Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Elephant Song
Père : Charles Binamé
Date de naissance : 2014
Majorité : 03 août 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : Canada
Taille : 1h50 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Bruce Greenwood, Xavier Dolan, Catherine Keener, Carrie-Anne Moss, Colm Feore…
Signes particuliers : Xavier Dolan est aussi un formidable comédien.
LE JEU DE LA VÉRITÉ
LA CRITIQUE DE LA CHANSON DE L’ÉLÉPHANT
Résumé : À la veille de Noël, la disparition soudaine du docteur Lawrence provoque une onde de choc dans l’institution psychiatrique où il exerce. Le directeur, le docteur Green, veut éviter que la nouvelle devienne publique, car l’hôpital a été récemment au centre d’un scandale. Il entreprend alors de questionner Michael, un jeune homme en traitement qui est le dernier à avoir vu le médecin. Malgré l’avertissement de l’infirmière en chef qui connaît mieux que quiconque le patient, celui-ci entraîne Green dans un jeu psychologique qui le trouble profondément.
Adaptation d’une pièce de théâtre de Nicolas Billon, qui en aura signé lui-même l’adaptation avant que le cinéaste québécois Charles Binamé la mette en images, La Chanson de l’Eléphant est sorti au pays il y a déjà deux ans. La hype grandissante autour de Xavier Dolan, qui y tient l’un des rôles principaux, permet aujourd’hui au long-métrage de pouvoir bénéficier d’une distribution tardive hors de ses frontières. Et c’est tant mieux. Car s’il est aujourd’hui essentiellement reconnu comme un jeune cinéaste surdoué empilant les récompenses (méritées), on en oublie souvent que Xavier Dolan est aussi un comédien au talent monstre, capable de vampiriser l’écran par son charisme. Il l’a eu prouvé en endossant les exigeants premiers rôles de certaines de ses propres réalisations, dans J’ai Tué ma Mère, Les Amours Imaginaires ou encore Tom à la Ferme. Dans La Chanson de l’Eléphant, le jeune Dolan (« comme le doliprane » aime t-il à rappeler) capte une nouvelle fois l’attention, aidé par un rôle fascinant de richesse et de nuances.
Drame quasi en huis-clos articulé autour d’un échange tortueux entre un patient et un psychiatre sur fond de disparition mystérieuse à élucider, La Chanson de l’Eléphant est un dédale psychologique passionnant, construit comme une pièce de théâtre, son brillant matériau d’origine, et dont la transposition au cinéma est à ranger parmi ces films qui exigent une attention de chaque instant, car le moindre détail en apparence anodin, pourra s’avérer d’une importance capitale par la suite. Face au toujours impeccable mais sous-employé Bruce Greenwood, Xavier Dolan y campe un personnage dont les meilleures histoires raffolent. Une personnalité à double tranchant, entre gueule angélique touchante et visage plus sombre, au machiavélisme joueur inquiétant. Comment savoir quand ce magnifique manipulateur ment ou dit la vérité ? C’est tout l’enjeu qui tient en haleine dans cet affrontement entre deux intelligences qui déploient leur verve dans un bal de faux-semblants souvent jouissif.Sorte de croisement (toutes proportions gardées) entre Usuel Suspect et Vol au-dessus d’un Nid de Coucou, pour le duel psychologique orchestré et la fine critique des institutions psychiatriques des années 60 qui lui est associée, La Chanson de l’Eléphant aurait pu s’élever encore plus haut, si Binamé avait mieux su manier l’élaboration de ses enjeux et ressorts dramatiques, le suspens général pâtissant un peu de la volonté de maîtrise du suspens de l’instant. Le film se montre ainsi à la fois aiguisé dans sa progression minutée, un peu moins probant dans sa démonstration d’ensemble. Mais quoiqu’il en soit, et malgré quelques maladresses à la gêne plus ou moins grande (le potentiel émotionnel ne trouve pas la pleine expression qu’il aurait pu embrasser), La Chanson de l’Eléphant est un petit film qui réussit un tour à la fois anecdotique et ingénieux, effrayant, drôle ou émouvant. Et s’il est clairement l’attraction numéro un du film, Xavier Dolan n’est toutefois pas le seul à briller dans l’affaire. La Chanson de l’Eléphant peut aussi compter sur l’habileté de Charles Binamé, cinéaste qui s’efface derrière son histoire et les personnages qui l’animent, mais qui s’applique, au-delà de son parti pris d’une illustration assez classique, à ne pas trop s’enfermer dans un statisme notoire. A défaut d’être brillant et en dépit d’un manque de caractère, La Chanson de l’Eléphant est une modeste réussite à la constance et consistance suffisantes, pour tenir la route.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux