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VIF-ARGENT de Stéphane Batut : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Vif-Argent
Père : Stéphane Batut
Date de naissance : 2019
Majorité : 28 août 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h46 / Poids : NC
Genre : Drame, Fantastique

Livret de famille : Thimotée Robart, Judith Chemla, Djolof Mbengue…

Signes particuliers : Un beau représentant du cinéma indépendant français.

UNE ROMANCE FANTASTIQUE ORIGINALE ET POÉTIQUE

NOTRE AVIS SUR VIF-ARGENT

Synopsis : Juste erre dans Paris à la recherche de personnes qu’il est seul à voir. Il recueille leur dernier souvenir avant de les faire passer dans l’autre monde. Un jour, une jeune femme, Agathe, le reconnaît. Elle est vivante, lui est un fantôme. Comment pourront-ils s’aimer, saisir cette deuxième chance ? 

Présenté lors du dernier Champs-Élysées Film Festival, Vif-Argent est le premier vrai long-métrage de Stéphane Batut après un essai sur un moyen-métrage de 40 minutes intitulé Le Rappel des Oiseaux. Il est d’abord directeur de casting sur des films francophones plutôt influents comme Camille Redouble, Le Chat du Rabin ou plus récemment avec Barbara. Avec Vif-Argent, Batut se lance dans une romance fantastique originale et poétique.

Stéphane Batut met en scène une histoire romanesque, un amour impossible entre deux entités de deux mondes différents. Le petit cinéaste français parvient à reprendre le concept de Ghost, grosse production américaine des années 1990, pour en faire une épopée amoureuse bien plus lyrique. Juste, interprété par Timothée Robart, est un fantôme. Il erre dans les rues de Paris en quête d’un guide, d’une explication, d’un but. Kramarz, jouée par Saadia Bentaïeb, sorte d’incarnation du passeur, va décider de lui donner une seconde chance. Le protagoniste peut revenir dans le monde des vivants uniquement s’il lui amène les morts. Il devient donc un guide. Stéphane Batut crée une mythologie entière en quelques instants, il parvient à modeler un monde parfaitement logique. Son univers est totalement maîtrisé, à tel point qu’il en devient presque réaliste, fantasmagorique, il en devient attirant. Le cinéaste aborde la mort non pas comme une fatalité, mais plus comme une libération du corps et de l’esprit. La fin d’une route qui se conclue dans le calme et la sérénité.

Bref, Stéphane Batut maîtrise parfaitement son sujet. Il crée un film poétique et attachant, mais surtout très intelligent, notamment dans son interaction entre le monde des vivants et des morts. Les deux univers s’entrechoquent régulièrement, se croisent sans se toucher, se rencontrent sans le savoir, s’aiment sans en avoir conscience. Le cinéaste met en scène des situations adroites pour exprimer cette réalité : les fantômes peuvent interagir mais se cachent pour ne pas alarmer les vivants. Cette règle s’applique à merveille quand Juste doit prendre un taxi et monte seulement quand les vivants ouvrent la porte, se faufilant discrètement à côté d’un inconnu dont il ne peut voir le visage. C’est donc également un univers frustrant, presque punitif, quand Juste déambule dans les rues parisiennes à la recherche de son amour perdu, mais qu’il ne peut voir aucun des vivants, qu’il ne peut pas les toucher, leur parler, où même leur montrer sa propre existence.

Vif-Argent est finalement une belle vision de l’amour et de la mort, deux notions aux antipodes l’une de l’autre, qui animent le cinéma depuis la nuit des temps. Entre cruauté et beauté, entre tristesse et générosité, le film oscille entre deux univers, deux lectures du sentiment amoureux. La perte est omniprésente dans le traitement du cinéaste qui offre une histoire d’amour posthume qui fera pâlir Ghost et Rencontre avec Joe Black. Bravo au réalisateur et au casting parfait. Subtilement interprété et brillamment écrit, Vif-Argent est un sérieux représentant du cinéma français indépendant.

BANDE-ANNONCE :

Par Aubin Bouillé

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