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LA SECRÉTAIRE de Steven Shainberg –
Critique – Sortie DVD/Blu-ray

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note 7-10
Carte d’identité :
Nom : Secretary
Père : Steven Shainberg
Date de naissance : 2002
Majorité : 11 février 2015
Type : Sortie DVD, Blu-ray
Nationalité : USA
Taille : 1h44
Poids : Budget NC
Genre : Comédie dramatique

Livret de famille : James Spader (Edward Grey), Maggie Gyllenhaal (Lee Holloway), Jeremy Davies (Peter), Patrick Bauchau (Dr. Twardon), Stephen McHattie (Burt), Oz Perkins (Jonathan)…

Signes particuliers : A l’heure où un certain Mr Grey s’apprête à envahir les salles obscures, un autre pointe le bout de son nez en Blu-ray, celui de La Secrétaire, à redécouvrir sans modération !

50 NUANCES DE (EDWARD) GREY

LA CRITIQUE

Résumé : Lee Holloway n’a pas vraiment tous les atouts de son côté lorsqu’elle vient solliciter un emploi de secrétaire auprès de l’avocat E. Edward Grey. Premièrement, il n’y a que très peu de temps qu’elle a quitté l’hôpital psychiatrique où elle avait été internée. Deuxièmement, après seulement une journée passée au sein d’une famille étriquée et étouffante, elle a de nouveau succombé à son penchant pour l’auto-mutilation. Bien qu’elle n’ait jamais tenu d’emploi de toute son existence, Lee est tout de même embauchée par Mr Grey. Au début, son travail est banal. Mais bientôt, entre taper à la machine, faire le café et classer les dossiers, une étrange relation se noue entre Lee et Mr Grey. Cette liaison est découverte par la famille de Lee et par Peter, son épisodique petit ami…La-Secretaire_3919_4ea64a9aa34d4b4a4f000611_1320380369 L’INTRO :

A la base nouvelle de Mary Gaitskill, La Secrétaire fut adapté une première fois par le cinéaste Steven Shainberg (rien de bien notable auparavant) sous la forme d’un court-métrage, qu’il développera ensuite en long, pour le cinéma. Au vu du sujet difficile et pour le moins délicat et original, Shainberg a du batailler pour que son film voit le jour, bien des financiers lui ayant claqué la porte au nez lorsqu’il débarquait avec son projet de film d’amour doublé d’une relation sadomasochiste jamais condamnée, mais au contraire acceptée, voire revendiquée. Au terme d’une bataille acharnée, le cinéaste a trouvé un sentier, celui du cinéma indépendant. Restait à dénicher le bon casting pour mettre en images son histoire audacieuse aux thématiques « déviantes ». Et il ne pouvait pas rêver mieux. Première recrue, Maggie Gyllenhall, monstre de sexualité et d’attractivité, qui dégage naturellement sans jouer, une ambivalence physique allant de la fragilité émouvante au sex-appeal le plus érotique qui soit. Un choix idéal pour personnifier Lee Holloway, personnage complexe, psychologiquement instable, mais devant trouver au fil des minutes, une assurance et une confiance à fleur de peau, expressive tout en étant précaire. Pour lui répondre, Shainberg enrôlera le trop rare mais ô combien brillant, James Spader. Après son éclosion avec Sexe, Mensonges et Vidéo et la période des succès, Wolf, Stargate ou Crash de Cronenberg, la carrière du comédien a pris une tournure étrange, s’enlisant lentement entre séries B en direct-to-video ou petits rôles télévisuels. Et puis viendra Shainberg. En lui offrant le rôle de l’étrange Mr. Grey, avocat brillant mais particulier, le cinéaste ne sait pas encore qu’il va lui ouvrir la plus belle des portes de sa carrière puisque c’est très probablement cette prestation remarquée qui poussera le génial David E. Kelley, créateur de la série Ally Mc Beal, à lui offrir le premier rôle de son nouveau show Boston Legal, spin off de la série The Practice, où le comédien crevait la lucarne aux côtés de William Shatner. Spader + Gyllenhall, casting trois étoiles pour film… magistral.secretary-2002-01-gL’AVIS :

La comédie indépendante américaine est en forme, on ne cesse de le dire et d’en avoir des exemples chaque année. Mais autant dire d’emblée que La Secrétaire est peut-être l’une des œuvres les plus originales qu’elle nous ait offert au cours des années 2000. Comédie grinçante jouant d’un cynisme délectable, La Secrétaire est une sorte de romance acerbe et piquante tordant le coup aux conventions, évacuant les bons sentiments dégoulinants et les clichés mièvres pour les remplacer par des sentiments plus trash, plus pervers voire malsain, et par une histoire aux antipodes des stéréotypes classiques. Ici, point de jeune femme rêveuse et de beau mâle romanesque, point de doux moments attendrissants ou d’esprit fleur bleu… Lee Holloway n’est pas une pimpante jeune fille, bien dans ses baskets et sautillant à la recherche de l’amour idyllique. Lee est fragile, psychologiquement sur un fil aussi mince que sa stabilité mentale et émotionnelle. Mr. Grey n’est pas un gentilhomme rassurant, beau, sexy et courtois, dents blanches et sourire ravageur. Singulier, il va se révéler plutôt sadique, pervers, dominateur. Si avec de telles bases le film aurait pu prétendre à une tournure dramatique, il va pourtant bel et bien partir sur le ton de la comédie. Un choix audacieux, à l’image des thématiques déployées. Tour à tour drôle, impertinent, touchant, provocateur, cynique, trash et jouissif, le romantisme façon Shainberg est différent, cruel, passionnant, rafraîchissant et salvateur.la-secrecc81taireFilm d’amour, film sur le plaisir coupable, film sur la perversité, le masochisme et le sadisme, récit d’apprentissage initiatique, voire métaphore sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte et sur la découverte de la vie et ses plaisirs et peines, La Secrétaire est une oeuvre plus dense qu’elle n’en a l’air, et se fend au passage, d’une peinture irrésistible sous forme de caricature exagérée et assumée, des relations employeurs-employés, abordées par le vecteur dominant-dominé. Jubilatoire, tant de drôlerie que d’étonnement face à ce jeu dont les proportions grandissent de façon démesurée parallèlement à l’acceptation et au plaisir que les personnages y trouvent, La Secrétaire est érotique, sulfureux, mais surtout bien loin des productions classiques, ou même moins classiques d’ailleurs. Film presque ovni et déjanté, il laboure un nouveau sentier dans lequel il s’engouffre pour notre plus grand plaisir… vicieux !la-secretaire_436185_38172

LE TEST BLU-RAY

Profitant du contexte propice avec la sortie de 50 Nuances de Grey (deux Mr Grey pour le prix d’un), Metropolitan Vidéo ressort de ses placards un film qui restait jusqu’à aujourd’hui inédit en Blu-ray. De La Secrétaire, on n’avait à disposition qu’un DVD édité en 2004. Une réédition donc motivée par des considérations opportunistes ? Pas du tout ! Non seulement La Secrétaire est un petit bijou qui méritait amplement son passage au Blu-ray, mais par ailleurs, cette nouvelle édition enterre visuellement le DVD précédent et son image baveuse. Logique, en même temps. S’appuyant sur une copie impeccable, fidèle aux couleurs chaudes et au piqué naturel de l’oeuvre de Shainberg, qu’il restitue à merveille dans un réel effort conscient de la nécessité de conserver l’esthétisme d’un film singulier porté par son atmosphère, ce Blu-ray offre une nouvelle jeunesse à un film qui finalement, n’a pas pris une ride. Côté son, du DTS-HD Master Audio 5.1 sur la version française et du DTS-HD Master Audio 7.1 sur la version originale. Une raison supplémentaire, outre celle artistique, de privilégier la VO.

Un coup d’oeil aux bonus… On retrouvera grosso modo les mêmes suppléments que ceux déjà présents sur le DVD de 2004 à savoir, les commentaires audio du réalisateur et de sa scénariste Erin Cressida Wilson, des interviews du duo James Spader & Maggie Gyllenhaal, et un module baptisé « Autour du Film » où Shainberg et ses comédiens évoquant sommairement le film, son propos et les thématiques qu’il aborde. S’ajoute à cela la bande-annonce du film, ainsi qu’une autre petite section « bandes-annonces » donnant quelques idées de films à regarder/acheter. Fur, deuxième réalisation de Steven Shainberg avec Nicole Kidman, Donnie Darko dans lequel jouait Maggie Gyllenhaal, ainsi que Yes de Sally Potter et Caresses sous un kimono, deux films connus pour leur ton « sulfureux ».

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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