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REDIVIDER de Tim Smit : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Kill Switch
Père : Tim Smit
Date de naissance : 2017
Majorité : 26 octobre 2017
Type : Sortie e-cinema
Nationalité : Hollande
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre
: SF, Action

Livret de famille : Dan Stevens, Bérénice Marlohe, Charity Wakefield…

Signes particuliers : Un actioner de science-fiction ambitieux mais plombé par ses partis pris contre-productifs et son écriture à la ramasse.

COMME DANS UN JEU VIDÉO…

LA CRITIQUE DE REDIVIDER

Résumé : Dans un futur proche, Will Porter, un ancien pilote de la NASA, est recruté par Alterplex, une société à l’origine d’une source d’énergie révolutionnaire, propre et illimitée. Lorsqu’il se réveille un beau jour dans un monde en pleine destruction, il réalise qu’il a été envoyé dans « l’Echo », la dimension miroir source réelle de cette énergie miracle qui alimente notre réalité. Sa mission : utiliser le « Diviseur », un mystérieux objet capable de rétablir l’équilibre, éviter la destruction de son monde d’origine et sauver sa famille. 

Coproduction américano-hollandaise mise en scène par l’obscur Tim Smit (Patrick ?) dont c’est le premier long-métrage, Redivider est un actioner de science-fiction qui vient confirmer que l’utilisation de la vision subjective cher au jeu vidéo, comme principal argument de cinéma, est tout sauf une bonne idée. Après l’insupportable Hardcore Henry, étron vomitif qui n’arrivait pas à cacher sa vacuité derrière son concept du « first person shoot » adapté de manière hystérique au grand écran, Redivider s’emploie à son tour à exploiter la même rhétorique, avec la même non-réussite. Pourtant, et malgré un budget que l’on devine assez limité, le film de Tim Smit avait de l’ambition, à la fois narrative et visuelle. Le scénario tentait d’imposer un univers science-fictionnel original et élaboré, et le production design associé à des effets spéciaux acceptables, cherchait à le matérialiser sans sombrer dans le honteux. Malheureusement, tout va s’effondrer dans un film qui glissera assez rapidement, de l’audacieuse série B vers le navet grotesque et dérisoire.

Dans Redivider, l’humanité est confrontée à une pénurie d’énergie fossile. Une firme met au point une technologie révolutionnaire censée apporter à la Terre, une nouvelle source d’énergie propre et inépuisable. En gros, un pont est crée entre notre planète et une planète-miroir, reproduction fidèle de notre monde mais sans être humain. C’est de la masse de ce monde dupliqué, que la société Alterplex va puiser de quoi fabriquer l’énergie de demain. Sauf que l’équilibre entre les deux mondes va s’effondrer. Un homme est alors envoyé dans ce monde-copie, pour tenter de le rétablir à l’aide d’un cube mystérieux.

On passera sur la piètre performance de la distribution réunissant le néo-populaire Dan Stevens et l’ex James Bond Girl Bérénice Marlohe, les comédiens n’ayant finalement pas grand-chose à jouer dans cette partie de jeu vidéo transformée en aventure de cinéma. Redivider va surtout sacrifier ses bonnes intentions sur l’autel de plusieurs erreurs grossières qui traduiront un cruel manque de développement, couplé à des idées finalement stupides qui vont se retourner contre lui tel un boomerang destructeur. A commencer par ce choix (passablement inutile en dehors du coup marketing) d’avoir tourné le film en vue subjective, façon Call of Duty et consorts. Un part pris de mise en scène contre-productif qui transforme l’argument premier du film, en son principal ennemi. Comme pour Hardcore Henry avant lui, le procédé ne fonctionne pas. Pire, il enterre le film en recouvrant ses maigres qualités sous un déluge de boue cinématographique. Incapable de s’extraire de ce concept trop restrictif qu’il s’est lui-même imposé et qui bloque les possibilités d’évolution de son scénario, Redivider va très vite tourner en rond sur lui-même, à défaut de pouvoir nous accrocher à son univers qui passera de l’attirant sur le papier, au chaotique fumeux. L’action illisible va prendre le pas sur l’intelligence qu’il aurait embrassé avec son futur d’anticipation et l’effort va boire la tasse, plombé par sa surcharge visuelle et son écriture au rabais.

Tim Smit semblait être conscient des limites du procédé et s’est appliqué à mélanger FPS et flashback tournés de manière plus classique, afin de pouvoir s’octroyer la liberté de présenter son héros au spectateur et ainsi tisser un lien entre eux. Malheureusement, les quelques scènes hors de la vision subjective, distillées par fragments tout au long du film afin de le sortir régulièrement de son élaboration autistique et lui offrir des respirations, ne vont jamais être suffisamment étoffées pour créer une quelconque connexion. Résultat, on se contrefout des personnages, et voilà un défaut capable de tuer un long-métrage à lui-seul. Mais ce problème, imputable à une écriture maladroite, va s’étendre à tout le champ du long-métrage. Redivider entendait être une exploitation au cinéma de ce que les jeux vidéo ont de meilleur à offrir mais malheureusement, à l’heure où les cinématiques des jeux fascinent d’ambition cinématographique, le film de Tim Smit passe complètement à côté de sa tentative, incapable de reproduire ce que les gamers apprécient tant devant leur console. Redivider avait une base de scénario intéressante mais il est incapable de la développer correctement. Basé sur un scénario écrit avec les pieds, incompréhensible voire grotesque d’incohérence, le film se contente de proposer une expédition d’un point A à un point B, sans jamais chercher à mélanger intensité de l’action et déploiement d’un univers narratif passionnant. Son petit groupe de protagonistes cavale à travers un monde en proie au chaos, essaie d’échapper à des dangers répétitifs (en gros, des drones qui les pourchassent) et l’on s’ennuie ferme devant la platitude du script et ses enjeux. Ajoutons à cela que l’immersion totale recherchée produit ironiquement un effet d’exclusion radical, et l’on obtient un très mauvais film, incapable d’être impressionnant sur le plan de l’action, incapable d’être prenant sur le plan de l’histoire, incapable de nous accrocher à son aventure trop mal branlée. Bilan, Redivider aurait sans doute été meilleur s’il avait adopté un style classique, plutôt que de vouloir s’embarquer dans cette reproduction cinématographique des codes du jeu vidéo. Il aurait pu réellement développer son univers plutôt que s’enfermer dans un schéma conceptuel qui décidément, ne marche vraiment pas au cinéma.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

 

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