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L’ANNÉE PROCHAINE de Vania Leturq : la critique du film [Sortie Cinéma]

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l'année prochainenote 5 -10
Nom : L’année prochaine
Père : Vania Leturq
Date de naissance : 2014
Majorité : 24 juin 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : France, Belgique
Taille : 1h45 / Poids : 1,2 M€
Genre : Drame

Livret de famille : Constance Rousseau (Clotilde), Jenna Thiam (Aude), Julien Boisselier (Sébastien), Kévin Azaïs (Stéphane), Frédéric Pierrot (Bertrand)…

Signes particuliers : Deux adolescentes qui se croyaient inséparables avant que le fil de la vie ne s’en mêle. On a tous des raisons de se reconnaître quelque part dans le film de Vania Leturq.

TOI ET MOI, C’EST POUR LA VIE (OU PRESQUE)

LA CRITIQUE

Résumé : Clotilde et Aude ont 18 ans et sont meilleures amies depuis toujours. Leur relation est forte et fusionnelle comme peuvent l’être les amitiés adolescentes. Elle doivent décider ce qu’elles feront l’année prochaine, après le bac. Clotilde choisit de quitter leur petit village pour aller faire ses études à Paris et entraine Aude avec elle. Mais les deux amies vivront différemment leur nouvelle vie …522000.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxL’INTRO :

L’amitié fusionnelle entre deux adolescentes au lycée, sa force et ses ravages, ce qu’elle implique émotionnellement et ce qu’elle provoque dans une dynamique personnelle et générale passée, présente et future… Sur le papier, L’Année Prochaine, premier long-métrage de la cinéaste belge Vania Leturq, semblait se rapprocher du récent et bouleversant Respire de Mélanie Laurent. Mais finalement, comparer les deux œuvres serait une ineptie tant les deux films utilisent et développent leur sujet commun selon des axes et des thématiques très différents, avec en bout de course, la volonté de raconter autre chose. Avec l’appui de ses deux jeunes comédiennes, Jenna Thiam et Constance Rousseau, Vania Leturq souhaitait aborder ce moment clé de la construction personnelle, comme une sorte de relation amoureuse infaillible, à un âge où tout est possible, où les sentiments sont exacerbés par la violence l’avancée et de l’évolution dans le monde. Un âge fragile, passage transitoire entre deux étapes de la vie, où les bonheurs et les déceptions prennent immédiatement une ampleur démesurée. Un âge de l’instantanéité où l’amitié devient un refuge protecteur occultant les perspectives futures. On se sent proches, on sent inséparables, on se sent connectés, et les ressemblances qui rapprochent repoussent provisoirement les dissemblances qui éloignent. Provisoirement, car la vie et l’avenir se chargeront bien vite et tristement de rétablir des réalités.

Aude pensiveL’AVIS :

L’Année Prochaine parle de l’usure du temps sur les l’amitiés de jeunesse, qui ne résistent pas toujours a cette âge de transition où les rêves d’adolescent viennent se fracasser contre la réalité du monde adulte se présentant en face comme une montage insurmontable. Cette époque de la vie où l’on s’attache à un ou des amis, où l’on veut tout faire ensemble, où l’on se force aveuglément à croire à l’éternité du mot « ensemble », non sans l’espoir illusoire qu’on veut tous la même chose, illusion de l’esprit pour préserver ce que l’on avait encore à un temps de l’insouciance encore proche, et que l’on ne veut pas perdre en se confrontant au triste monde « des grands ». L’érosion du socle de l’amitié frappé par les vagues briseuses d’espoirs naïfs, fait alors ressortir les différences d’aspirations que l’on s’acharnait à ne pas voir. Elle fait ressortir les divergences des chemins que chacun emprunte lorsque l’on prend conscience de la fin d’une époque, lorsque le passage obligé de l’égoïsme écorne ces relations puissamment fraternelles. On change, on aspire à des choses, on évolue, et les multiples carrefours de vie qui se présentent, de séparer les chemins communs en autant de destinées personnelles. A moitié initiatique et à moitié crépusculaire, L’Année Prochaine est un drame très mélancolique mais pas gratuitement. Vania Leturq met en évidence avec une cruelle justesse universelle, un pan clé de la vie que l’on a sans doute tous très bien connu, parlant au passage d’amour, d’amitié, de construction personnelle, de transition et de passage vers l’âge adulte. Des thématiques mainte et mainte fois rebattues au cinéma. Et c’est là que le bât blesse.

l-annee-prochaine-film-image-6Les idées sont là, les intentions aussi, la justesse des moments et du regard également. L’ennui, c’est que la cinéaste ne propose rien de bien neuf avec cette chronique à cheval entre la fin d’une ère de vie et le début d’une nouvelle. La cinéaste a surtout du mal à trouver un angle nouveau, à proposer quelque-chose de différent qui soutiendrait adroitement son effort. Malgré des efforts louables pour dénicher sincérité et justesse, L’Année Prochaine manque de solidité pour soutenir sa vision et reste trop en surface des choses, sans jamais s’élever pour embrasser une force qui lui donnerait du coffre, du corps et une âme. Mais si l’on pourra pardonne à la réalisatrice cette demi-maîtrise et ses maladresses de premier film, le vrai point faible qui domine cette chronique, c’est surtout la très mauvaise interprétation chorale des jeunes comédiennes qui l’animent et auxquelles l’on est censé s’attacher. Jenna Thiam en premier lieu (Tout est Pardonné de Mia Hansen-Love) qui transpire le malaise d’un jeu à contre-courant du naturel, et même Jenna Thiam, que l’on avait connu autrement plus porteuse d’espoirs dans Vie Sauvage ou La Crème de la Crème. Au final, reste un drame touchant non sans authenticité, dommage qu’elle ne soit pas plus au service d’une vision plus radicale et moins naïve.

LA BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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