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UNE FEMME HEUREUSE de Dominic Savage : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : The Escape
Père : Dominic Savage
Date de naissance : 2018
Majorité : 25 avril 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h38 / Poids : NC
Genre
: Drame

Livret de famille : Gemma Arterton, Dominic Cooper, Frances Barber, Jalil Lespert…

Signes particuliers : Magnifique Gemma Arterton.

LA ROUTINE ASSASSINE

LA CRITIQUE DE UNE FEMME HEUREUSE

Résumé : Tara est une jeune mère qui vit dans la banlieue de Londres. Femme au foyer, elle passe ses journées à s’occuper de ses enfants, de la maison et à attendre le retour de son mari le soir. Cette vie calme et rangée lui pèse de plus en plus, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus supporter sa situation. Elle commence à se promener dans Londres, redécouvre le plaisir de s’acheter des livres, et songe à suivre des cours d’art. Son mari Mark, qui travaille dur chaque jour, ne comprend pas ses nouvelles envies. Tara prendra sur elle jusqu’au jour où, acculée, elle pensera à changer de vie. 

Vous vous souvenez du jeune Lord Bullington du Barry Lyndon de Stanley Kubrick, cet enfant qui va être victime de la dureté d’un Ryan O’Neal devenu beau-père improvisé après son richissime mariage avec une comtesse fortunée ? Le rôle était campé par Dominic Savage, jeune comédien qui a bien grandi aujourd’hui. Depuis, Savage est devenu réalisateur, essentiellement pour la télévision. Une Femme Heureuse est son deuxième long-métrage de cinéma, douze ans après Love + Hate. dans ce drame intimiste, le metteur en scène scrute les émois d’une mère de famille de la banlieue de Londres, femme au foyer insatisfaite coincée dans une vie monotone. Tara rêve d’autres choses que son quotidien terne devenu pesant voire insupportable. Mais elle est piégée par sa routine où elle s’occupe de ses enfants, de la maison, de son mari. Petit à petit, c’est étouffement, puis la dépression.

On n’a de cesse de le dire mais Gemma Arterton est une comédienne époustouflante, une grande peut-être pas assez reconnue à sa juste valeur. Avec Une Femme Heureuse, l’actrice britannique livre encore une fois une performance renversante dans ce rôle de femme au foyer déprimée qui prend sur elle jusqu’à être acculée au pied du mur de sa tristesse grandissante. Très impliquée, Gemma Arterton aura participé à l’écriture du scénario, aura produit le film et l’interprète avec une justesse qui transforme son personnage engluée dans le statique, en fabuleuse héroïne de cinéma dont la mélancolie prend aux tripes. Magnifique Gemma, magnifique long-métrage, dont la modestie et la délicatesse n’ont d’égale que la pertinence de son propos. Dès les premières minutes, il ne suffit à la comédienne que d’un regard absent, d’un sourire forcé, d’un geste mécanique pour comprendre le désarroi de sa Tara. Sa vie passe, elle est là physiquement, autant que son esprit est ailleurs. Où ? Probablement dans les limbes du cimeterre où son bonheur est enterré.

Plutôt qu’un énième drame sur un couple en crise, Une Femme Heureuse préfère observer la torpeur de cette femme qui représente à elle-seule, des millions de femmes perdue dans le marasme de leur quotidien désenchanté, et tente de lui trouver une porte de sortie. A quel moment ont-elles perdu le fil ? A quel moment ont-elles vu leur vie filer sans elle ? Probablement au moment où elles se sont résignées à faire du bonheur de leur famille, une priorité dominant le leur. Probablement au moment où elles se sont oubliées en tant que personne pour endosser toutes les responsabilités d’un pilier familial. Probablement au moment où elles ont baissé les bras face à leur condition sociale imposée. Habité par un tact qui rend l’œuvre brillamment subtile, Une Femme Heureuse emporte. Il ne se passe pourtant pas grand-chose, si ce n’est le ressort d’une femme qui voudrait réagir sans trop savoir comment s’y prendre. L’approche documentaire optée par Dominic Savage renforce encore un peu plus la force de ce regard humain et intime pétri d’émotions. Mise en scène épurée, recours à l’improvisation pour laisser évoluer ses comédiens, tournage en décors réels, tout pousse le film à toucher du doigt une « réalité réaliste », à tel point qu’il pourrait être une excellente idée de thérapie pour couples en difficulté, illustrant ce qui parfois peut-être difficile à exprimer. Qui sait, et si grâce à son travail magistral, Dominic Savage parvenait à en sauver certains ? Cerise sur le gâteau, Une Femme Heureuse a beau avoir une approche très documentaire, il recèle néanmoins de quelques sublimes moments de cinéma, que l’on ne révélera pas afin de ne pas trop en dire sur l’évolution du personnage. Mais autant dire que l’arrivée de Jalil Lespert dans l’histoire a de quoi faire chavirer.

BANDE-ANNONCE :


Par Nicolas Rieux

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