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REFLET DANS UN DIAMANT MORT de Hélène Cattet et Bruno Forzani : la critique du film

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Nom : Reflet dans un diamant mort
Parents : Hélène Cattet, Bruno Forzani
Date de naissance : 25 juin 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h27 / Poids : NC
Genre : Thriller

Livret de Famille : Fabio TestiYannick RenierKoen De Bouw, Maria de Medeiros…

Signes particuliers : Un nouveau choc esthétique du duo Cattet/Forzani.

Synopsis : Suite à la disparition soudaine de sa voisine de chambre, un ancien agent secret, reclus dans un palace de la Côte d’Azur, s’imagine que ses ennemis jurés refont surface. Surtout la redoutable Serpentik, qu’il n’a jamais réussi à démasquer. Oscillant entre présent et passé, il remonte le film de sa vie, au risque de découvrir qu’il n’y tenait pas forcément le meilleur rôle. Et que les diamants sont loin d’être éternels…

UN DEDALE CINEMATO-ESTHETIQUE 

NOTRE AVIS SUR REFLET DANS UN DIAMANT MORT

Le duo Hélène Cattet et Bruno Forzani n’est pas du genre très prolifique et c’est peut-être pas plus mal afin qu’il n’épuise pas trop vite le registre singulier dans lequel leurs œuvres évoluent (contrairement au sur-productif Dupieux). Fascinés par le genre, le cinéma bis, la pop culture, l’underground, le cinéma d’exploitation des années 60-80, Cattet et Forzani ont jusqu’ici rendu de vibrants hommage au(x) genre(s) avec leurs vintage Amer et L’Etrange Couleur des Larmes de ton Corps (pour le giallo) ou Laissez Bronzer les Cadavres (pour le polar à consonance westernien). Huit ans après leur troisième et dernier film en date, le tandem s’intéresse cette fois aux vieilles séries B d’espionnage comme Danger Diabolik et tous les ersatz du plus renommé James Bond.

Un vieil espion à la retraite vivant dans un hôtel de la Côte d’Azur voit ses souvenirs remonter à la surface quand sa voisine de chambre disparaît, et s’imagine que ses anciens ennemis sont de retour.
Les connaisseurs (et amateurs) du cinéma d’Hélène Cattet et Bruno Forzani ne seront pas dépaysés face à ce quatrième long métrage du tandem, qui sert de nouveau tous les ingrédients qui font le sel de leur travail depuis des années. Derrière son superbe titre poétiquement macabre (inspiré de John Huston et d’un livre consacré aux mondo movies – Reflet dans un œil d’or et Reflet dans un œil mort), Reflet dans un diamant mort déploie à nouveau une esthétique radicale, quasi expérimentale, où chaque plan est une image artistique fascinante. Une esthétique au service d’une histoire dédaleuse dans laquelle on se perd, on se retrouve, on se re-perd puis on se re-retrouve. Multipliant les allers-retours dans le temps et les réécritures de l’histoire au gré des souvenirs changeant, Reflet dans un diamant mort est un trip hypnotique qui confirme toute la virtuosité et toute la marginalité fascinante du cinéma de Cattet et Forzani. Comme pour leurs œuvres passées, beaucoup resteront aux portes, condamnés à regarder le train partir sans eux. Mais ceux qui auront eu le privilège d’embarquer dans ce grand huit vertigineux, tout ne sera que folie, jeu de pistes, créativité et splendeur formelle. Fétichisme, violence, sensualité, cinéma, déconstruction du mythe du héros et suspens se télescopent dans une œuvre exigeante et assez sidérante dont l’argument majeur se situe dans sa créativité. Reflet dans un diamant mort est un film de matières, un film intensément entreprenant qui joue avec le montage, les couleurs, les reflets, les angles morts, les sons, un film qui conjugue les codes de l’espionnage, du giallo, de la BD, du vintage et de l’art contemporain. Tout cela pour proposer une expérience visuelle et sensorielle.

L’ennui, c’est que sur la durée, le ludique finit par perdre de sa puissance et tirer la langue au moment de terminer la course. On se lasse un peu de ce dispositif narratif dédaleux revisitant inlassablement les mêmes Momentum d’une vie en réajustant regard et point de vue pour surprendre et déconstruire. Il est difficile d’en extraire un quelconque questionnement sur quoique ce soit, et le film prend le risque de passer pour un pur objet formel sans consistance. En réalité, dans le sillage du fabuleux Fabio Testi (grande figure du cinéma d’exploitation de l’âge d’or italien), une certaine forme d’émotion mélancolique se dégage de ce qui pourrait être une réflexion nostalgico-tragique sur le cinéma perdu et ses héros d’antan. Un peu comme si Tarantino se laissait aller au cinéma expérimental de genre.

 

Par Nicolas Rieux

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