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NERUDA de Pablo Larrain : la critique du film

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note 2.5 -5
Carte d’identité :
Nom : Neruda
Père : Pablo Larrain
Date de naissance : 2016
Majorité : 04 janvier 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : Chili
Taille : 1h50 / Poids : NC
Genre : Drame, Biopic

Livret de famille : Luis Gnecco, Gael García Bernal, Mercedes Morán…

Signes particuliers : Pablo Larrain réussit à capter l’essence de Neruda mais se fait un peu avaler par son sujet.

UN PORTRAIT À L’IMAGE DE L’HOMME

LA CRITIQUE DE NERUDA

Résumé : 1948, la Guerre Froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète. Neruda et son épouse, la peintre Delia del Carril, échouent à quitter le pays et sont alors dans l’obligation de se cacher. Il joue avec l’inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, Neruda voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire.neruda_5En l’espace de deux mois, Pablo Larrain aura deux films à l’affiche en France. Deux « biopic », chacun sur une figure passionnante à approcher au cinéma. D’un côté, Neruda, vraie-fausse histoire tricotée entre la réalité et la fiction, sur le célèbre poète chilien devenu un emblème de la résistance politique dans son pays. De l’autre, Jackie, consacré à la veuve du Président Kennedy, qu’incarnera Natalie Portman. Dans les deux cas, Pablo Larrain n’a pas souhaité faire dans la biographie étalée, préférant s’attacher sur des aspects précis et symboliques de leur vie. Pour Jackie, il s’agira de scruter la manière dont la First Lady appréhendera le deuil de son mari et fera honneur à son héritage. Pour Neruda, Larrain a choisi de se pencher sur son exil et sa traque, par le policier Oscar Peluchonneau incarné par Gael Garcia Bernal.neruda-_2De son aveu, Pablo Larrain n’a jamais cherché à élaborer un vrai biopic sur Pablo Neruda, pour la simple et bonne raison qu’il aurait été impossible de résumer l’homme comme l’artiste, en un film. Ainsi, Neruda est un assemblage de situations et faits réels, et de fiction totalement imaginée. Le défi pour le cinéaste, était davantage de capter une partie de la personnalité du poète atypique, en se concentrant sur la période où il accomplira sa plus grande œuvre, Canto General, un poème de plus de 15 000 vers. Faux biopic donc, mais véritable œuvre dévorée par l’âme palpable de Neruda, que Larrain s’est efforcé de dépeindre dans toute sa folie, son pouvoir de fascination et son indéboulonnable énergie. Au carrefour de la comédie narquoise et épicurienne, de la fresque plus grande que nature, du policier angoissant ou du film noir envoûtant, Neruda est un film fantasque et libre, mis en scène à l’image de l’éblouissante aura romanesque qui animait son personnage toujours en mouvement.A011_C003_0101HELe chili d’hier et d’aujourd’hui, ses failles et ses travers, son histoire et l’écho contemporain qui résonne à travers elle… La caméra a toujours été un stylo pour Pablo Larrain, une arme, un cri. Avec elle, le cinéaste parle des sujets qui lui semblent importants et Neruda en fait partie. Car le grand homme a eu un impact considérable dans l’histoire de son pays. Neruda est sans doute le plus bel hommage cinématographique qui pouvait lui être rendu, un film hors norme, inclassable, affranchi des conventions. Malheureusement, et pour reprendre ses propres mots, Pablo Larrain s’est peut-être justement attaché à quelque chose d’irréalisable en voulant raconter Neruda en un film. Dépassé par son sujet et par la manière dont il a voulu le porter à l’écran, le metteur en scène s’est un peu perdu dans un film cacophonique, certes fidèle à l’essence de son héros, mais un brin indigeste à suivre. Partagé entre caractère affirmé et hardiesse mal canalisée, Neruda chute dans des défauts nés de ses qualités, abus d’une volonté de différence, déconstruction forcée, exagération du trait, redondance des artifices, et surcharge dans sa rhétorique faite de motifs artistiques tantôt fascinants tantôt superflus. Neruda est un film noble dans sa folie, mais parfois avalé par celle-ci.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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