Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Le Dernier Loup
Pères : Jean-Jacques Annaud
Date de naissance : 2014
Majorité : 25 juin 2015
Type : Sortie DVD/Blu-ray
(Éditeur : TF1 Vidéo)
Nationalité : France, Chine
Taille : 1h55 / Poids : 38 M$
Genre : Aventure, Drame
Livret de famille : Feng Shaofeng (Chen Zhen), Shawn Dou (Yang Ke), Ankhnyam Ragchaa (Gasma), Yin Zhusheng (Bao Shunghi), Basen Zhabu (Bilig), Baoyingexige (Batu)…
Signes particuliers : Jean-Jacques Annaud fait ce qu’il sait faire de mieux : une fresque épique, spectaculaire et d’une grande ampleur émotionnelle. Le film est enfin disponible en DVD, Blu-ray et même Blu-ray 3D pour mieux s’immerger dans ce spectacle fabuleux.
LE GRAND RETOUR DE JEAN-JACQUES ANNAUD
LA CRITIQUE
Résumé : 1969. Chen Zhen, un jeune étudiant originaire de Pékin, est envoyé en Mongolie-Intérieure afin d’éduquer une tribu de bergers nomades. Mais c’est véritablement Chen qui a beaucoup à apprendre – sur la vie dans cette contrée infinie, hostile et vertigineuse, sur la notion de communauté, de liberté et de responsabilité, et sur la créature la plus crainte et vénérée des steppes – le loup. Séduit par le lien complexe et quasi mystique entre ces créatures sacrées et les bergers, il capture un louveteau afin de l’apprivoiser. Mais la relation naissante entre l’homme et l’animal – ainsi que le mode de vie traditionnel de la tribu, et l’avenir de la terre elle-même – est menacée lorsqu’un représentant régional de l’autorité centrale décide par tous les moyens d’éliminer les loups de cette région.L’INTRO :
Jean-Jacques Annaud revient à la fresque d’aventure « animalière », 27 ans après L’Ours et 11 ans après Deux Frères, avec une grosse coproduction à 40 M$, doublée d’un réel défi à tous les points de vue. Un film sino-français, tourné dans les steppes de Mongolie, en mandarin et en mongol, dans d’immenses décors naturels reculés, avec de nombreux comédiens ne parlant pas la même langue, avec une nuée d’animaux réels et non recrées numériquement (209 chevaux, un millier de moutons et 25 loups, gérés par 50 dresseurs), le tout en 3D (procédé que le cinéaste n’a jamais affectionné), avec le spectre de la censure chinoise associée à l’image d’un Annaud qui jusque-là n’était pas en odeur de sainteté dans l’Empire du Milieu (pour cause de Sept ans au Tibet). Avec également, une préparation de plusieurs années nécessaire pour élever les loups qui se retrouveront au centre des caméras, avec une lourde équipe de 480 techniciens chinois peu formés, avec au départ du matériel archaïque et de très mauvaise qualité. Bref, sans doute en terme de grandeur, de risque et d’infrastructure, le film le plus colossal jamais dirigé par le cinéaste, pourtant habitué aux œuvres de très grande ampleur, d’autant que Le Dernier Loup est adapté de l’un des plus grands best-seller jamais paru en Chine (Le Totem des Loups – 2004), roman le plus lu après Le Petit Livre Rouge de Mao.L’AVIS :
Un peu décevant depuis plusieurs films (Deux Frères, Sa Majesté Minor et Or Noir), Jean-Jacques Annaud avait bien besoin d’un grand long-métrage redorant son blason et rappelant le cinéaste qu’il a été, avec La Guerre du Feu, L’Ours, L’Amant ou Sept ans au Tibet. A cheval entre la fresque humaniste et écologiste, Le Dernier Loup est une œuvre impressionnante réinstallant le père du Nom de la Rose sur le trône qu’il occupait jadis, lui qui appartient au cercle très fermé des grands metteurs en scène français capables de transposter le spectateur par des superproductions lyriques et puissantes. Ambitieux et vertigineux, Le Dernier Loup est une fenêtre ouverte sur un horizon lointain, sur un ailleurs fabuleux. Une splendeur visuelle magistrale répondant à un véritable pari cinématographique extraordinaire. Malgré quelques imperfections, dans le rythme ou au détour de petites fausses notes visuelles tellement rares dans l’océan de beauté de l’ensemble, qu’elles surprennent d’autant plus, Le Dernier Loup permet à Jean-Jacques Annaud de renouer avec ses belles fresques d’antan, lui le grand amateur de tournages en extérieur magnifiant la beauté du monde. Avec ce nouveau film, le cinéaste nous emporte loin, très loin, au milieu des immenses plaines et montagnes de la steppe mongole, à la rencontre d’un peuple, de ses coutumes, de son histoire, de ses traditions et de son esprit. A la rencontre d’une petite tribu nomade typique, que le cinéaste recrée avec une magie ethnographique sensationnelle d’authenticité enchanteresse. Il nous entraîne également à la rencontre de l’un des animaux sauvages parmi les plus fascinants de notre belle planète, le loup. Un animal mystérieux, insaisissable, craint, vénéré, au centre des mythes, contes et légendes, au centre de l’imaginaire collectif et de la représentation que l’on peut se faire de la nature animale effrayante et magnétique.Parfaitement fondu dans la pure tradition du grand cinéma chinois tout en profitant du savoir-faire du metteur en scène français, Le Dernier Loup est une épopée historique à la fois exaltante, captivante et émouvante, tantôt drôle, tantôt cruelle, et symbolisant le passage d’une Chine d’antan vers une Chine moderne. De son aveu, Annaud aura bénéficié d’une étonnante liberté de manœuvre pour signer un film-spectacle qui a pourtant des choses à défendre, dessinant le portrait d’un vaste pays dont la beauté aura été gangrenée par une modernisation mal gérée dans l’esprit et dans les faits, les traditions ayant dues succomber à un désir tragique d’évolution irrespectueux. Multipliant les séquences d’anthologie (la fameuse attaque nocturne des chevaux fera date) et fort d’un scénario admirable de richesse intérieure, Le Dernier Loup est de ces films qui visent le cœur, aussi captivant qu’il n’est déchirant ou à se damner de beauté grandiose, alors que le spectateur se retrouve au centre d’un conflit opposant l’homme et la nature, ses partisans et ses fossoyeurs. Toute la subtilité du script réside dans sa capacité à nous attacher aussi bien aux humains amoureux de cette nature sublime, qu’aux loups qui les terrifient, dans un film d’aventure aux deux visages, aux deux groupes de héros éclairant lumineusement ce drame écologique enivrant. De ses personnages attachants à ses loups filmés avec grâce et puissance iconique, Le Dernier Loup est un choc formel et narratif, résonnant avec le choc à l’écran vécu par ses protagonistes, deux étudiants pékinois instruits, envoyés dans les campagnes par le gouvernement de Mao dans le cadre de la révolution culturelle, pour partager leur savoir avec les autochtones. Comme nous dans nos fauteuils, ils voyageront et découvriront un autre monde. Et quel monde… Magnifique !
LE BLU-RAY & LES SUPPLÉMENTS
Parfois le mot « splendeur » n’est pas usurpé et c’est le cas de l’édition Blu-ray du Dernier Loup proposée par TF1 Vidéo. Spectacle fabuleux au cinéma, le nouveau film de Jean-Jacques Annaud trouve un sacré répondant avec sa galette numérique à tomber parterre de beauté et de netteté. Des couleurs au travail formel en général, cette fresque épique profite au maximum des capacités du Blu-ray pour déployer toute sa magie à travers un Master HD qui frôle la perfection. Un Blu-ray auquel est associé une grande quantité de suppléments illustrant le travail titanesque doublé d’un défi impressionnant, qu’a pu représenter le tournage. Des suppléments qui reviennent sur la genèse du projet, sur le choix des comédiens, sur les décors et bien entendu, sur les loups, les vrais stars du film. Deux modules leurs sont consacrés. Un premier sur leur entraînement étalé sur plusieurs années et un second sur leur comportement sur le tournage (2 min. chacun). On aurait juste aimé des modules un peu plus longs car il y avait certainement matière à dire. Enfin, l’un des grands moments du film (la scène de l’attaque dans le blizzard) bénéficie d’un traitement tout particulier avec un descriptif comparant le storyboard et la scène finie, le tout commenté par J.J. Annaud. Une galerie photos et les affiches chinoises du film (il s’agit d’une coproduction franco-chinoise pour rappel) complètent des bonus auxquels il manquerait juste un gros making of revenant plus en détail sur ce tournage très particulier.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux