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EUROPA REPORT de Sebastian Cordero
Critique – Sortie vidéo (SF)

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21004032_20130507161710721.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre :
note 7
Carte d’identité :
Nom : Europa Report
Père : Sebastian Cordero
Livret de famille : Sharlto Copley (James Corrigan), Christian Camargo (Daniel Luxembourg), Embeth Davidtz (Dr Unger), Michael Nyqvist (Andrei), Daniel Wu (William Xu), Anamaria Marinca (Rosa), Karolina Wydra (Petrovna), Dan Fogler (Dr Sokolov), Isiah Whitlock Jr (Dr Pamuk)…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 24 janvier 2014 (en DVD/Blu-ray)
Nationalité : USA
Taille : 1h30
Poids : 8 millions €

Signes particuliers (+) : Lorgnant du côté de District 9 en mode thriller spatial et intégrant quantité de références bien digérées, une excellente petite série B qui compense son évident manque de moyens par beaucoup d’inventivité et de malice, pour atteindre un résultat viscéral fort et immersif. Ce voyage scientifique est un petit bijou inattendu à l’efficacité sans faille.

Signes particuliers (-) : Cordero n’a pas la finesse rhétorique et l’intelligence de la pépite de Neill Blomkamp à laquelle il peut-être facilement comparé, mais rien de nature à éventer le film.

 

JUSQUE DANS LA CUISSE DE JUPITER…

Résumé : Une équipe internationale de six astronautes est envoyée en mission vers la quatrième lune de Jupiter…

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L’INTRO :

Est-ce que ni vu ni connu, 2013 ne serait pas en train de s’imposer comme une bien bonne année pour la SF ? En tout cas, sûr et certain, une année prolifique, marquée certes par des échecs, mais aussi par plusieurs succès, ce qui est assez rare pour le genre sur une seule et même année. Alors oui, il a fallu subir quelques atrocités comme After Earth, Riddick, Star Trek 2, Les Ames Vagabondes ou La Stratégie Ender (et on n’évoque même pas Atlantic Rim) mais à côté de ça, Elysium se défendait, Pacific Rim était un bon joujou très con mais bien fun, Oblivion avait de la gueule, Upside Down s’efforçait de poser un univers intéressant, Snowpiercer élevait le genre à quelque-chose de plus substantiel dans le fond et enfin Gravity est pour l’instant la claque de la décennie en matière de SF. Oui, mine de rien, 2013 a de l’allure dans le genre.

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Et alors que l’année est déjà bien pourvue, un petit équatorien méconnu déboule pour ajouter le petit truc en plus qui viendra parfaire la déco du gâteau. Pour son cinquième long-métrage, le premier aux Etats-Unis, Sebastian Cordero (Investigations avec Leguizamo en 2004 ou le primé Rabia en 2009) accouche de Europa Report, un minuscule budget de 8 millions qu’il transforme en thriller spatial intense et souvent plus spectaculaire à son mince niveau, que bien des blockbusters fortunés déversant leurs effets spéciaux sur la tronche d’un spectateur pris pour une endive. Inspiré par des documentaires comme For all mankind, par des archives de la NASA et surtout par le programme européen en préparation prévoyant de lancer en 2022 un robot très évolué vers Jupiter, Cordero imagine une histoire aussi simple qu’efficace. Une expédition spatiale cherchant à dépasser les connaissances scientifiques actuelles en tentant le pari d’envoyer un équipage entier en direction de Jupiter, planète dont l’exploration pourrait révéler bien de secrets encore inconnus de l’homme. Côté casting, le film n’est pas porté par une pléiade de stars, on s’en doute bien, et surtout, affiche une distribution réduite au strict minimum. Six astronautes composent l’équipage internationaliste de la mission Europa dont on suivra le périple, et une tête ressort d’emblée comme la plus connue du public, puisque Sharlto Copley (District 9, Elysium) n’en a visiblement pas terminé avec la science fiction et embarque à bord du vaisseau. Autre visage familier, celui de Christian Camargo, que les fans de Dexter reconnaîtront peut-être pour avoir joué le frère de l’expert médico légal/serial killer. Pour le reste, Michael Nyqvist, le russe de service, est surtout connu pour avoir incarné le premier rôle dans les nordiques Millenium, l’asiatique Daniel Wu a trempé dans pas mal de grosses productions chinoises (La Légende du Scorpion Noir, Tai Chi et sa suite, The Banquet, le ricain L’homme aux poings de fer…). Vaguement aperçue dans Crazy Stupid Love, le model polonais Karolina Wydra joue les bombes de service alors que la roumaine Anamaria Marinca s’était révélé par le premier rôle du cannois 4 Mois, 3 Semaines et 2 Jours de Cristian Mungiu.

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L’AVIS :

Dans les faits, Europa Report est un film réalisé dans un style pas loin du docu-fiction, alternant séquences de film et interviews les décryptant ou les expliquant, rhétorique très proche dans l’esprit de celle du District 9 de Neill Blomkamp notamment, avec lequel il ne partage pas que l’acteur principal du coup. La mise en scène de Sebastian Cordero s’appuie essentiellement sur les caméras installées dans la navette spatiale, sur les combinaisons des astronautes, mais aussi sur les écrans de contrôle, les caméras portées et autres moniteurs. europa-report-540x360Pourtant, attention, qu’on se le dise bien, s’il relève en un sens du registre du found footage, Europa Report s’en éloigne passablement dans sa facture, délaissant le concept de la caméra qui bouge dans tous les sens pour privilégier une mise en scène très « clinique » et « scientifique » expliquant d’ailleurs le « report » du titre (alias « rapport » en français). S’il est moins fin et adroit que la pépite culte de Blomkamp dans la cohérence de sa mise en scène et dans sa narration déstructurée et fragmentée parfois un rien confuse, Europa Report impressionne quand même par ce qu’il est capable de transmettre et d’insuffler avec si peu de choses, réussissant à nous embarquer sans trop de peine dans son univers méthodique et claustrophobique, aimanté par la soif de la découverte et la beauté de la trouvaille aussi insignifiante qu’elle puisse paraître. Clairement, les limites budgétaires du film de Cordero se ressentent fréquemment. Pourtant, elles n’entravent pas la marche du cinéaste qui parvient à composer avec elles pour accoucher d’une modeste série B à l’ambition des plus grandes. Tendu, malin, parfois même suffocant ou angoissant, Europa Report en appelle à des références nobles comme Alien 2, Sunshine, Moon, 2001 L’odyssée de l’espace voire par moments le meilleur visage de Mission to Mars. Exercice très efficace qui peut faire craindre le pire dans son premier quart d’heure sentant le trop « fabriqué » avec ses abondants effets de décrochages de l’image, Europa Report finit par rapidement dérouler un suspens palpitant, parfaitement ménagé avec concision et intensité en laissant derrière lui un petit quelque-chose de fascinant qui résonne avec ce qu’il nous montre. Pas de métaphysique de comptoir ou de prouesses techniques dans ses effets spéciaux, mais seulement un sentiment d’immersion qui fonctionne dans une œuvre jouant la carte du réalisme de ce qu’elle retranscrit. Un film laissant derrière lui plein de mystères, à l’image de l’infini univers dans lequel il prend place et qui lui aussi, garde encore jalousement les siens.

Europa Report (2013) Sharlto Copley

S’il n’est pas un chef d’œuvre étourdissant de brio à rester dans les annales du genre, Europa Report est une petite péloche roublarde plutôt inventive dans son approche et affichant une excellente tenue pas déméritante. Vivement une sortie cinéma, blu-ray, DVD, VOD, peu importe du moment qu’il est distribué. Si l’on serait quand même tenté de l’annoncer davantage vers le marché du DTV, rien n’est improbable puisqu’il aura finalement rencontré un bon succès dans les différents festivals où il s’est baladé, L’Etrange Festival 2013 chez nous par exemple, et que l’on remercie d’ailleurs de nous l’avoir fait découvrir.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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