[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : All the money in the world
Père : Ridley Scott
Date de naissance : 2017
Majorité : 27 décembre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h15 / Poids : NC
Genre : Drame, Thriller
Livret de famille : Mark Wahlberg, Michelle Williams, Christopher Plummer, Charlie Plummer, Romain Duris…
Signes particuliers : A cheval entre le drame et le thriller, le film ne réussit finalement ni dans l’un, ni dans l’autre.
GRANDE HISTOIRE, PETIT RIDLEY SCOTT
LA CRITIQUE DE TOUT L’ARGENT DU MONDE
Résumé : Rome, 1973. Des hommes masqués kidnappent Paul, le petit-fils de J. Paul Getty, un magnat du pétrole connu pour son avarice, mais aussi l’homme le plus riche du monde. Pour le milliardaire, l’enlèvement de son petit-fils préféré n’est pas une raison suffisante pour qu’il se sépare d’une partie de sa fortune. Gail, la mère de Paul, femme forte et dévouée, va tout faire pour obtenir la libération de son fils. Elle s’allie à Fletcher Chace, le mystérieux chef de la sécurité du milliardaire et tous deux se lancent dans une course contre la montre face à des ravisseurs déterminés, instables et brutaux.
Plus l’âge se fait sentir, plus Ridley Scott semble être productif. Le cinéaste cumule les projets, enchaîne les productions, et tourne sans répit, allant de long-métrage en long-métrage. Alors que son Alien Covenant est sorti il y a à peine huit mois, le père Ridley livre déjà son deuxième long-métrage de l’année avec Tout l’argent du monde, un film au carrefour du thriller haletant et du drame familial, basé sur un fait divers tristement célèbre.
1973, Rome. John Paul Getty III, petit-fils du puissant magnat du pétrole et homme d’affaire John Paul Getty, est enlevé par des ravisseurs liés à la mafia calabraise réclamant une forte rançon. Tout l’argent du monde va observer, non sans une pointe d’amertume, le cynisme machiavélique des longs mois qui suivront où, parallèlement à la captivité du jeune adolescent, sa mère devra se battre contre des moulins à vent pour réunir la somme nécessaire. Et dans les moulins en question, il y aura son beau-père, patriarche de marbre opposant un refus catégorique à l’idée de perdre 17 millions de sa considérable fortune. Débarqué en catastrophe à seulement quelques semaines de la sortie du film pour remplacer au pied levé Kevin Spacey, évincé suite au scandale d’harcèlement sexuel post-Weinstein qui le touche, Christopher Plummer aura retourné toutes les scènes de son confrère en un temps record. Il n’aurait pas été anormal de voir le film pâtir de cette bousculade hâtive. Mais contre toute attente, Christopher Plummer est un formidable Getty. On ne saura sans doute jamais ce que valait la performance de Spacey, mais avouons que l’acteur bientôt nonagénaire est exceptionnel, probablement l’un des seuls véritables bons points incontestables du film. Face à lui, Mark Wahlberg et une Michèle Williams d’ores et déjà inscrite parmi les candidates à l’Oscar, complètent une distribution marquée par la présence d’un Romain Duris catastrophique pour sa première apparition dans un gros film hollywoodien.
De la part d’un Ridley Scott qui a pas mal romancé l’histoire pour les besoins de son thriller, on attendait quand même beaucoup plus d’efficacité que le (presque) soporifique spectacle proposé par Tout l’argent du monde. Si dans son versant dramatique, le film s’appuie sur des thématiques très intéressantes et scrute avec une distance respectable, l’évolution de ces personnages, la forme visant l’intensité captivante souffre de longueurs terribles qui handicapent un effort au final laborieux, lequel semble parfois tourner en rond sur lui-même. Thriller ou drame, c’est justement l’autre défaut du long-métrage, ne jamais vraiment trop savoir quelle direction embrasser. A vouloir évoluer à la frontière des deux et les mixer dans un savant mélange, Tout l’argent du monde finit par se mettre en échec sur ses deux facettes. On ne ressent que trop rarement l’urgence du thriller, pas plus que l’on ne parvient à s’imprégner de l’accent tragique de toute cette affaire à l’ironie monstrueuse. D’autant que l’on peine souvent à croire viscéralement à ce que l’on voit à l’image. Probablement parce qu’il évolue dans des sphères qui nous sont insaisissables où les actions et réactions échappent au « commun des mortels », beaucoup de choses sonnent fausses ou paraîtront grotesques. Une fois les lumières rallumées, on n’a qu’une envie : filer vérifier la crédibilité de toute cette histoire, et démêler le vrai du faux. Et l’on s’en rend compte que si le pire est bien réel, les passages les plus improbables (notamment l’épouvantable final) sont bel et bien pure fiction.
BANDE ANNONCE :
Par Nicolas Rieux