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MAINS ARMÉES (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Mains Armées
Parents : Pierre Jolivet
Livret de famille : Leïla Bekhti (Maya Dervin), Roschdy Zem (Lucas Skali), Marc Lavoine (Julien Bass), Nicolas Bridet (Simon), Nina Meurisse (Juliette), Eric Bougnon (Melik), Adrien Jolivet (Hector), Cyril Gueï (Benji)…
Date de naissance : 2012
Nationalité : France
Taille/Poids : 1h45 – 8,3 millions €

Signes particuliers (+) : Roschdy Zem, toujours impeccable. Regardable.

Signes particuliers (-) : Un script trop rocambolesque pour un film sans relief et cliché. Une interprétation guère convaincante.

 

LES CORDIER, FLIC ET FLIC

Résumé : Un commissaire police expérimenté de la brigade de lutte le trafic d’armes illégal et une jeune fliquette des stups travaillent séparément sur deux affaires qui se rejoignent. L’un est le père de l’autre mais ils ne se connaissent que très peu…

Pierre Jolivet est un cinéaste discret du cinéma français, oeuvrant tranquillement pourtant depuis plus de 25 ans et ayant signé pas moins de quatorze films à ce jour parmi lesquels Ma Petite Entreprise ou Le Frère du Guerrier. Le polar étant une tradition en France et connaissant un regain d’intérêt ces temps-ci, le metteur en scène, qui a déjà touché au genre, s’y recolle entre différentes sections policières opposées à la grande criminalité organisée et récit personnel d’un drame familial, situant son intrigue entre Marseille et Paris, des lieux qui ont pour habitude de défrayer la chronique et où les faits divers source d’inspiration ne manquent pas. Comme dans le cinéma d’Olivier Marchal, c’est un vrai flic qui officie au scénario, Simon Michaël, un fidèle du cinéaste mais surtout un fidèle du genre où il peut faire part de son expérience d’ancien de la PJ et qui a travaillé notamment sur Le Solitaire de Jacques Deray, Les Ripoux, La Totale ou profil Bas pour Claude Zidi ou sur le récent Une Nuit de Philippe Lefebvre mettant en scène un Roschdy Zem que l’on retrouve à nouveau en vedette de ce Main Armées aux côtés de la star montante Leïla Bekhti. Marc Lavoine complète le casting dans un rôle de ripoux auquel il prête son charisme, meilleur acteur qu’il n’est chanteur.

Mains Armées passe derrière une flopée de films du genre qui ont inondé les écrans ces dernières années entre ceux qui se penche plus vers le thriller d’action ou ceux qui décryptent plus les face-à-face tendus police-grands criminels. Le film de Pierre Jolivet tire de la seconde catégorie en plongeant au beau milieu des différentes brigades policières françaises ayant maille à partir avec des organisations criminelles touchant à la drogue ou au trafic d’armes entre deux règlements de compte ou cambriolages spectaculaires. Difficile pour le cinéaste de s’extraire de la mouvance et de donner un ton original à son film en faisant abstraction des œuvres récentes passées. Pour se faire, il va essayer de compléter son récit d’enquêtes tortueuses avec une psychologie s’attachant aux relations délicates entre un père absent et sa fille qu’il n’a jamais vraiment connu. L’idée était bonne, le résultat l’est beaucoup moins.

Jolivet respecte les codes du genre et s’applique dans un film bien documenté et qui se suit sans peine et sans ennui mais l’artificialité de son film a tendance à sentir une certaine forme de cynisme, Mains Armées relevant indirectement du produit formaté pour correspondre aux canons plaisant à un public sevré de ce type de récits par les fictions télévisées depuis plusieurs décennies. La construction de l’intrigue générale à laquelle s’associent les sous-intrigues personnelles, la façon de conduire le récit avec beaucoup de pédagogie suinte le formatage d’un genre que le petit écran a beaucoup repris et usé jusqu’à la moelle. La mécanique est certes bien huilée, bien modelée mais manque d’une identité forte, d’un démarquage propre et se prend trop au sérieux tout en manquant de caractère et d’émotions à rester de trop sur un sentier balisé dont elle ne sort que trop rarement. A la peine pour trouver un rythme fait de temps forts et de temps plus posés, Mains Armées a des qualités mais pêche par excès de fainéantise mêlant maladroitement le drame filial et l’enquête complexe alors que tout respire le factice et l’impuissance d’apporter souffle et romanesque à un film qui se veut précis mais qui ne peut éviter l’écueil de tomber dans des clichés de narration qui ne fonctionnent pas plus que sa superposition du drame et du polar.

Mains Armées essaie de se situer dans un entredeux entre l’efficacité de certains polars racés et la psychologie posée proposée par d’autres en conjuguant l’intime et l’action, la tendresse et la nervosité à fleur de peau. Mais, ni les tragédies humaines ni les moments de bravoure haletants ne parviennent à faire frémir dans ce policier dramatique sans relief et en demi-teinte sauvé par un excellent Roschdy Zem compensant la piètre prestation de la belle Leïla Bekhti et par un très bon Marc Lavoine à contre-emploi. La mécanique périlleuse recherchée par Jolivet donne malheureusement un résultat un peu stérile qui n’a pas la puissance de certains de ces prédécesseurs récents. Sans être déplaisant, il n’en est en tout cas pas vraiment convaincant non plus.

Bande-annonce :


MAINS ARMÉES : BANDE-ANNONCE Full HD Avec… par baryla

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