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WALL CINÉ PICTURES n°58 : Rollerball, New-York 1997, Le Cuirassé Potemkine

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Au menu du ciné-club ce samedi, le cultissime Rollerball déboule en 4k, la plus édition jamais pondue du Cuirassé Potemkine et deux films de John Carpenter en Blu-ray.

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ROLLERBALL
De Norman Jewison – (1975)
Genre : SF – USA
Avec : James Caan, John Houseman, Maud Adams…
Disponible en Blu-ray le 05 décembre 2018

Synopsis : En l’an 2018, les cadres dirigeants se sont substitués aux hommes politiques et les États ont été remplacés par six départements mondiaux : Énergie, Luxe, Alimentation, Logement, Communications et Transports. Grâce à cette organisation, tous les hommes jouissent d’un confort matériel inégalé. Mais une société en paix a besoin de purger les pulsions de ses membres. C’est dans ce but qu’a été crée le Rollerball, un sport ultra-violent, à la fois mélange de hockey, de boxe et de football américain…

C’est une première que l’on apprécie grandement ! 43 ans après sa sortie en salles, le mythique Rollerball de Norman Jewison débarque en Blu-ray pour la première fois. On va pouvoir dire adieu au vieux DVD qui trônait dans nos armoires pour faire place à la très belle édition steelbook parue sous la bannière « L’Atelier d’Images ». Et plus qu’une simple sortie dans une qualité HD qui redonne un petit coup de jeunesse au classique avec James Caan, c’est un bel hommage au film qui est rendue avec cette galette collector agrémentée de nombreux bonus, dont certains inédits. Au menu…

Et sinon, c’est quoi Rollerball ? Pour ceux qui ne le sauraient pas ou qui n’auraient en tête que l’épouvantable daube de 2002 signée d’un John McTiernan qui a vu son travail massacré en post-production par ses producteurs, Rollerball c’est un classique culte sorti en 1975 et réalisé par l’illustre Norman Jewison (Dans la Chaleur de la Nuit, L’Affaire Thomas Crown). Bien avant des films comme Battle Royale ou Hunger Games et tiré d’une nouvelle de William Harrison, Rollerball était une dystopie qui exploitait déjà l’idée du sport comme outil de domination des masses. L’univers imaginait un monde futuriste où les États traditionnels ont été remplacés par six départements mondiaux (Energie, Luxe, Alimentation, Logement, Communications et Transports) qui assurent bonheur et confort aux hommes. Mais une société en paix a besoin de purger les pulsions de ses membres et c’est dans ce but qu’a été crée le Rollerball, un sport ultra-violent mélangeant hockey, boxe et football américain. Pour Jewison, qui avait vu dans la nouvelle un bon moyen de poursuivre son travail sur la thématique de l’homme persécuté par la société, Rollerball sera un brûlot socialement terrifiant, dénonçant un monde élaboré pour écraser l’individu en lui faisant croire au bonheur en trafiquant les apparences pour mieux l’asservir et le rendre docile. Superstar de son sport et devenu puissant (trop puissant même) par sa popularité, Jonathan (formidable James Caan) va progressivement réaliser qu’il n’est qu’un jouet au service de ce monde factice. Par sa révolte contre le système établi, il va symboliser l’importance pour les hommes de demeurer vigilant face au dérives menant sournoisement vers le le totalitarisme. Rollerball est donc un grand film politique sombre et amer, mais aussi un épatant divertissement conduit par la mise en scène nerveuse d’un Jewison enragé. A sa sortie en salles, Rollerball s’inscrivait dans un contexte particulier. Avec le scandale du Watergate et la crise pétrolière, le rêve américain venait de prendre cher et la confiance dans les dirigeants était fortement ébranlée. Mais si le film était pertinent pour son époque, il reste toujours aussi moderne dans son propos aujourd’hui. D’ailleurs, détail amusant, Rollerball imaginait un futur à l’époque très lointain…. en 2018 ! Encore une bonne raison pour en reparler cette année.

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LE CUIRASSÉ POTEMKINE
De Sergei Eisenstein – (1926)
Genre : Drame – URSS
Avec : Grigori Aleksandrov, Sergueï Mikhailovich
Disponible en Blu-ray steelbook le 04 décembre 2018

Synopsis : Un épisode de la Révolution russe de 1905 : l’équipage d’un cuirassé, brimé par ses officiers, se mutine et prend le contrôle du navire. Arrivés à Odessa, les marins sympathisent avec les habitants qui se font brutalement réprimer par l’armée tsariste…

C’est probablement l’un des films les plus célèbres de l’histoire du cinéma russe/soviétique, probablement l’un des films les plus célèbres de l’histoire du cinéma muet, et probablement l’un des films les plus célèbres de l’histoire du cinéma tout court. Chef d’œuvre indiscutable (et quasi indiscuté), Le Cuirassé Potemkine est un emblème du cinéma à visée propagandiste mais pas que. Prenant de grandes libertés avec la réalité pour célébrer la Révolution de 1905 et placer le spectateur aux côtés des courageux insurgés contre le régime tsariste, Sergei Eisenstein livre un film-hommage, un manifeste politique louant le combat bolchevique et les idéaux communistes. Mais au-delà de l’aspect propagandiste, c’est surtout la mise en scène très en avance sur son temps, qui fera du film un joyau traversant les époques. Avec son style unique et son sens du montage novateur (le cinéma-poing) jouant avec l’enchaînement intrinsèque des plans pour créer du sens (en gros l’idée que selon la façon dont on agence des plans, le sens d’une scène peut changer du tout au tout), Eisenstein va pousser le cinéma vers une modernité nouvelle, modernité qui inspirera de nombreux réalisateurs pendant des décennies et des décennies. De Palma par exemple lui rendra un vibrant hommage dans Les Incorruptibles (1987) au détour d’une scène culte (la séquence du landau dans la gare). Encore aujourd’hui et malgré son grand âge (1926 quand même), Le Cuirassé Potemkine continue de fasciner pour ce qu’il a apporté au cinéma en tant qu’art. Mais au-delà de son indéniable génie créatif qui a contribué à faire avancer le septième art, on reste toujours ébahi par le pouvoir d’immersion du film. L’écriture au cordeau remarquablement maîtrisé, la mise en scène d’une efficacité hallucinante pour l’époque, ont porté le film pour le faire passer du drame historique commémoratif au rang de drame/thriller bouleversant et surtout captivant. Clairement, Eisenstein a fait progresser le cinéma, et Le Cuirassé Potemkine est une date majeure dans son histoire.

Aujourd’hui, l’heure est à la (re)découverte. Potemkine Films (ça ne pouvait être qu’eux) ressort le célèbre Cuirassé dans une formidable édition steelbook combinant Blu-ray et DVD. Le film, bénéficiant d’une splendide version restaurée, brille de mille feux. Pour être précis, il s’agit du master restauré par la Cinémathèque allemande en 2005 et qui avait été commercialisé en DVD. celui-ci semble avoir été encore un peu retravaillée tant l’image du Blu-ray est sidérante pour un film vieux de 92 ans. Il est accompagné de plusieurs bandes-son (3 au total, dont la bande-annonce originelle et deux plus récentes) ainsi que du documentaire L’Utopie des Images de la Révolution Russe d’Emmanuel Hamon, formidable plongée dans cette période passionnante de la Russie. Mais ce n’est pas tout. Sur les traces du Cuirassé Potemkine (42 min.) regroupe des entretiens avec Naum Kleeman (historien du cinéma), Enno Patalas (responsable de la restauration de 2005), et Helmut Imig (compositeur), et revient sur l’histoire même du film, les problèmes rencontrés, les coupes et modifications dont il a été victime, les nombreux voyages du négatif, les différentes versions, les désaccords sur la restauration… Un film très intéressant, alimenté par des extraits du film, des photos d’archives et de rares images du tournage. Puis, sur 17 min, Naissance d’un cinéma révolutionnaire revient rapidement sur les grandes lignes de la Révolution Russe, sur la carrière d’Eisenstein, et analyse brièvement son art et son style. Derrière, Survivances et antécédents du Cuirassé Potemkine (10 min), il sera question de l’écrivain Evgueni Ivanovitch Zamiatine, qui avait écrit une nouvelle sur l’histoire du cuirassé Potemkine dans le port d’Odessa, à laquelle il avait assisté directement. ce module montre des parallèle entre les écrits de Zamiatine et le film d’Eisenstein. Enfin, pour conclure en beauté, un entretien passionnant avec l’historien du cinéma François Albera, qui analyse la carrière d’Eisenstein avant et après Potemkine, le film lui-même et sa conception (il ne devait pas être centré sur l’épisode du Cuirassé mais sur l’année 1905 mais le temps a manqué) et les différentes versions qu’il a connu. Au final, on tient là, et de loin, l’édition la plus complète et la plus anthologique jamais sortie. Indispensable.

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LE PRINCE DES TÉNÈBRES & NEW-YORK 1997
De John Carpenter – 1981 et 1987
Genre : Horreur et Thriller – USA
Sortie en Blu-ray collector le 05 décembre 2018

Synopsis : À la demande d’un prêtre, un groupe de scientifiques vient étudier un mystérieux cylindre de verre enfermé dans la crypte d’une église de la banlieue de Los Angeles. Au cours de leurs recherches, les scientifiques comprennent qu’ils se trouvent devant un processus irréversible dont le but est l’avènement du Mal…

On en a déjà parlé plusieurs fois dans cette rubrique ces derniers mois mais en 2018, Splendor Films, le distributeur spécialisé dans le cinéma patrimonial, a mis John Carpenter à l’honneur avec une série de ressorties de ses plus grands classiques en salles, dans de belles copies restaurées en 4k. Jack Burton dans les Griffes du Mandarin, Halloween, Le Prince des Ténèbres, Fog, et bientôt New-York 1997 et Invasion Los Angeles, le plaisir est total. Pour emboîter le pas à ses redécouvertes sur grand écran, StudioCanal vient justement d’éditer deux de ces titres, New-York 1997 et Le Prince des Ténèbres, dans deux superbes éditions Blu-ray Steelbook. Pour la première fois, ces deux classiques de Big John vont pouvoir garnir vos étagères de cinéphiles en version restaurée et en Ultra-HD. Outre une qualité d’image splendide pour l’un comme pour l’autre, c’est du côté des suppléments que ces deux copies régalent. Pour Le Prince des Ténèbres, plus d’une heure de bonus vous attend. Une introduction au film par John Carpenter lui-même, des analyses de scène, des interview du maître de l’horreur, un reportage sur les lieux du tournage, des bandes-annonces et spots radio et surtout, la possibilité de voir le film avec les commentaires audio de John Carpenter et de l’acteur Peter Jason. Pour New-York 1997, la galette est encore plus fournie avec près de deux heures de bonus. Des révélations sur le film, une scène d’ouverture coupée au montage, un module sur le personnage culte de Snake Plissken, un focus sur les effets spéciaux, une interview de l’acteur Joe Unger, les commentaires audio de Kurt Russell et John Carpenter mais aussi la productrice Debra Hill, le directeur artistique Joe Alves, le directeur de la photo Dean Cundrey et la comédienne Adrienne Barbeau. Une bien belle édition qui rattrape celle éditée par StudioCanal il y a quelques années et qui brillait par son absence de tout bonus.

 

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Par Nicolas Rieux

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