Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : The Haunting of Connecticut
Père : Peter Cornwell
Livret de famille : Virginia Madsen (Sarah), Kyle Gallner (Matt), Elias Koteas (Révérend Popescu), Amanda Crew (Wendy), Martin Donovan (Peter)…
Date de naissance : 2009
Majorité au : 2012 (en DVD)
Nationalité : USA, Canada
Taille : 1h40
Poids : Budget NC
Signes particuliers (+) : Un divertissement efficace multipliant les effets de terreur avec une générosité plus que débordante. Regardable.
Signes particuliers (-) : Outre son manque d’originalité, c’est surtout son abondance excessive qui finit par étouffer le film et lasser. Le Dernier Rite bascule à mi-parcours dans une avalanche d’effets de trouille frénétique et sans temps morts sacrifiant l’ambiance, l’intrigue et les personnages au point que l’on décroche. Il fait illusion sans génie pendant 30-40 minutes avant que ce manque même de génie ne plombe sa seconde partie.
UN AUTRE DOSSIER ED ET LORRAINE WARREN
Résumé : Une famille est contrainte d’emménager dans une vieille demeure au passé chargé pour se rapprocher de l »hôpital dans lequel leur fils atteint du cancer est traité. Des manifestations étranges ne tardent pas à survenir…
Les enquêtes du très célèbre couple de démonologistes Ed et Lorraine Warren ont la côte dans le cinéma d’horreur. Quoi de plus normal puisque ce tandem aurait enquêté sur plus de 10.000 cas paranormaux au cours de leur longue carrière, dont certains immortalisés à jamais par des classiques du cinéma. On pense bien entendu à Amityville, peut-être le plus médiatisé de tous. Alors que James Wan est sur le point de les mettre à l’honneur avec son prochain et terrifiant The Conjuring, Peter Cornwell s’était déjà penché sur l’une de leur affaire, la célèbre maison hantée des Snedeker dans le Connecticut. Une histoire qui avait fait grand bruit aux Etats-Unis dans les années 80 et qui avait conduit à un exorcisme recommandé par Lorraine Warren. L’histoire des Snedeker était classique. Une famille qui avait emménagé dans une grande et ancienne demeure louée à très bas prix et pour cause. Ils avaient découvert que plusieurs décennies auparavant, la bâtisse avait servi de dépôt mortuaire et d’étranges séances de médium avait été pratiquées. Rapidement, ils seront confrontés à des phénomènes surnaturels étranges.
Peter Cornwell (dont c’est le premier long-métrage) s’empare du sujet sous la bannière du studio Lionsgate avec l’espoir de réaliser un film dans l’esprit des Poltergeist et autre Amityville. Un roller coaster flippant multipliant les effets de terreur dans une énième histoire de fantôme qui a un message à faire passer et qui fait flipper une gentille famille dans la galère, forcée de soulever le passé pour comprendre… The Haunting in Connecticut, traduit en français par Le Dernier Rite, est sorti chez nous directement en DVD après une exploitation plutôt correcte en salles aux USA (55 millions de recettes), de quoi rembourser sa mise qui n’avait rien d’un petit budget contrairement à ce que l’on pourrait croire. Au contraire, c’est même en réalité une production confortable pour le genre avec quelques notables au générique dont Virginia Madsen, Elias Koteas et le jeune talentueux Kyle Gallner (Jenifer’s Body, le remake de Freddy).
The Haunting in Connecticut nous ressert donc un topo que l’on connaît par cœur avec comme petit plus, une histoire émouvante censée attendrir les cœurs de pierre que nous sommes, qui ne recherchaient que de l’efficace trouille à s’en ronger les ongles. En effet, les Snedeker avait emménagé à Southington pour se rapprocher de l’hôpital réputé dans lequel était traité leur ado de fils atteint du cancer. Un gamin au seuil de la mort et qui bien entendu, s’est mis à entrevoir l’au-delà à cause de sa condition, avec tout ce qu’il faut de fantômes pas beaux ayant vécu un drame et réclamant de l’aide tout en s’y prenant, comme d’habitude, comme des manches en terrifiant toute la (pas très du coup) joyeuse maisonnée. On plonge donc dans le passé, on découvre de vieux trucs horribles produits entre les murs etc… On aimerait hurlé au cliché mais bon, c’est une « histoire vraie » (pour le coup corroborée par la famille comme les Warren).
The Haunting in Connecticut démarre de façon plutôt conventionnelle pur le genre. Présentation rapide du contexte, emménagement, puis multiplication des phénomènes qui progressivement, vont toucher tous les membres de la famille après s’être manifestés auprès d’une seule personne (l’ado malade). Premier point, le couple Ed et Lorraine Warren est ici totalement absent, écarté au profit d’un seul et unique révérend unique (Elias Koteas). Deuxièmement point, le film est classé PG-13 mais finalement, quelques effets et dérives auraient largement pu le voir affublé d’un « Restricted ». Sinon, la facture est correcte est l’ensemble globalement regardable, même si après avoir goûté le nectar des dieux avec Conjuring, il nous paraîtra cruellement fadasse. Les effets de jump scare sont aléatoirement efficaces, plutôt classiques dans l’âme ce qui aura pour conséquence de fonctionner sur certains et pas sur d’autres. Avec sa maison littéralement pompée sur celle d’Amityville, Cornwell accouche d’un divertissement regardable, musclé par quelques passages de terreur assez réussis. L’inspiration et l’originalité ne sont pas vraiment au rendez-vous, l’écriture pas folichonne, mais l’affaire est pas trop mal emballée et fonctionne, aidée dans sa tâche par un rythme soutenu sans temps morts et quelques passages dans l’absolu angoissants.
Les premières fausses notes commenceront à apparaître lorsque The Haunting in Connecticut dévoilera le début des ficelles de ses mystères. Non à cause de la qualité de son suspens, que de toute façon on voyait venir à des kilomètres, mais parce que tout à cout, Cornwell décuple la vitesse d’exécution de son script au rythme d’un montage qui s’emballe. Le film devient alors frénétique dans un vrai récital de jump scare et autres effets qui affluent par une avalanche déviant vers le grand n’importe quoi noyant littéralement une intrigue qui petit à petit devient inexistante. La surcharge abondante ne laisse plus aucune place ni aux personnages, ni à l’histoire étouffée par cette accélération brutale et perpétuelle et d’un sympathique mais mineur divertissement de genre, The Haunting in Connecticut devient lassant d’impersonnalité, d’excessivité et de redondance. Les quelques lignes de textes finales et les cartons pourris qui concluent le film, viennent alors nous achevés de fatigue.
En soi, The Haunting in Connecticut n’est pas un piètre représentant du genre et on a clairement vu pire. Le film de Peter Cornwell se défend comme un exercice anecdotique mais distrayant, cependant, on aura d’autant plus envie de remercier James Wan d’avoir su prouver avec The Conjuring que le registre n’est pas incompatible avec un minimum de qualité d’écriture faisant vivre une œuvre au-delà de son seul postulat de terreur. Dommage que le cinéaste n’ait pas su tempérer ses envolées flippantes et mieux doser l’équilibre entre ambiance et effets de terreur, ces derniers finissant par sombrer dans le déluge proposé, perdant ainsi en surprise et en efficacité pertinente. L’éternel débat du « moins mais de qualité » contre le « beaucoup mais moins soigné », l’effet d’abondance ultra-généreux perdant très souvent le duel face au savant dosage malin, savoureux et bien-intégré. The Haunting in Connecticut a néanmoins connu une séquelle à petit budget, disponible en DVD depuis juin dernier et un troisième est en préparation.
Bande-annonce :