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LA VILLA de Robert Guédiguian : la critique du film [DVD]

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Carte d’identité :
Nom : La Villa
Père : Robert Guédiguian
Date de naissance : 2017
Majorité : 03 avril 2018
Type : Sortie Blu-ray/DVD
Nationalité : France
Taille : 1h47 / Poids : NC
Genre
: Drame

Livret de famille : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Jacques Boudet, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin…

Signes particuliers : Guédiguian signe son plus beau film de ces dernières années.

HISTOIRES DE FAMILLE

LA CRITIQUE DE LES DENTS, PIPI ET AU LIT !

Résumé : Dans une calanque près de Marseille, au creux de l’hiver, Angèle, Joseph et Armand, se rassemblent autour de leur père vieillissant. C’est le moment pour eux de mesurer ce qu’ils ont conservé de l’idéal qu’il leur a transmis, du monde de fraternité qu’il avait bâti dans ce lieu magique, autour d’un restaurant ouvrier dont Armand, le fils ainé, continue de s’occuper. Lorsque de nouveaux arrivants venus de la mer vont bouleverser leurs réflexions… 

Près de Marseille, dans la magnifique calanque de Méjean, Robert Guédiguian réunit toute sa clique pour un vingitième long-métrage aux allures de testament couché sur pellicule. Sa femme Ariane Ascaride, les amis proches Jean-Pierre Darroussin, Robert Meylan et Jacques Boudet, le plus jeune Robinson Stévenin aussi, les habitués sont là, rejoint par la frimousse d’Anaïs Demoustier. Dans La Villa, trois frères et sœurs se retrouvent autour de leur père vieillissant et proche de la fin. Les quelques jours qu’ils vont passer ensemble vont leur permettre de se mesurer aux idéaux de leur passé, à ce qui leur a été transmis par un père qui a bâti avec eux, cette villa idyllique où ils auront tout connu, des joies et des peines.

Au cœur d’une bâtisse face à la mer qui fonctionne comme un décor à ciel ouvert, la poignée de personnages qui composent La Villa se retrouve comme prisonniers de l’héritage de leur passé. L’heure est au bilan et il va s’écrire entre les rires et les larmes, entre les rêves d’hier et la mélancolie d’aujourd’hui. Pas besoin d’artifices grandiloquents, pas besoin d’un scénario à multiples rebondissements, Guédiguian fait comme souvent dans l’épure, et sur La Villa, c’est justement cette superbe économie du langage qui va sublimer l’intimisme de ce voyage personnel et pourtant universel, et qui va servir la puissance des émotions qui va s’en dégager. Outre sa troupe, outre ces lieux qu’il affectionne tant, Robert Guédiguian retrouve surtout ses thèmes de prédilection les plus profonds, pour un film qui opère comme une synthèse de son cinéma de toujours. Confrontés à la fin de leur monde et au temps qui a passé, les membres de cette fratrie solidaire va devoir trouver le moyen de se réinventer, d’accepter leur héritage et de réfléchir à ce qu’ils vont en faire. Le monde file autour d’eux et dans cette petite bulle précieuse qu’est cette villa perchée à flanc de calanque, il est temps de faire face à leur vie passé, présente et future.

Subtil, juste, tendre et intérieurement bouleversant, La Villa est une ode lucide à la famille, à l’amitié, à l’amour, à la vie, à l’articulation du passé et du futur, ce que l’on a fait et ce que l’on fera. Si Guédiguian nous baigne dans une atmosphère désabusée, c’est pour mieux nous diriger vers une note d’espoir, nous amener à comprendre que le monde continuera d’avancer après nous, mais que l’on peut influer à notre modeste niveau, sur ce qu’il deviendra en essayant d’y laisser une trace, si possible la plus lumineuse possible. La délicatesse de l’approche du cinéaste marseillais trouve une totale plénitude d’expression dans cette fable familiale dont la bienveillance optimiste répond à la résignation de nos sociétés. Evoquant au passage la question des migrants qui affluent en masse vers l’Europe, Guédiguian ouvre sa discrète calanque sur le monde, ouvre ce récit jusqu’ici centré sur l’intime d’une famille, et insuffle de quoi le relancer, de quoi le faire basculer du nostalgique vers le regard tendu sur l’avenir, sur fond de transmission humaniste. Des réflexions personnelles d’un petit microcosme replié, La Villa devient un grand film sur le monde, sur l’être humain, sur la vie. Tout cela avec élégance, humilité, générosité. Et au bout du chemin, un profond sentiment d’apaisement. Du très grand Guédiguian, porté par de formidables comédiens.

BANDE-ANNONCE :


Par Nicolas Rieux

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