Carte d’identité :
Nom : Mignonnes
Père : Maimouna Doucouré
Date de naissance : 2019
Majorité : 19 août 2020
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Fathia Youssouf, Medina El Aidi, Esther Gohourous…
Signes particuliers : Intéressant par à-coups, ennuyeux souvent.
PORTRAITS DE PRÉADOS
NOTRE AVIS SUR MIGNONNES
Synopsis : Amy, 11 ans, rencontre un groupe de danseuses appelé : « Les Mignonnes ». Fascinée, elle s’initie à une danse sensuelle, dans l’espoir d’intégrer leur bande et de fuir un bouleversement familial…
Pour son premier long-métrage après le succès de son court Maman(s) qui avait glané plus de 60 prix lors de son grand tour des festivals du monde entier avec un César en guise de point final à l’aventure, la réalisatrice Maimouna Doucouré a répondu aux attentes placées en elle. On la voyait incarner la nouvelle scène cinématographique française de demain, elle a frappé fort avec Mignonnes, récompensé d’un prix de la mise en scène à Sundance puis primé à la Berlinale. Les deux célèbres manifestations ont sans aucun doute voulu souligner l’effort de la cinéaste qui, avec ce récit préadolescent, a adapté sa mise en scène à son sujet, se mettant à hauteur d’enfant pour mieux tisser un lien entre le spectateur et sa jeune protagoniste, et permettre une identification. Avec Mignonnes, l’objectif avoué de Doucouré était « qu’ils puissent se mettre dans la peau d’une petite fille de onze ans le temps de la projection […] sentir sa respiration, son pouls, son cœur qui bat« .
Mignonnes, c’est l’histoire de Amy, une gamine de 11 ans issue d’une famille africaine assez traditionaliste. Quand elle rencontre un groupe de jeunes danseuses de son collège, elle est fascinée et va tout faire pour intégrer la bande, y voyant comme une échappatoire à son quotidien difficile pour une enfant de son âge en quête de liberté et de normalité.
Il faut bien reconnaître à Maimouna Doucouré d’avoir réussi son pari de nous mettre, l’espace d’une 1h30, dans les chaussures de sa jeune héroïne. Sa mise en scène en parfaite adéquation avec son sujet et ses intentions, fonctionne exactement comme elle a été pensée, créant ce lien indéniable et puissant que la cinéaste espérait imposer au regard. Pour nous adultes, Mignonnes est l’occasion d’être propulsé dans la peau de ces gamines d’aujourd’hui, pour le meilleur et pour le pire. Elles sont tour à tour insupportables, touchantes, dures, fragiles, drôles ou hystériques, et Mignonnes essaie de ne jamais juger leurs actions, d’être toujours dans l’explication et la compréhension. Pourquoi sont-elles si impitoyables entre elles ? Pourquoi ressentent-elles absolument ce besoin d’appartenir à quelque-chose ? Pourquoi cette folie de vouloir grandir plus vite que la musique au point de se retrouver à se déhancher sur des danses provocantes à seulement 11 ans ? Sans faire dans l’analyse psychologique de comptoir, Mignonnes essaie de dresser un portrait compréhensif et critique. Mais attention, pour Maimouna Doucouré, il ne s’agit pas de critiquer ces gamines aux attitudes plus qu’agaçantes, il est plutôt question de s’interroger sur une société qui a engendré ces ressentis s’exprimant avec une certaine violence psychologique, morale voire physique. Tout cela sans tomber dans la facilité en pointant du doigt un laxisme parental ou en cédant à la bondieuserie moralisante en peignant une société moderne pervertie.
Porté par d’excellentes jeunes comédiennes (impressionnante Fathia Youssouf dénichée en toute fin d’un casting sauvage), Mignonnes est ce que l’on pourrait appeler un film « chargé ». Autour de son portrait de préadolescentes modernes, Maimouna Doucouré évoque en premier lieu l’hypersexualisation des adolescentes et la recherche de soi à travers les autres, mais aussi la condition des femmes dans certaines cultures traditionalistes ou les dangers et dérives d’une société matérialiste adapte de la superficialité de l’image et des apparences. Récit d’apprentissage observant les dérives et excès d’aujourd’hui, Mignonnes interroge sur la fine frontière qui sépare liberté et éducation, et la manière dont on gère ce cap si particulier et difficile où l’enfant d’hier tourne vers l’adolescent de demain.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux