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EL REINO de Rodrigo Sorogoyen : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : El Reino
Père : Rodrigo Sorogoyen
Date de naissance : 2018
Majorité : 17 avril 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : Espagnol
Taille : 2h11 / Poids : NC
Genre : Drame, Policier

Livret de famille : Antonio de la Torre, Monica Lopez, Josep María Pou…

Signes particuliers : Un thriller politique palpitant.

UNE DESCENTE AUX ENFER EN APNÉE

LA CRITIQUE DE EL REINO

Synopsis : Manuel López-Vidal est un homme politique influent dans sa région. Alors qu’il doit entrer à la direction nationale de son parti, il se retrouve impliqué dans une affaire de corruption qui menace un de ses amis les plus proches. Pris au piège, il plonge dans un engrenage infernal… 

Aux derniers Goyas (l’équivalent des César en Espagne), El Reino s’est illustré de la meilleur des manières en glanant pas moins de 7 prix dont ceux du Meilleur Scénario et du Meilleur Réalisateur. De quoi attirer immédiatement l’attention sur ce nouveau film du talentueux Rodrigo Sorogoyen, cinéaste qui avait déjà marqué les esprits il y a deux ans avec Que Dios Nos Perdone. Et justement, puisque l’on évoque son précédent polar, Sorogoyen se montre fidèle à ses collaborateurs, confiant à nouveau le rôle principal d’El Reino à Antonio de la Torre, excellent comédien que certains ont pu revoir récemment dans le poignant Companeros.

Encore une fois et affirmant ainsi un style personnel, Sorogoyen flirte à la lisière du thriller, du policier et du film politique. Encore une fois, le réalisateur témoigne surtout de sa capacité à impliquer totalement le spectateur dans les histoires qu’il raconte, généralement des films haletant où le public peut en venir à éprouver la même sensation que les personnages de ses fictions : le sentiment de perdre pied et de basculer au sein d’une cathédrale vertigineuse. Dans El Reino, c’est un politicien qui vacille. Manuel Lopez-Vidal a tout du golden boy promis à un bel avenir. Alors qu’il est en pleine ascension et qu’il s’apprête à intégrer la direction nationale de son parti, un scandale éclate et l’éclabousse. Dans un premier temps car rapidement, il va plonger dans un engrenage sur fond de corruption et d’abus de biens sociaux. Va vite arriver l’heure du choix, couler seul ou nager à contre-courant quitte à éclabousser les autres pour s’en sortir.

Pas facile de naviguer au sein du registre du thriller politique, genre très difficile à appréhender et face auquel il n’est pas aisé de trouver la juste carburation entre l’intéressant et le palpitant. Mais Sorogoyen est doué, très doué même, et le cinéaste en fait une étincelante démonstration en signant un film aussi brillant qu’intelligent et haletant. D’un bout à l’autre, le réalisateur ne lâche jamais son anti-héros et s’applique à créer une connexion entre le spectateur et lui, bien qu’il puisse incarner tout ce que l’on peut détester dans ce milieu de la politique nauséabond et impitoyable. Chaque minute, chaque direction que prend le film est ainsi motivée par le souci de suivre ce Manuel Lopez-Vidal dans tout ce qu’il va entreprendre pour s’en sortir. Et El Reino d’en devenir ainsi totalement imprévisible, rapide, déchaîné. Exigeant aussi. Car Sorogoyen ne ménage personne. Assumant jusqu’au bout son parti pris, il confronte le spectateur à une vitesse d’exécution dictée par son protagoniste, vitesse qui se double de dialogues pointus et frénétiques. Pas simple alors de rentrer dans la « danse » car El Reino prend le risque de vite noyer son public sous une tonne d’informations, d’autant que toujours fidèle à son choix, Sorogoyen ne prend pas le temps de tout répéter ou sur-expliquer. Car son personnage n’a pas le temps de se répéter et n’a pas besoin de sur-explications. Le parti pris était audacieux mais il est finalement l’élément fort et star du film.

Car dans sa frénésie qui épouse l’urgence vécu par ce politicien aux abois, El Reino franchit un tas de check-point à 200 à l’heure, et même si l’on ne comprend pas forcément toutes les subtilités, l’idée générale est là. Le reste ne sera qu’une occasion de voir et revoir ce petit coup de génie qui se veut autant un puissant thriller sous tension qu’un portrait féroce du monde politique d’aujourd’hui peuplé de requins carnassiers. Pour illustrer cette folle aventure à l’immersion ultra-efficace, Sorogoyen affiche toute l’étendue de sa maestria artistique sans jamais faire dans « l’étalage » gratuit. Chaque plan est virtuose, malin, sensé, à l’image de cette entame qui donne le temps partant d’un plan calme sur la plage avant de filer dans le restaurant adjacent via un intense plan-séquence où l’on comprend que l’on va être collé aux basques de ce politicard énergique pendant deux bonnes heures.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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