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DESERT DANCER de Richard Raymond : la critique du film

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desert dancerMondo-mètre
note 2.5 -5
Carte d’identité :
Nom : Desert Dancer
Père : Richard Raymond
Date de naissance : 2015
Majorité : 06 janvier 2016
Type : Sortie cinéma
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h38 / Poids : 4 M$
Genre : Drame

Livret de famille : Reece Ritchie, Freida Pinto, Tom Cullen, Nazanin Boniadi, Akin Gazi, Simon Kassianides…

Signes particuliers : La danse comme acte de résistance dans un pays sous entraves. Un « biopic » touchant.

NON VOUS N’AUREZ PAS… MA LIBERTÉ DE DANSER

LA CRITIQUE

Résumé : L’histoire vraie d’Afshin Ghaffarian, un jeune homme qui a tout risqué pour accomplir son rêve de danseur, dans un Iran où la danse est interdite, et où la jeunesse s’enflamme et exprime son besoin de liberté.desert_dancer_3L’INTRO :

La bouillonnante histoire iranienne d’hier et d’aujourd’hui n’en finit plus de s’afficher sur les écrans de cinéma ces temps-ci, probablement en écho à son occupation incessante du terrain géopolitique actuel, particlièrement dès que l’on évoque les droits de l’homme. Après le remarquable Red Rose de Sepideh Farsi, puis dans tout au autre registre, le magnifique Nous Trois ou Rien de Kheiron, l’an passé, voici venir Desert Dancer, premier long-métrage du cinéaste britannique Richard Raymond. Chacun à leur manière, que ce soit par la romance, la comédie ou le drame, ces trois œuvres avaient des choses à énoncer et à dénoncer, toutes adossées à un puissant message à l’encontre de la privation des libertés et dans le sillage d’une actualité résonnante. L’Iran d’aujourd’hui face à l’Iran d’hier, ou plutôt l’Iran d’aujourd’hui qui, sur bien des points, peine à différer de l’Iran d’hier, dans un mélange de force et de vulnérabilité, d’espoir et de douleur. Avec Desert Dancer, Richard Raymond nous emmène à la rencontre d’Afshin Ghaffarian, danseur iranien qui a souffert des interdits de son pays où la danse est formellement prohibée, et qui n’a jamais pu y exercer son art en paix. Art, liberté et révolte sont les trois leitmotivs cimentant ce « biopic » émouvant, porté par l’acteur anglais Reece Ritchie (aperçu dans Hercule, 10.000 ou Prince of Persia) et par la révélation indienne de Slumdog Millionaire, Freida Pinto.Desert-dancerL’AVIS :

On aurait pu croire Richard Raymond pas des plus légitimes pour évoquer l’histoire et la situation politique iranienne et pourtant. Le cinéaste britannique a su prendre un chemin intéressant pour aller chercher ce qu’il avait de plus universel dans le vécu d’Afshin Ghaffaria, cette passion barrée par les interdits d’une part, mais surtout cette révolte idéologique envers un régime totalitaire, révolte qui a pu s’exprimer par bien d’autres moyens que la seule voie politique. Les mouvements qui avaient agité Téhéran en 2009 suite à la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad (déjà au cœur du Red Rose de Sepideh Farsi) sont de nouveau au centre d’un film explorant cette fois-ci, une autre direction de la parole contestataire : l’art. Ou quand l’art peut se mettre au service d’un acte de rébellion contre des injustices en clamant haut et fort la prédominance des droits humains les plus fondamentaux. La voilà l’universalité de Desert Dancer, portrait touchant duquel émane à la fois beauté et sentiment de révolte passionnel et enflammé.desert-dancer_2A travers son premier effort de long-métrage, Richard Raymond n’a pas cherché à livrer un biopic authentiquement fidèle à l’histoire de son « héros ». Largement romancé au profit d’une intrigue tendant vers un certain souffle romanesque, le cinéaste visait surtout un message, auquel il associe quelques notes de sensationnalisme bienvenues pour lui conférer une certaine poésie didactique et émotionnelle. Desert Dancer ne brille pas par sa finesse ou l’extrême profondeur de sa réflexion, mais le pari fonctionne au-delà de sa facilité générale et de ses facilités narratives, et parvient à nous attacher autant à ses personnages qu’à son illustration de la lutte contre la privation des libertés via tous les moyens d’expression possibles, à commencer par ceux que l’on maîtrise personnellement. Et ici, c’est la danse qui devient un acte de rébellion suprême, sa grâce, sa beauté, sa légèreté suspendant le temps en apesanteur, venant en quelque sorte s’opposer aux ténèbres d’une société établie sur les interdits et la privation du plaisir du merveilleux. Telle une prise de parole par le mouvement, Afshin danse, et en dansant, Afshin vit, se libère, clame, hurle sa volonté de briser ses chaînes, quitte à assumer les conséquences de son expression tout en silence mais affrontant les restrictions.209917.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxBien interprété, artistiquement soigné et pourvu de quelques scènes teintées de magie bouleversante, Desert Dancer ne pourra échapper au statut d’œuvre anecdotique en raison de son manque de puissance ou de brio, mais il saura divertir tout en glissant une réflexion, certes facile, mais illustrée avec efficacité. Après Dirty Dancing, place à Liberty Dancing.


BANDE-ANNONCE :


Par Nicolas Rieux

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