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THE CHEF de Philip Barantini : la critique du film

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Nom : Boiling Point
Père : Philip Barantini
Date de naissance : 2021
Majorité : 19 janvier 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h34 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Stephen GrahamVinette RobinsonJason Flemyng

Signes particuliers : Tourné comme un thriller palpitant, une plongée narrée en temps réel et en plan-séquence dans les coulisses animées d’un restaurant londonien. 

CAUCHEMAR EN CUISINE

NOTRE AVIS SUR THE CHEF

Synopsis : « Magic Friday » : le vendredi avant Noël, la soirée la plus fréquentée de l’année. Dans un restaurant gastronomique de Londres, côté cuisine, à quelques minutes du coup de feu, tout le personnel est en ébullition. Mais les problèmes s’accumulent autour du chef étoilé Andy Jones et de sa brigade. S’ajoute à cela la pression constante d’une clientèle toujours plus exigeante qui menace de mener le restaurant à sa perte…

 

Caméra et l’épaule, temps réel et plan-séquence unique, c’est ainsi que Philip Barantini a choisi de raconter et mettre en scène The Chef, une plongée très immersive dans les cuisines d’un petit restaurant huppé de Londres. De la mise en place à la (presque) fin du premier service, le film nous place au cœur du dispositif. L’agitation, les imprévus, les petits couacs, la pression écrasante, les difficultés des uns et des autres, les interactions entre le personnel et/ou les clients, les erreurs, la tension qui monte, The Chef ne loupe rien et suit les différents protagonistes, du chef aux serveurs, avec une caméra qui se balade de recoin en recoin pour au final, saisir à vif le portrait général d’un microcosme. Au fil des minutes, au gré des événements, le film se charge en tension, parfois en émotion(s). Dans tous les cas, le résultat est extraordinaire, aussi passionnant qu’excitant.
The Chef est une sorte de chronique en huis clos scrutant en détail son sujet en utilisant les oripeaux du thriller pour confectionner un drame. S’il n’y avait pas des éléments fonctionnels nourrissant un peu les personnages comme le déroulé des événements, on pourrait parler de plongée quasi documentaire tant Barantini fait preuve d’une extrême précision et minutie dans la manière de retranscrire à l’écran ce qu’il montre. Mais il y a justement ces traces de fiction pour rappeler que tout ceci est une « mise en scène » d’une réalité. Ces traces d’écriture se nichent surtout dans l’incroyable capacité du film à caractériser les très nombreux personnages, parfois juste en une scène ou deux maximum. A leur inventer une histoire, une situation, afin de rappeler qu’il s’agit à la base d’êtres humains. Pourquoi « à la base » ? Car une fois le levé de rideau effectué et le restaurant ouvert, tous s’effacent derrière leur rôle. Ils ne sont plus des personnes mais des fonctions, qu’ils doivent revêtir avec une extrême dévotion. Ils ne sont plus monsieur ou madame untel, ils sont chef, sous-cheffe, commis, serveurs, pâtissière, plongeurs, barman, gérante… Ils sont les maillons d’une organisation excessivement huilée, que le moindre grain de sable peut dérégler. Comme un inspecteur de l’hygiène, un couple prochainement marié, une brochette d’influenceurs, une critique gastronomique, une patronne incompétente, un client raciste…
Mais le véritable exploit reste bien sûr ce plan unique. Pas de petites coupes cachées comme c’eût pu être le cas dans le 1917 de Sam Mendes, La Corde d’Hitchcock et tant d’autres. The Chef a été tourné d’une traite, comme le Victoria de Sebastian Schipper par exemple. Et le postulat artistique n’a rien d’un coup d’esbroufe. Au contraire, ce choix de mise en scène audacieux et sans tricherie confère au film toute sa force narrative, toute sa densité immersive, toute sa justesse du regard. Vif, haletant et virtuose, The Chef prend les codes du thriller pour conter un cauchemar en cuisine tendu. Seul regret, ou plutôt seule limite, le film de Philip Barantini ne raconte finalement rien de plus que son sujet. C’est très solidement et efficacement fait mais The Chef  n’a pas matière à dépasser ce qu’il propose, et encore moins à se transcender.

 

 

Par Nicolas Rieux

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