[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Good Time
Père : Les frères Safdie
Date de naissance : 2016
Majorité : 13 septembre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre : Drame, Thriller
Livret de famille : Robert Pattinson, Ben Safdie, Jennifer Jason Leigh, Barkhad Abdi…
Signes particuliers : Une virée frénétique qui tourne à vide.
LA CAVALE DES GENS MALHEUREUX
LA CRITIQUE DE GOOD TIME
Résumé : Un braquage qui tourne mal… Connie réussit à s’enfuir mais son frère Nick est arrêté. Alors que Connie tente de réunir la caution pour libérer son frère, une autre option s’offre à lui : le faire évader. Commence alors dans les bas-fonds de New York, une longue nuit sous adrénaline.
Après deux passages à la Quinzaine des Réalisateurs, les frères Safdie s’invitent enfin dans le grand bain de la compétition officielle avec Good Time, leur première production portée par une star renommée. Avec Robert Pattinson en tête d’affiche, le duo emblématique du cinéma indé new-yorkais sortent un peu de leur zone de confort et de confidentialité auteuriste, et livrent un film à la croisée des tons, entre le film de braquage, le thriller halluciné, le drame et la comédie dramatique gentiment timbrée. Dans Good Time, Connie foire le braquage d’une banque et se retrouve lancé dans une course nocturne infernale pour réunir une somme d’argent conséquente, afin de faire libérer son frère, handicapé mental, capturé au cours de la cavale qui a suivi le hold-up. Dans sa quête haletante, Connie va sillonner un New-York interlope, et interagir avec différents personnages tout aussi marginaux que lui.
Croisant l’observation des bas-fonds new-yorkais et le thriller dramatique teinté de touches comiques, comme si Jerry Schatzberg rencontrait le Scorsese d’After Hours sur fond de Michael Mann et du Abel Ferrara de New-York, Deux Heures du Matin, les frères Safdie signent un film à la fois affilié à certaines composantes de leur cinéma de toujours, et dans le même temps éloigné de leurs précédents efforts. Leur naturalisme radical habituel disparaît dans cette virée frénétique nocturne, et laisse place à un minimalisme moins extrême, davantage présent dans l’écriture et à travers certaines réminiscences de mise en scène privilégiant la caméra à l’épaule, le gros plan au contact des personnages, et une allure granuleuse fonctionnant à rebours du classicisme plastique traditionnel. Virée sous acide suivant des pieds-nickelés toujours sur le fil d’un pathétique tragicomique, Good Time se voulait être une expérience quasi-sensorielle, mais les Safdie passent complètement à côté de leur projet. Parce qu’ils se prennent pour des modèles qu’ils ne sont pas (désolé Benny, désolé Josh, vous n’êtes ni Michael Mann, ni Tarantino et encore moins Scorsese). Parce qu’à l’inverse de ces derniers, ils sont incapables de nous attacher à leurs personnages, dont on est toujours à distance tant leur mise en scène se révèle faussement immersive. Parce qu’en foirant ce lien entre le public et leurs protagonistes, l’émotion ne jaillit jamais et l’on finit par se désintéresser complètement de ce qu’il peut arriver à ces loosers patentés. Et enfin, parce que le duo de réalisateurs n’a jamais su comment gérer l’esprit excité de leur film. Énergique, Good Time l’est peut-être un peu trop alors que l’overdose plane au-dessus du long-métrage. Sorte d’hallucination collective foutraque et anarchique portée par un excellent Robert Pattinson, l’effort des Safdie attire dans un premier temps la curiosité, avant de gonfler par la lourdeur de son exécution passablement répétitive.
Good Time démarre tambour battant mais s’essouffle beaucoup trop vite pour convaincre. Incapables de gérer la dynamique de leur entreprise et sombrant dans une lassitude qui pousse le film à tourner à vide alors qu’ils ne font que recycler des motifs empruntés à d’autres, les Safdie Bros. peinent à nous embarquer à bord de leur bolide tonitruant, traçant sa route sur un rythme étrange entre le trop et le pas assez. Et alors qu’ils se ratent sur la forme en affichant de grosses lacunes côté maîtrise, le tandem loupe le coche également sur le fond, peinant à faire exploser leur propos politisé sur les défavorisés qui s’agitent pour survivre dans l’ombre d’une ville en constant mouvement. Soutenu par une bande son rétro-électro aussi furieuse et criarde que le film lui-même, Good Time essaie en permanence d’être plus qu’un simple délire conceptuel, mais il souffre de trop de défauts pour que sa pseudo-maîtrise prenne le dessus sur ses carences.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux