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IL DIVO (critique – biopic / drame politique)

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note 6.5
Carte d’identité :
Nom : Il Divo
Père : Paolo Sorrentino
Livret de famille : Toni Servillo (Giulio Andreotti), Anna Bonaiuto (Livia), Giulio Bosetti (Eugenio), Flavio Bucci (Franco), Carlo Buccirosso (Paolo), Giorgio Colangeli (Salvio), Alberto Cracco (Don Mario), Piera Degli Esposti (Mme Enea)…
Date de naissance : 2008 / Nationalité : Italie
Taille/Poids : 1h58 – 6,7 millions €

Signes particuliers (+) : Un biopic politique qui casse un peu les codes traditionnels en revêtissant un ton plus rock et dynamique pour brosser un portrait fascinant d’une grande figure de la politique italienne, filmé avec virtuosité…

Signes particuliers (-) : Complexe, le film demande un minimum d’effort de la part du spectateur.

 

POLITIQUE ET ROCK’N’ROLL

Résumé : Le portrait à rebours de Giulio Andreotti, Président du Conseil italien puissant, briguant son septième mandat…

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Les biopic ont toujours tendance à lorgner vers un classicisme chiant et à plus forte raison si elle se lance dans un croisement avec la politique. Paolo Sorrentino, qui a juste ce qu’il faut d’âge pour avoir une certaine maturité cinématographique sans pour autant être un vieux croulant au style antique, fait un pied de nez au genre avec son Il Divo découvert et primé sur la croisette d’où le réal Italie repartira fort d’un statut de nouveau chouchou du festival cannois.

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Il Divo, c’est tout le contraire d’un pesant et pompeux film d’auteur plongeant dans les arcanes de la politique italienne avec prétention et maniérisme. Sorrentino pond un pur film rock n’ roll sur un sujet qui ne l’est pourtant à priori pas du tout, d’autant qu’au gré de flashback, le cinéaste retrace la vie d’un homme politique installé depuis plusieurs décennies aboutissant à une sorte du coup de film d’époque (même si elle plutôt récente). Par une caméra toujours en mouvement et virevoltante, évoquant parfois le style de Martin Scorsese, une BO alliant à merveille rock et musique classique et une narration qui sous ses airs d’austère, est en fait plutôt au contraire dynamique et pêchue (grâce notamment à une utilisation, quoique parfois confuse, des allers et retours dans le temps), le cinéaste italien fait de son Il Divo un film passionnant, retraçant la carrière politique de Guilio Andreotti, homme de pouvoir ayant régné sur l’Italie pré-berlusconienne durant plus de vingt ans, tour à tour Président du Conseil ou Ministre puissant. Souvent surnommé « Divo Guilio » en référence à Jules César, Andreotti fut une figure majeure de la politique italienne du XXème. Sorrentino dresse un portrait saisissant, à la fois cruel et démesuré, de cet homme (toujours en vie et sénateur) en l’adjoignant à une réflexion sur le pouvoir en général et à un regard sur l’Italie des dernières décennies.

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Sur le modèle de la grande fresque étalée sur plusieurs décennies, le cinéaste italien s’attache avec brio foisonnant et inspiration, à personnifier l’Italie et la politique italienne du dernier tiers du XXème siècle. Il présente Andreotti comme un homme ne vivant que pour son statut et sa fonction, imperturbable par les crises et remous qui secoue et défraye la chronique italienne. Rien ne le touche, Andreotti avance sereinement, insensible et lucide, consciencieux et alerte sans pourtant le montrer et s’activer inutilement. Il n’en a nulle besoin. Sa tranquillité est sa force. Sauf quand la mafia s’en mêle. Là, les choses se compliquent car l’opposition est de taille pour un homme qui jusque là, n’avait presque personne à sa hauteur.

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Fasciné par cet homme complexe et majeur de l’histoire récente italienne, Sorrentino livre avec amour et passion un film foisonnant, riche en idées où la forme rejoint toujours le fond dans un film d’une grande complexité générale, le rendant d’ailleurs pas toujours facile à suivre. Vertigineux à l’image de l’ambiguïté de l’homme évoqué, Il Divo est la confirmation d’un renouveau rafraîchissant du cinéma italien de retour sur le devant de la scène depuis le choc Romanzo Criminale. Et ce cinéma, on en redemande à plus soif !

Bande-annonce :

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