Carte d’identité :
Nom : Under the Shadow
Père : Babak Anvari
Date de naissance : 2017
Majorité : 07 janvier 2017
Type : Sortie VOD
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h24 / Poids : NC
Genre : Épouvante
Livret de famille : Narges Rashidi, Bobby Naderi, Arash Marandi…
Signes particuliers : Un film d’horreur politique croisant portrait de l’Iran et cinéma de genre.
DANS LES MURS DE LA TERRIFIANTE IRAN
LA CRITIQUE DE UNDER THE SHADOW
Résumé : Téhéran, 1988. Shideh, mariée et mère d’une petite fille, va débuter une école de médecine. Son mari est appelé au front durant la Guerre entre l’Iran et l’Irak. Shideh se retrouve alors seule avec sa fille. Mais bien vite celle-ci commence à avoir un comportement troublant et semble malade. La mère se demande alors si sa fille n’est pas possédée par un esprit…
Curieuse bête de festival que ce Under the Shadow, première réalisation de Babak Anvari, cinéaste britannique d’origine iranienne. Remarqué à Sundance, puis à Gérardmer, cette petite production d’épouvante tournée à l’économie, s’éloigne autant des productions hollywoodiennes au formatage aseptisé, qu’elle ne s’approprie leur mécanique et leurs codes à la mode, avant de les reformuler dans une proposition antinomique, entre le déjà-vu et l’inédit. Avec son histoire de djinns venant troubler le petit cocon d’une famille de Téhéran déjà bousculée par les troubles qui rugissent au dehors dans une Iran malmenée à la fin des années 80, Under the Shadow recycle des motifs que l’on connaît par cœur. Phénomènes étranges, bruits inquiétants, apparitions furtives frissonnantes, ambiance stressante, montées d’anxiété malicieusement fondées sur des petits riens… Les amateurs de cinéma d’épouvante reconnaîtront toute la panoplie des astuces angoissantes employés par le cinéma d’horreur actuel, plus particulièrement celui désargenté mais qui tente de se montrer sous un jour efficace en recourant à des parades destinée à faire illusion. Rien de neuf, en somme. Mais l’intelligence de Babak Anvari est d’avoir su contourner son absence de moyens et son « recyclage » formel, en associant sans arrêt ses effets de terreur et son récit horrifique, à un symbolisme faisant de chaque motif peu inventif, une illustration politico-sociale de la société iranienne d’hier et encore d’aujourd’hui. Ainsi, la menace extérieure avec la guerre (contre l’Irak) et l’oppression étatique s’invitent dans les murs du foyer, ces mêmes murs qui se fissurent à l’image de l’équilibre de cette famille désormais mal considérée par le Gouvernement post-révolution, la peur vient s’immiscer dans le quotidien, la pression des lois traditionalistes se transforme en une oppression psychologique, le sentiment de panique face au surnaturel résonne à celui, plus rationnel, lorsque sonnent les alarmes de prévention anti-bombardements… Et Under the Shadow d’arriver ainsi à trouver une certaine originalité dans sa non-originalité.Au final, Under the Shadow vaut plus pour l’utilisation du cadre dans lequel il insère son récit d’épouvante (une Iran coincée entre désir de modernité et poids des traditions étouffant) que pour ses réelles qualités en tant que film de genre. Ce qui séduit dans le long-métrage atypique d’Anvari, c’est la manière dont il joue avec les codes du film d’horreur ultra-classique et le portrait de la société iranienne. S’il avait su faire preuve de davantage d’audace dans son traitement horrifique, on aurait tenu une formidable pépite. En l’état, le film en reste au stade de curiosité intéressante mais pas totalement réussie, gênée par ses longueurs et la faiblesse de sa proposition purement horrifique.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux