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SANS FILTRE de Ruben Östlund : la critique du film [Palme d’Or]

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Nom : Triangle of Sadness
Père : Ruben Östlund
Date de naissance : 2021
Majorité : 28 septembre 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : Suède, Europe
Taille : 2h29 / Poids : NC
Genre : Comédie satirique

Livret de Famille : Harris DickinsonCharlbi Dean KriekWoody Harrelson

Signes particuliers : Une Palme d’Or discutable mais un bon film quand même.

Synopsis : Après la Fashion Week, Carl et Yaya, couple de mannequins et influenceurs, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Tandis que l’équipage est aux petits soins avec les vacanciers, le capitaine refuse de sortir de sa cabine alors que le fameux dîner de gala approche. Les événements prennent une tournure inattendue et les rapports de force s’inversent lorsqu’une tempête se lève et met en danger le confort des passagers.

 

LA CROISIERE S’AMUSE PLUS

NOTRE AVIS SUR SANS FILTRE

L’acidité corrosive à la sauce Ruben Östlund a encore frappé. Cinq ans après sa palme d’or pour The Square, le cinéaste suédois est entré dans le cercle très fermé des « doublement palmés ». Sans Filtre, son sixième Long-métrage, a été couronné de la récompense suprême au dernier festival de Cannes, célébrant ainsi le talent de l’auteur nordique au style si mordant. Dans cette comédie dramatique qui aura pourtant profondément divisé du côté de la Croisette, le réalisateur de Snow Therapy s’en donne à cœur joie en filmant l’odyssée d’une croisière de luxe qui se transforme en cauchemar pour ses richissimes participants quand une tempête redistribue les cartes, changeant les règles du jeu des rapports sociaux.
La dérision, c’est le maître mot qui dicte les pas de Sans Filtre, brûlot poilant et acerbe dans lequel Östlund se régale à dynamiter les rapports humains régis par une lutte des classes de plus en plus féroce dans un monde de plus en plus grossier. Un mannequin tête à claque, une influenceuse obsédée par son image, un oligarque russe brandissant son argent envers et contre tout, des riches qui pensent avoir tous les droits, un capitaine communiste, un équipage soumis, des lâches, des exploiteurs et des exploités… Voilà ce qui compose l’embarcation qu’Östlund va faire exploser, renversant les dynamiques de pouvoir avec une ironie des plus cinglantes. Et autant dire que le résultat est diaboliquement réussi, à la fois méchamment drôle (au premier mais surtout au second degré), délicieusement cynique et très intelligemment senti. Les idées fusent, Östlund tape sur un peu tout le monde avec une pertinence constante. Le libéralisme décadent, les riches hors-sol imposant leur prétendue puissance et prêts à tout pour conserver leurs privilèges, la classe d’en-dessous qui rêvent de s’affranchir de cette hiérarchie sociale établie, le monde des apparences, l’artificialité, le cynisme des uns et la jalousie des autres… Sans Filtre est un joyeux désordre qui entend balancer des vérités. Petite ombre au tableau, ces vérités sont quand même bien connues et Östlund enfonce un peu des portes semi-ouvertes. Elles auraient ainsi méritées d’être assénées de manière plus méchante (on nous vend du « sans filtre » mais tout cela reste un peu gentillet sur les bords). L’ensemble est sans doute un peu long, la démonstration empreinte de misanthropie pas d’une grande subtilité au final, mais la satire vitriolée est quand même assez jouissive par moments et globalement, on s’amuse pas mal avec cette croisière bourgeoise.

 

Par Nicolas Rieux

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