultes. De l’autre côté, les productions comme Buzz l’Éclair préfère tirer sur la corde la moindre parcelle de créativité qui avait fait les beaux jours de studios comme Pixar, pourtant reconnu dans ses premières années, comme l’un des fleurons artistiques de sa catégorie.

Spectacle carré, divertissant et parfois même amusant, Buzz l’Éclair n’est jamais à la hauteur des ambitions qui avaient été posées sur lui. Ratant complètement le coche de l’aventure spatiale, il préfère se contenter d’une avalanche de séquences d’action plutôt que d’interroger son mythe et de comprendre ce qui en faisait sa force. Malgré son concept intéressant et l’intelligence de ne jamais jouer la carte de la bête nostalgie, ce 26e film de l’écurie Pixar, à l’image des dernières œuvres de la firme, sera rapidement oublié. De cette nouvelle déception démontre l’incapacité de la nouvelle garde du studio à s’affranchir de ses aînés, avec des films académiques et manquant cruellement d’émotions.

 

Par Louis Verdoux

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