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WARM BODIES : RENAISSANCE (critique)

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note 7.5
Carte d’identité :
Nom : Warm Bodies
Père : Jonathan Levine
Livret de famille : Nicholas Hoult (R), Teresa Palmer (Julia), John Malkovich (Général Grigio), Analeigh Tipton (Nora), Rob Corddry (M), Dave Franco (Perry)…
Date de naissance : 2013 / Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h37 – 35 millions $

Signes particuliers (+) : Une petite merveille de douceur, à la fois sympathique film de zombies, conte terriblement romantique et comédie délicieusement drôle. Et en sous-texte, un petit discours social glissé sans que le film ne se prenne pour autant au sérieux. Levine nous cueille avec délicatesse et réinvente le genre et se posant de bonnes questions.

Signes particuliers (-) : x

 

QUAND L’AMOUR REDONNE GOÛT À LA VIE

Résumé : Lors d’une attaque contre des vivants pour se mourir, un zombie tombe sous le charme de la belle Julie…

WARM BODIES

Qu’est-ce qu’il se passe dans la tête d’un zombie ? La question pourrait être légitime après tout. Depuis des décennies, on nous matraque de cadavres ambulants au regard vitreux mais au fond, qu’est-ce qu’il peut bien y avoir derrière ces yeux vides injectés et ces grognements patibulaires ? C’est la question que s’est posé Jonathan Levine. Après avoir renouvelé le slasher malgré ses codes établis et son carcan narrativement étriqué avec son magistral All the Boys Love Mandy Lane, le cinéaste s’attaque maintenant au film de zombie, animé de la même volonté et passion. Ce geek américain féru de cinéma de genre et bourré de talent, surmonte une fois de plus un obstacle grand comme l’Everest, presque infranchissable excepté pour ceux qui ont malice et génie, créativité et inspiration divine. Son premier film, Tous les garçons aiment Mandy Lane avait vu sa sortie en France prévue, annulée au dernier moment pour connaître une triste exploitation directement en DVD. Qu’importe, ce fut une réussite quand même. Après deux films passés incognito dans nos salles obscures (Wackness et 50/50), Jonathan Levine est de retour avec une romance horrifique zombiesque étonnante, une histoire incroyable où un zombie va de nouveau se sentir « vivant » en tombant amoureux d’une vivante, la belle Julie, dont il croise le chemin lors d’une attaque pour se nourrir. Adaptation d’un roman éponyme à succès de Isaac Marion, Warm Bodies a été très rapidement confié aux bons soins du cinéaste qui en a écrit le script à quatre mains avec l’auteur.

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Roméo et Juliette au pays des zombies ? La Belle et la Bête version mort-vivant ? Ou tout simplement, Frankenstein tombant amoureux ? Levine avoue que son film est un mélange de tout ça, une libre transposition de ces récits dans un univers qui va donner naissance à une première, une folle histoire d’amour extraordinaire pour un film qui parle aussi bien de fin du monde sur fond de virus ravageur que de passion soulevant des montagnes et défiant les lois de la nature (ou plutôt de la « contre-nature », n’oublions pas quand même que l’on parle de zombies). Mais attention, Warm Bodies n’est pas Twilight et Jonathan Levine n’est pas un quelconque tâcheron faisant dans la mièvrerie pour adolescente en mal de passion débilitante. Avec tout ce qu’il faut de respect aux genres concernés, Levine et Marion réussissent un savant mariage subtilement dosé qui prend avec magie sur la toile. Pas très gore mais suffisamment zombiesque, très romantique mais jamais idiot ou trahissant son univers, Warm Bodies est un petit film exaltant qui réchauffe le cœur en cette année 2013 jusqu’ici, il faut bien le dire, assez morose. Un doux vent printanier avant l’heure, alors que la France est frappée par un froid qui commence à être pénible, qui vient nous chatouiller les mollets et nous enveloppé par sa tendresse et sa poésie. La marque de fabrique du metteur en scène décidément, lui qui nous avait conquis à la base avec son Mandy Lane, magnifique déjà de poésie alors qu’il y était question de meurtres estudiantins bien graphiques.

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La force de Warm Bodies est incontestablement son originalité dans un genre généralement très codifié. Levine et Isaac Marion renverse l’angle traditionnel d’approche du registre, pour se mettre dans la peau des zombies, créatures habituellement reléguées en toile de fond de films se focalisant sur les vivants héros cherchant à se sortir des mailles du filet se resserrant sur eux. Ici, c’est de l’intérieur d’un mort-vivant narrateur que l’on va suivre cette romance attendrissante, aux côtés de « R » (un clin d’œil à Romeo, face à Julia renvoyant à Juliette), dans la tête de R, même. Que pense t-il ? Que ressent-il ? Comment appréhende t-il le monde ? Comment réagit-il face aux évènements et à sa condition ? Comme il a du mal à s’exprimer au-delà de ses grognements, alors Levine nous plonge dans son esprit et nous propose le premier film s’attachant aux pensées d’un zombie ! Et pas n’importe lequel, un zombie amoureux en plus !

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Le cinéaste s’est dégoté deux comédiens magiques pour se glisser dans la peau de ces deux personnages antagonistes. Ou plutôt, c’est le duo qu’ils forment qui est magique, touchant, tendre, beau à en crever et drôle en prime. D’un côté, un britannique, Nicholas Hoult (vu dans X-Men : Le Commencement) et de l’autre, la belle Teresa Palmer (2h37 de Murali Thalluri). Ensemble, ces jeunes acteurs matérialisent la douce mélodie composée par Levine et Marion. Une douce musique chatoyante sur un rapprochement aussi inattendu que féérique, sorte de conte de fée horrifi-comique. Car en plus d’être exquis de douceur et de tendresse, Warm Bodies est drôle et nous gratifie de passages hilarants sur la condition zombie tragique, vue comme une barrière à l’amour de ce couple de hasard. Truffé de clins d’œil malicieux jamais sur-appuyés (le gag sur le Zombie de George Romero est formidable), dialogué avec talent, narré avec charme et n’oubliant pas d’être intelligent avec son discours d’arrière-plan sur la condition sociale et la différence, Warm Bodies est un petit classique du genre, réussissant un mariage contre-nature (entre le film d’horreur et la belle romance) qui résume à lui-seul sa philosophie d’existence, un film où les barrières entre les êtres peuvent se déliter sous le poids de l’amour qui transcende les individus et où chacun doit avoir le droit de dépasser sa condition sociale réductrice pour aspirer à autre chose. Avec entrain et drôlerie, c’est au soulèvement d’une question rarement soulevée dans le genre que l’on assiste : et si les zombies voulaient combattre leur mal pour essayer de redevenir humain ? Et si c’était possible !?

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Décalé, Warm Bodies est un enchantement surprise, un ravissement léger et inconséquent qui nous mène agréablement en barque baignée par le clapotement de son eau gentiment agitée, dans son postulat étonnant et détonnant. Levine ne se prend pas au sérieux, plaisante avec son sujet, nous fait rire, nous touche, nous émeut et nous propose des morts-vivants comme on les aime autour d’un duo irrésistible et séduisant. Que demande le peuple ? Et le film de s’attirer un capital sympathie maximal nous cueillant avec délicatesse. Tout simplement magique…

Bande-annonce :

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