Mondociné

HELI de Amat Escalante
Critique – en salles (drame)

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Spectateurs

052917.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre
note 5.5
Carte d’identité :
Nom : Heli
Père : Amat Escalante
Livret de famille : Armando Espitia (Heli), Andrea Vergara (Estela), Linda González Hernández (Sabrina), Juan Eduardo Palacios (Beto), Kenny Johntson (commandant US), Reina Julieta Torres (Maribel)…
Date de naissance : 2013
Majorité : 9 avril 2014 (en salles)
Nationalité : Mexique, Allemagne, Hollande, France
Taille : 1h45 / Poids : 1 million $

Signes particuliers (+) : Un portrait radical et sans concession du Mexique contemporain, partagé entre la violence et la peur. Par l’entremise du drame intimiste d’une famille simple, Amat Escalante envoie un message sec et dérangeant, qu’il est difficile d’ignorer.

Signes particuliers (-) : L’absence de finalité autre que le simple constat glacial nous laisse en compagnie d’un film parfois misérabiliste et complaisant envers la violence et aussi un brin ennuyeux.

 

HELI, JE M’APPELLE HELI…

LA CRITIQUE

Résumé : Au Mexique, la famille d’Estela, une jeune fille de 12 ans est prise dans un engrenage de violence lorsque celle-ci tombe amoureuse d’un jeune policier impliqué dans un détournement de drogue.21005970_20130515115146773.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxL’INTRO :

Le réalisateur Amat Escalante poursuit son travail thématisé autour de la peinture de la violence gangrénant la société mexicaine contemporaine. Pour son troisième long-métrage qui l’a vu rejoindre le prestigieux Festival de Cannes duquel il est reparti avec le Prix de la mise en scène, Escalante s’entoure essentiellement de jeunes comédiens tournant pour la première fois et libre un brûlot très difficile à déconseillé aux âmes sensibles pour sa violence frontale. Heli raconte la descente aux enfers de la famille d’Estela, entraînée malgré elle dans la spirale de la violence qui régit le monde des trafiquants de drogue.21005971_20130515115152727.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

L’AVIS :

Film d’auteur politico-social extrêmement dur, tourné en mode presque documentarisé et portant un regard tragique sur le Mexique d’aujourd’hui, Heli ou plutôt son auteur, n’épargne rien au spectateur, notamment au détour de scènes de torture d’une radicalité inouïe à en détourner le regard (on n’est pas prêt d’oublier cette séquence montrant des parties génitales brûlées au briquet en plan-séquence). La démarche très démonstrative d’Amat Escalante participe d’une volonté de traduire les extrêmes d’une réalité de son pays natal, où la peur régie en permanence la vie des petites gens, où la violence la plus frontale est synonyme de quotidien auquel trop de personnes innocentes sont confrontées. Epuré, cruel, grave, dérangeant, Heli est de ces films dont on ne se remet pas complètement. Un drame aux allures de virée en enfer poignante, dont la sobriété générale contraste avec ses envolées insoutenables. On aurait pu presque crier au chef d’œuvre rageur prenant ses responsabilités pour faire du cinéma un médium porte-parole pour non pas provoquer mais déverser sans concession des vérités, avec audace, franchise et implication. C’était sans compter sur une maîtrise narrative aléatoire où Escalante peine à réellement captiver par son récit pessimiste, obligé de nous mettre face à l’horreur pour susciter la réaction à défaut d’embrasser une réelle tension sourde. Heli en devient un brin complaisant, faute de trouver d’autres moyens d’expression. Le misérabilisme, certes de propos mais appuyé, ne fait qu’aggraver le cas de ce film choc qui finalement ne tend vers rien si ce n’est une peinture désespérée sans réflexion. On aura beau dire qu’apporter des réponses n’est pas le métier du cinéaste, que le sien est de faire dans l’œuvre témoignage, reste qu’Heli laisse sur sa faim avec un léger sentiment d’ennui face à, néanmoins, ce qui s’apparente à une œuvre importante et remuante portée par d’excellents jeunes comédiens.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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