Nom : Tatami
Parents : Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv
Date de naissance : 04 septembre 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : Géorgie, USA
Taille : 1h45 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de Famille : Arienne Mandi, Zar Amir Ebrahimi, Jaime Ray Newman, Nadine Marshall…
Signes particuliers : L’un des meilleurs films de l’année !
Synopsis : La judoka iranienne Leila et son entraîneuse Maryam se rendent au championnat du monde de judo avec l’intention de ramener la première médaille d’or de l’Iran. Au milieu de la compétition, elles reçoivent un ultimatum de la République islamique ordonnant à Leila de simuler une blessure et de perdre. Sa liberté et celle de sa famille étant en jeu, Leila est confrontée à un choix impossible : feindre une blessure et se plier au régime iranien, comme Maryam l’implore de le faire, ou les défier tous les deux et continuer à se battre pour remporter l’or.
IPPON !
NOTRE AVIS SUR TATAMI
Un drame américano-géorgien filmé en noir et blanc sur les coulisses d’une compétition de judo. Dis comme ça, il fallait dénicher en soi une sacrée motivation pour avoir envie de se diriger vers le sobrement nommé Tatami. Et pourtant, rangez tout préjugé sur les films d’auteurs ou politiques au placard, on tient là l’un des plus grands films de l’année ! Prois, juré, craché (et merde, le clavier…).
Brillant. Tout simplement brillant. Corealisé par Guy Nattiv (le film Skin avec Jamie Bell sur les néo-nazis) et l’actrice Zar Amir Ebrahami (la star du polar Les Nuits de Mashhad), Tatami est un petit chef-d’œuvre dont l’intelligence s’infiltre partout, sur le fond comme sur la forme. Resserrant son action sur une seule et unique journée, le film navigue entre le tatami où se jouent les haletants combats de judo et les couloirs des lieux où se jouent des tractations politiques sourdes au regard de la situation sous tension extrême. Et tout cela de s’articuler avec une virtuosité sidérante, la forme follement palpitante répondant au propos d’une immense sagacité et vice versa.
Prenant, bouleversant, révoltant, Tatami est un coup de maître, un film important dans le contexte actuel, qui a l’intelligence d’allier son discours à un récit d’une extrême efficacité. On ne parlera pas décemment de « spectacle » mais l’une des principales forces du film est de parvenir à tenir de main de maître un propos majeur articulé à une histoire intense et palpitante qui s’agite sous double tension (celle du tatami et celle des coulisses). Et pour couronner le tout, ou sublimer cette association d’intelligence, Guy Nattiv et Zar Amir Ebrahami déploient une mise en scène dont la virtuosité n’a d’égale que le génie. On n’y compte plus les scènes impressionnantes propulsées par une réalisation prodigieuse, millimétrée, inspirée dans le regard, les cadrages, le montage nerveux, la gestion du son, des jeux de lumières avec ce magnifique noir et blanc aux contrastes puissants. De même qu’on n’y compte plus les instants de grâce ou les mécanismes narratifs ingénieusement pensés.
Incarné avec rage et conviction par une bouleversante Arienne Mandi dont la performance sidérante n’est pas étrangère à la réussite du film (tout comme celle époumonée de Zar Amir Ebrahami qui incarne son entraîneuse), Tatami n’est pas qu’un coup de coeur personnel, c’est indéniablement un très grand film au courage XXL, qui a l’intelligence d’éviter tous les clichés et toutes les facilités d’écriture, pour foncer droit et avec une force tranchante en direction de ses objectifs. La résistance individuelle face à l’autoritarisme oppressant est l’un des enjeux majeurs de ce long-métrage combattif pourvoyeur d’un message de paix et d’appel au courage contre les privations de liberté. Passionnant sur la fond, somptueux et tendu comme un grand thriller sur la forme, Tatami expédie le spectateur au tapis d’un O-soto-gari létal. Quelle claque !
Par Nicolas Rieux