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PUSHER 3 : CAR JE SUIS UN ANGE DE LA MORT (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Pusher III
Parents : Nicolas Winding Refn
Livret de famille : Zlatko Buric, Marinela Dekic, Ilyas Agac, Dan Gitte, Dan Dommer, Ramadan Huseini, Levino Jensen…
Date de naissance : 2005
Nationalité : Danemark
Taille/Poids : 1h42 – Budget N.C.

Signes particuliers (+) : Un personnage passionnant, interprété par un grand comédien. Maîtrisé, tendu. L’élément parfait pour donner de la cohésion au projet dans son ensemble.

Signes particuliers (-) : Légèrement inférieur à ses deux autres confrères de trilogie.

 

PERSPECTIVE NUMÉRO 3…

Résumé : Milo est un parrain du milieu de la drogue inscrit aux Drogués Anonymes afin pour but de décrocher personnellement. Préparant l’anniversaire de sa fille unique, il jongle parallèlement entre l’organisation de l’événement et la conduite d’un deal raté où un intermédiaire s’est envolé avec sa marchandise qu’il était censé écouler dans l’heure…

Au cours de l’écriture du second volet motivée par des urgences financières, Nicolas Winding Refn a l’idée d’un troisième chapitre apportant la cohérence qu’il manquait selon lui à son projet. Si le second opus était fait au départ à contrecoeur, le cinéaste danois se rend alors compte que ce coup du sort l’obligeant à revenir à Pusher est finalement une aubaine. Car d’une suite au départ purement mercantile, il a l’occasion de pondre une trilogie d’une cohérence magistrale, un tout parfaitement organisé et pensé. Refn s’imposera alors des règles pour ces deux derniers volets, des règles qui vont faire de la trilogie Pusher un ensemble charnellement emboîté. Avec le recul, les trois règles essentielles de la trilogie expliquent tout le projet et les partis pris. Premièrement, les Pusher ne traiteront pas du milieu du crime mais des gens qui le composent. Deuxièmement, chaque volet va s’attacher à un personnage différent, évitant ainsi l’écueil des suites poussives où l’on doit se creuser la tête pour tirer difficilement des intrigues maladroites relançant les récits. Troisièmement, « Chacun est conscient que celui qui vit par l’épée mourra par l’épée ». Refn vient de résumer sa saga.

Passerelles à l’appui via des personnages secondaires ou quelques dialogues éparpillés, les trois Pusher forment un tout global et définitif sur la peinture d’un milieu. Si le premier abordait le trafic même par le regard d’un dealer de calibre moyen, le second va se pencher sur un niveau inférieur, celui des suiveurs et non des leaders, celui des petits bras obéissant ou accomplissant les basses besognes. Mais le trafic ayant déjà été traité, ce sera sous l’angle humain, sur l’intimité que le second volet se construira. Le troisième opus passera à l’autre extrême, le caïd de plus grande envergure, celui plus haut dans la chaîne alimentaire criminelle, un de ceux qui commande. Et c’est sur un angle cette fois plus radical, plus violent, montrant la difficulté de concilier vie familiale et tractations illégales complexes que Pusher III sera basé. Trois films, trois personnages, trois thèmes et trois styles, le mode du dogme s’effaçant progressivement au profit d’un style plus personnel.
Pusher III est peut-être le moins réussi de la saga, sans pour autant être dénué d’intérêt. Après Frank, le dealer, Tonny, le maladroit suiveur, c’est au tour du caïd serbe Milo de passer au premier plan de la saga. Milo, personnage terrifiant dans les précédents opus, figure charismatique du caïd commandant et impressionnant ses sous-fifres, est ici ramené à échelle d’homme. Père veuf et aimant, vouant sa vie au bonheur de sa fille, il est aussi une sorte de chef respecté, de caïd que l’on n’arnaque pas sous peine de représailles. Frank, dans le premier chapitre, en avait fait les frais. Mais Milo, sous ses airs de personnages autonomes que l’on n’emmerde pas, est aussi un rouage d’une chaîne se grippant facilement. Et Pusher III d’en montrer l’exemple.

Refn conclu en beauté sa trilogie de la criminalité et les gens qui la compose en finalisant sa peinture complète d’un milieu sans jamais avoir cédé aux sirènes du spectaculaire et cliché. Ayant gardé la maîtrise de son projet ayant évolué en cours de route, le cinéaste met un point final dans le sang. Chapitre le plus violent et jusqu’au-boutiste, Pusher III est le volet montrant le mieux ce sentiment d’usure qui vient tirailler des personnages à la vie harassante faite de stress, de négociations âpres, de tractations tendues. On sent la fatigue de Milo, son épuisement, sa façon de désormais traîner les pieds. Et Refn, pour la première fois, de brosser également le portrait d’un homme qui, tout en restant dealer, cherche à décrocher sur un plan personnel. En résultent ces scènes aussi drôles et décalées qu’atypiques, du caïd aux « Drogués Anonymes », cherchant à tout prix à ne plus toucher à la drogue mais y vivant les pieds dedans. Pusher III est peut-être le volet le plus crépusculaire de la saga, comme un film sur le soleil couchant où le cinéaste tourne une page, ferme un chapitre et implique ses personnages à la fin d’une histoire personnelle. Sombre et désespéré comme si la lumière ou la rédemption était déniées aux protagonistes de cette trilogie à la noirceur terrible, Pusher III vient mettre le coup fatal à une saga traumatisante, secouante. Comme pour les précédents volets, la réussite du film repose en grande partie sur la performance du comédien central, cette fois-ci le bourru Zlatko Buric.

Poétique à sa manière, macabre, tendre et parfois même drôle et picaresque, ce troisième opus n’est peut-être pas le meilleur en raison de quelques longueurs ou d’excès. Mais l’ambiance pesante et suffocante est toujours là, la peinture cruellement réaliste aussi et surtout cette profondeur et cette intelligence jouant entre les conflits humains et le triste quotidien d’un milieu impitoyable toujours ramené à échelle humaine, loin des fantasques œuvres baroques des Scorsese, Coppola ou De Palma. Sans avoir la prétention d’être meilleur, Refn fait dans la différence et apporte quelque chose de nouveau au genre. La trilogie Pusher est conclue, elle est cohérente et elle est magistrale.

Bande-annonce :


Pusher 3 – l’Ange de la Mort ( bande annonce… par guiderapide

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