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TROIS FOIS RIEN de Nadège Loiseau : la critique du film

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Nom : Trois fois rien
Mère : Nadège Loiseau
Date de naissance : 2021
Majorité : 16 mars 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h34 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique

Livret de Famille : Philippe RebbotAntoine BertrandCôme Levin

Signes particuliers : Une petite pépite drôle et émouvante. 

Synopsis : Brindille, Casquette et La Flèche vivent comme ils peuvent, au jour le jour, dans le bois de Vincennes. Mais leur situation précaire devrait changer du tout au tout le jour où ils gagnent au Loto. Encore faut-il pouvoir encaisser l’argent, car sans domicile, pas de carte d’identité à jour et sans compte bancaire, pas de paiement !

 

UN TRIO DE « FORTUNE »

NOTRE AVIS SUR TROIS FOIS RIEN

En 2016, Nadège Loiseau perçait au cinéma avec la comédie Le Petit Locataire, adaptation de son précédent court-métrage, dans laquelle Karin Viard incarnait une femme bientôt cinquantenaire surprise de s’apprendre enceinte à 49 ans. Six ans plus tard, la cinéaste signe enfin son second long-métrage, une nouvelle comédie baptisée Trois Fois Rien. L’histoire d’un trio de SDF qui gagne au loto. Sauf que pour percevoir leurs gains, ils ont besoin d’un compte en banque. Pour avoir un compte en banque, il leur faut une carte d’identité et un justificatif de domicile. Et pour avoir un domicile, il leur faudrait une carte d’identité et plein d’autres documents qu’ils n’ont pas. L’improbable trio de fortune se retrouve avec un gros chèque dont ils ne savent quoi faire.
Les voies impénétrables d’une société absurde et kafkaïenne, voilà de quoi se nourrit Trois fois rien avec son humour injecté de dérision. Un humour à travers duquel la réalisatrice évoque une réalité dure et concrète, la précarité. Trois fois rien deviendrait-il ainsi une comédie sociale se revendiquant haut et fort comme un « film à message » ? Oui, mais là où le cinéma français essaie trop souvent -et sans succès- de vouloir se donner un genre en faisant de la comédie populaire sans l’assumer au point d’y injecter un discours aussi inefficient qu’artificiel, Nadège Loiseau trouve un bel équilibre qui fonctionne. Son film est à la fois très drôle, très humain, intéressant dans ce qu’il dit d’un point de vue social, mais c’est surtout son humilité et sa sincérité qui le portent vers la réussite (un peu à l’instar du Mine de Rien de Mathias Mlekuz il y a deux ans).
Balancé entre le rire et l’émotion (parce qu’en plus d’être désopilant, il est profondément émouvant), Trois fois rien est un petit ravissement dont la réussite est en bonne partie à mettre au crédit de personnages croqués avec une infinie tendresse. C’était le risque en choisissant des personnes sans-abris comme protagonistes d’une comédie, il ne fallait pas que le film ait l’air de se moquer d’eux. Ce n’est jamais le cas. Trois fois rien est délicat dans son regard, subtil dans son écriture et joyeusement enlevé dans sa mise en scène. En plus d’être incarné par un formidable trio de comédiens, du touchant Antoine Bertrand au drôlissime Côme Levin en passant par le toujours délicieusement lunaire Philippe Rebbot. Très plaisant, le film aurait mérité bien mieux lors de son passage au festival de l’Alpe d’Huez.

 

 

Par Nicolas Rieux

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