Nom : Testament of Youth
Père : James Kent
Date de naissance : 2015
Majorité : 23 septembre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 2h10 / Poids : 20 M$
Genre : Guerre, Drame, Romance
Livret de famille : Alicia Vikander (Vera Brittain), Kit Harington (Roland), Taron Egerton (Edward), Emily Watson (Mme Brittain), Hayley Atwell (Hope), Colin Morgan (Victor), Dominic West (Mr Brittain), Miranda Richardson (Mlle Lorimer)…
Signes particuliers : Une romance fleuve contrainte par la guerre, et portée par une éblouissante Alicia Vikander.
AMOUR, GUERRE ET DÉCHIREMENT
LA CRITIQUE
Résumé : Printemps 1914. Jeune femme féministe à l’esprit frondeur, Vera Brittain est résolue à passer les examens d’admission à Oxford, malgré l’hostilité de ses parents particulièrement conservateurs. Décidée à devenir écrivain, elle est encouragée et soutenue par son frère et sa bande d’amis – et notamment par le brillant Roland Leighton dont elle s’éprend. Mais les rêves de Vera se brisent au moment où l’Angleterre entre en guerre et où tous les jeunes hommes s’engagent dans l’armée. Elle renonce alors à écrire pour devenir infirmière. Tandis que la jeune femme se rapproche de plus en plus du front, elle assiste avec désespoir à l’effondrement de son monde.L’INTRO :
Le nom de Vera Brittain ne dira probablement rien à pas mal de gens, en dehors des férus de littérature. De même, le nom de James Kent ne dira probablement rien à pas mal de gens en dehors des passionnés de documentaires. Pour son premier long-métrage au cinéma, le second adapte l’un des plus célèbres ouvrages de la première, Testament of Youth, paru en 1933. L’auteure britannique Vera Brittain y peignait un portrait terrible et sans concession de la Première Guerre Mondiale, dont elle avait vécu les évènements sous le sceau de la tragédie. Mais au-delà de son expérience personnelle, Vera Brittain s’était surtout appliquée à rendre compte de l’horreur de la guerre à travers un message porté par un élan pacifiste qui fera d’elle, l’une des icônes du féminisme et du pacifisme en son temps. A l’écran, c’est la sublime et talentueuse Alicia Vikander qui prête ses traits à cette grande dame méconnue. Saisissant son parcours poignant entre 1914 et 1918, Mémoires de Jeunesse relate et témoigne d’une époque trouble où un parfum de malheur trimballait son odeur macabre à travers l’Europe, accompagnant les fantômes des millions de morts rôdant au-dessus des pays meurtris et des familles éplorées.L’AVIS :
Pas encore bien aguerri à l’exercice du long-métrage de cinéma, James Kent signe un premier film fermement ancré dans le drame romanesque où le portrait d’une époque jouxte la dureté de scènes sans concession, et où l’amour passionné côtoie les larmes du déchirement. L’effort est noble, souvent sincère, s’appliquant à rechercher une forme de beauté pure (on en viendrait presque à songer à Terrence Malick) au moins autant qu’une volonté de montrer la cruauté et les ravages des conflits et d’insuffler du lyrisme à cette romance passionnelle sur fond d’effondrement d’un monde à l’agonie façon Autant en Emporte le Vent (auquel le film se permet un clin d’oeil -volontaire ou pas ?- au détour d’un plan identique contemplant un champ de victimes allongées au sol). Mais un effort malheureusement maladroit, alors que ses défauts n’ont de cesse d’évoluer aux côtés de ses qualités, amenuisant l’impact général, sans toutefois faire chuter complètement l’entreprise mais égratignant la splendeur qu’elle visait.De Mémoires de Jeunesse, on retiendra en premier lieu, une étoile scintillante. Une étoile qui brille de mille feux et qui illumine l’écran. La suédoise Alicia Vikander, que l’on savait déjà fabuleuse et qui l’a mainte et mainte fois prouvé par le passé, irradie l’écran et livre une prestation une nouvelle fois exceptionnelle, prêtant sa fragilité et sa grâce innée à son personnage tout en émotion et en force de caractère. Brillante et époustouflante, la comédienne n’est clairement pas étrangère à la semi-réussite d’un film, qu’elle porte littéralement sur ses épaules, y conférant tout son talent pour faire ressentir les émotions d’un personnage rien que par son charisme cristallisant le cadre autour de sa présence. Héroïne au centre de ce drame humain, Alicia Vikander éclipse tout le monde autour d’elle (à commencer par un bien piètre Kit Harrington) et ne trouve un semblant de répondant que par l’entremise du jeune Taron Egerton, belle révélation du récent Kingsman, et ici très juste dans son second rôle attachant. Mais si Alicia Vikander est clairement le principal intérêt du film, Mémoires de Jeunesse n’en reste pas moins pour autant, une belle histoire sentimentaliste sur la souffrance. Un brin tire-larmes, cette odyssée tragique est un beau portrait de femme, parfois touchant, rarement vibrant, mais qui arrive à agripper le spectateur pour l’amarrer à son drame. Et l’on finit par se prêter à rêver de ce qu’aurait pu être le film sous la direction d’un metteur en scène doté de davantage de génie. Car James Kent ne se révèle pas à la hauteur de la tâche. Entre une photographie souvent épouvantable ou un bien mauvais sens du cadrage, en passant par un script dont l’ampleur tire la sonnette d’alarme de la longueur ou une mise en scène qui navigue entre platitude et sur-esthétisation à être trop chargée en motifs poético-romantiques (au sens littéraire du terme), le cinéaste n’aide pas à nous imprégner totalement de la puissance de son mélo qui ne brille que par bribes, qui ne parvient pas à maintenir un équilibre juste, s’essoufflant sur la durée.Mémoires de Jeunesse n’affiche pas une folle originalité en soi, mais ce regard à hauteur de femme sur l’horreur de la guerre intéresse à défaut de captiver et réussit à nous attacher modestement à sa romance fleuve. Et ne serait-ce que pour la prestation d’une exceptionnelle Alicia Vikander, il mérite le coup d’œil.
LA BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux