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RESOLUTION (critique – drame fantastique)

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Spectateurs

Resolution-2012-movieMondo-mètre :
note 6
Carte d’identité :
Nom : Resolution
Père : Justin Benson et Aaron Moorhead
Livret de famille : Peter Cilella (Michael), Vinny Curran (Chris), Zahn McClarnon (Charles), Bill Oberst Jr. (Byron), Kurt David Anderson (Billy), Emily Montague (Jennifer), Skyler Meacham (Micah)…
Date de naissance : 2011 (inédit) / Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h33 – 1 million $

Signes particuliers (+) : Une série B sans prétention et maligne qui sous ses nombreux défauts, réussit son coup : nous captiver jusqu’au bout par son étrangeté. Beaucoup de finesse, de modestie et de créativité pour entremêler les genres, du drame au fantastique en passant par le thriller voire la comédie. Un OVNI étonnant.

Signes particuliers (-) : Quelques longueurs et un ensemble un peu maladroit comme peut l’être un premier film à petit budget.

 

UNE BONNE RÉSOLUTION : NE JAMAIS ARRÊTER LES PETITS FILMS INCONNUS AU BATAILLON

Résumé : Michael Danube reçoit un email de son ami d’enfance Chris, un junky paumé empêtré dans l’enfer du crack. Il lui donne une carte pour venir le retrouver dans la bicoque qu’il loue. Chris s’y rend avec la ferme intention d’aider une bonne fois pour toute son ami à décrocher…

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L’INTRO :

Resolution est l’exemple même du petit film de genre américain quasi auto-produit avec avec deux bouts de ficelles et trois francs six sous et qui essaie de se faire remarquer en jouant le contrepied avec modestie, passion et sincérité d’exécution. Au lieu de taper vulgairement et avec facilité comme un moulin à vent dans l’horreur graphique bricolée et sensationnaliste en espérant faire jaser, il choisit l’autre voie, celle du film à ambiance faite de rien et de tout à la fois. Rien, par la pauvreté de ce qu’il nécessite pour construire son univers et tout, par l’intelligence de s’appuyer sur des personnages crédibles et étoffés et sur une intrigue simple parant à ses carences évidentes. Jugez par vous-même. Une maison, deux protagonistes. Chris est un drogué au crack de longue date qui court inconscient au drame à force de s’autodétruire. Michael est son ami d’enfance, qui tente une dernière embardée salvatrice extrême pour le sortir de ce gouffre de vie. Il le rejoint dans la bicoque décrépie où il a élu domicile, l’attache avec des menottes et le séquestre en attendant le sevrage espéré. Des moments difficiles les attendent mais qui le seront rendus encore davantage par une présence mystérieuse qui semble les épier en leur distillant des indices tout aussi étranges.

RESOLUTION

L’AVIS :

Dire que l’on ne sait pas où l’on va avec Résolution est un euphémisme tant le film est conduit sur un style étrange. OVNI errant entre le drame, le thriller à mystères, le fantastique et la lisière de l’horreur, Resolution nous embarque dans une virée absconse dont la ligne directrice se dévoile peu a peu. Le film nous rappelle un peu le récent (mais plus ambitieux et maîtrisé) Bellflower en ce qu’il se pare de mystères et d’un style marginal sans trop que l’on sache ce qu’il nous réserve et où il veut en venir, s’appuyant essentiellement sur son atmosphère et son cadre d’évolution pour nous tenir entre ses mailles malicieuses.

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Fruit du travail de deux jeunes metteurs en scène, Justin Benson (dont c’est le premier long) et Aaron Moorhead, son ami venu l’aider (dont c’est le second mais qui a une belle expérience de chef op), Resolution réussit le petit tour de force de fonctionner alors qu’on se demande encore comment ! Étrange, bancal, maladroit, assez bavard, limite redondant, on a cette impression de tourner en rond et malgré tout, on reste. Et cette toute petite série B d’être en train ni vu ni connu, de relever son pari d’étreindre le spectateur à la seule force de son pouvoir de fascination/séduction, aidée par l’interprétation convaincante de ses comédiens. L’étrange/fantastique intervient comme des virgules ponctuant le drame parfois drôle en place, faisant reculer une échéance que l’on a de plus en plus envie de connaître au fur et a mesure que l’affaire avance avant de tomber dans un épilogue halluciné et troublant qui laisse sans voix, partagé entre le questionnement sur quoi en penser et la roublardise efficace de la chose. Et finalement, c’est là que l’on se rend compte que Resolution a réussi son défi. Nous avoir tenu en haleine jusqu’au générique avec pas grand-chose sinon son histoire d’amitié désespérée et émouvante, ses quelques marques mystérieuses figuratives et la malice d’une petite péloche indépendante modeste au final rusé. Et nous cogiter après coup en se disant what the fuck ?! Comme quoi, avec moins d’un million de dollars, quelques idées et un peu de créativité, on peut arriver à pondre un truc pas dégueulasse, plutôt cinégénique et bien foutu, et qui marque plus que certains blockbusters bourrés de pognon et d’effets spéciaux. Alors oui, Resolution est traversé de maladresses et parfois d’excès de zèle, oui, il trahit parfois son manque de moyens et enfin oui, son rythme n’est pas toujours optimisé au mieux, mais il a le mérite d’installer un univers atypique assez ubuesque avec sa galerie de seconds rôles décalés voire surréalistes (l’indien mutique, les deux cas sociaux tarés, le vieil ermite bizarre) et se double d’une jolie métaphore sur les chaînes qui entravent notre vie, sur la volonté ou non de vouloir s’en défaire et sur l’interventionnisme que l’on croit salvateur, comment en témoigne l’intense et poignant échange verbal entre les deux héros sur leur vision du bonheur et de la vie quand le ras-le-bol explose. Un film que l’on apprécie presque davantage après coup. Mineur mais bien vu.

Bande-annonce :

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